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La Chine rappelle son ancrage communiste : le luxe chute en bourse

By Herve Dewintre

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Credit photo: Kering

Le parti communiste chinois est-il toujours communiste? Au début de l’été, le monde entier a eu un premier début de réponse de la part de Xi Jinping. En effet, à l’occasion de la célébration des 100 ans du parti, le président de la République populaire de Chine (RPC), fièrement vêtu du costume révolutionnaire chinois (le fameux « costume Mao ») déclarait sans ambiguïté devant 70 000 personnes rassemblés sur la place Tian’anmen : « Seul le socialisme a pu sauver la Chine. Seul le socialisme aux caractéristiques chinoises a pu développer la Chine ». Sur son pupitre se détachaient ostensiblement un marteau et une faucille.

Ce qui ressemble à un recadrage idéologique ne surprend pas les spécialistes de l’éternelle équation chinoise. Trois ans auparavant, Xi Jinping affirmait déjà avec force, à l’occasion de la célébration du 200e anniversaire de la naissance de Karl Marx : « C’est le devoir sacré de tous les communistes chinois de constamment développer le marxisme. » Une affirmation conforme à l’histoire et à la destinée de ce pays sans mesure, immense d’un poids de vue géographique, démesuré du point de vue des climats, divers du point de vue des habitants : 56 nationalités officiellement dénombrées et autant de dialectes. Un quart de l’humanité posé sur un quinzième des terres cultivables dans le monde. On comprend bien que, dans cette équation, la première tâche d’un dirigeant chinois sera pour longtemps encore, non pas de maintenir artificiellement le concept de liberté cher aux démocraties occidentales, mais de nourrir sa population tout en imposant la vie commune par un gouvernement autoritaire.

Ce rappel à l’ordre, qui atteste que la Chine vit et vivra longtemps encore avec la foi en un communisme idéal, secoue régulièrement les marchés, toujours étonnés de la contradiction entre l’idéologie du parti et la réalité économique d’un pays ouvert depuis les années 80 à la libéralisation. C’est encore le cas aujourd’hui. Il faut dire que mardi dernier, lors d’une réunion du comité central des Affaires financières et économiques du Parti communiste, le dirigeant chinois a ordonné que des dispositions soient prises pour « ajuster les revenus excessifs » et à « encourager les groupes et les entreprises à hauts revenus à rendre davantage à la société ».

Le consommateur chinois représente un tiers des ventes mondiales des valeurs européennes du luxe

Cet avertissement a été pris au sérieux, à juste titre car il va surement donner le ton pour les mois à venir. Le marché se souvient en effet qu’à chaque congrès du PCC, les incitations à renforcer la pureté idéologique du Parti (dans le but bien compris de galvaniser au passage la légitimité du pouvoir) ont précédé des recadrages mettant à mal les valeurs du luxe. Ce fut le cas en 2017 pour les exportations horlogères haut de gamme. Cette fois encore, ce retour annoncé aux « racines rouges » a provoqué, jeudi après-midi, une chute des cours très marquées pour les titans du luxe, entrainant l’indice du CAC 40 à la baisse. LVMH a chuté de 6,38 pour cent, Kering s’est enfoncé de 9,47 pour cent, Hermès a baissé de 4,69 pour cent. Depuis le début de la semaine, les pertes de LVMH s'élèvent à plus de 13 pour cent, celles de Kering à plus de 17 pour cent et celles de Hermès à 9 pour cent.

Le consommateur chinois représente, selon la banque d’investissement J.P. Morgan, un tiers des ventes mondiales des valeurs européennes du luxe. Cela devrait continuer à être le cas, et même davantage encore, étant donné l’appétence du consommateur chinois pour les produits de luxe. Les coups de sang du Parti ont toujours été temporaire et le secteur privé a toujours réussi à faire plier le gouvernement. Reste à savoir si les nouvelles réglementations (celles à venir et celles déjà mises en place à grand coup d’interventionnisme dans le secteur de la tech) de la part de Pékin, destinées une fois encore à renforcer la légitimité et le pouvoir du parti communiste, seront un feu de paille ou l’amorce d’une longue période de fermeture.

(Louis Vuitton) Credit: FashionUnited
Hermès
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