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La seconde main, une industrie à plusieurs milliards d'euros

By Julia Garel

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Braderie Emmaus, en septembre 2023, à Poitiers. Credits: JEAN-FRANCOIS FORT /Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Rares sont les études sur l’impact socio-économique de l’industrie des vêtements de seconde main. Pour pallier ce manque, Oxford Economics et l’organisation Humana People to People and Sympany+ ont livré début octobre un rapport unique sur le sujet. Leur conclusion : non seulement l'industrie des vêtements de seconde contribue à protéger l’environnement, mais elle s’impose également comme un pilier essentiel dans la construction d'une économie solide et durable.

L'étude intitulée The socio-economic impact of second-hand clothes in Africa and the EU27+ rapporte qu’en 2023, l’industrie des vêtements de seconde main a contribué à hauteur de 3,0 milliards d'euros au produit intérieur brut (PIB) de la région de l’UE27+. Cette contribution est répartie entre les bénéfices (700 millions d'euros) et la rémunération des salariés (2,3 milliards d'euros). En outre, le secteur de la vente au détail représente 62 % de cette valeur ajoutée brute, suivi des entreprises de tri et de collecte, qui y contribuent chacune à hauteur de 19 %.

Mais au-delà de ses opérations directes de collecte, de tri et de vente au détail, l’étude nous apprend que le secteur des vêtements d’occasion « stimule également une activité économique considérable par le biais de ses dépenses dans la chaîne d’approvisionnement (effet indirect) et des dépenses de consommation induites par les salaires des salariés (effet induit) ». Ainsi, en 2023, le secteur a contribué au PIB de l’UE27+ à hauteur de 7,0 milliards d’euros.

110 000 emplois créés

Par ailleurs, l’emploi est un point fort du secteur, avec 40 000 postes soutenus par le biais des canaux d’impact indirects et induits. Il a ainsi stimulé 150 000 emplois au total (impact direct, indirect et induit), dans l’UE27+ en 2023.

Dans le détail, on retient que 110 000 emplois ont été créés par l'industrie des vêtements de seconde main l’an dernier dans l’UE27+. Une grande partie de ces postes (environ 67 000) est fournie par les magasins de détail, tandis que les installations de tri emploient 35 000 personnes et les activités de collecte représentent 11 000 emplois.

Autre point important, l’étude révèle que dans les pays de l'UE, le revenu brut moyen des employés de l'industrie des vêtements de seconde main était, en moyenne, supérieur d'environ 12 % au salaire minimum national.

En outre, l'industrie a généré d'importantes opportunités d'emploi dans les régions moins développées économiquement de l'UE27+, notamment en Bulgarie, en Roumanie et en Pologne.

Les déchets générés par la seconde main : plusieurs solutions

L’étude s’attaque également au sujet des déchets issus des exportations, souvent pointé du doigt en raison de l'impact néfaste sur l'environnement. Les auteurs indiquent que bien que seulement environ 4 % des importations de vêtements de seconde main peuvent être considérées comme un déchet (se référant à une étude de Circle Economy datée de 2023), ce chiffre reste important compte tenu du volume élevé des importations (en 2023, l’UE27+ a exporté 2,2 millions de tonnes de vêtements de seconde main, pour une valeur de 2,2 milliards de dollars). Le problème réside dans le fait qu’une part importante des pays qui reçoivent ces volumes ne sont généralement pas équipés pour traiter les déchets qui en résultent et ceci engendre des impacts négatifs sur l’environnement.

La solution à ce problème est double. Premièrement, elle réside dans l'établissement de politiques mises en place par les décideurs des pays du Nord (principalement exportateurs) visant à appliquer des programmes de REP (Responsabilité Elargie du Producteur) pour les textiles. Plus précisément, l’étude encourage à rendre les producteurs de vêtements neufs financièrement responsables de la gestion de la fin de vie de leurs produits et à ne pas imposer de redevances de REP pour les vêtements de seconde main. Ainsi, la collecte et le tri des vêtements d'occasion pourraient devenir financièrement viables.

Deuxièmement, la gestion des déchets tient à des lignes directrices claires qui permettent de les différencier des vêtements de seconde main. Cela permettra ainsi d’empêcher l'exportation de déchets textiles vers les pays du Sud.

Malgré la problématique des déchets générés (qui n'est pas spécifique à la seconde main), l'étude considère que la mode d'occasion joue un rôle majeur dans la réalisation des objectifs environnementaux de l'Union Européenne. L'étude rappelle ainsi que la seconde main encourage avant tout la réutilisation des textiles, en réduisant les déchets et en préservant les ressources. En collectant les textiles post-consommation, cette industrie empêche par exemple les textiles usagés de finir dans les décharges et contribue donc à la réduction des déchets.

Data
Seconde main