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Lanvin: “les salaires seront payés en décembre, janvier, février…”

By Herve Dewintre

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L’ambiance n’est pas au beau fixe rue du faubourg Saint-Honoré. Chacun guette l’éventualité d’une bonne nouvelle à venir. Un coup de pouce du destin qui prendrait la forme d’un nouvel actionnaire, d’un plan de relance conséquent. Tout s’est dégradé si vite. Il y a trois ans à peine, critiques et acheteurs se pressaient pour admirer les collections d’Alber Elbaz, roi de la mode parisienne : les bénéfices étaient au rendez-vous, le succes et le prestige de la maison – la plus vieille maison de couture française encore en activité - semblaient impérissables. Aujourd’hui, les nouvelles collections peinent à trouver des acheteurs (d’après le figaro, le chiffre d'affaires est tombé à 96,9 millions d'euros cette année, soit une chute de 32,9 pour cent après un plongeon de 23 pour cent en 2016) ; les pertes s’accumulent – on parle d’une perte nette de 18,3 millions en 2016 et de 27 millions en 2017 ; les salariés en viennent même à se demander si leur salaire sera versé cet hiver.

La question que tout le monde se pose est la suivante : comment relancer la société ? Début novembre, l’actuelle propriétaire de la maison, Shaw-Lan Wang, avait annoncé son intention d’injecter du cash dans l’entreprise, sous la forme d’une recapitalisation de la griffe. C’était urgent : le commissaire aux comptes avait en effet alerté le tribunal de Paris sur la situation financière périlleuse de la griffe.

Assemblée générale des actionnaires reportée

Malgré son annonce de novembre, Shaw-Lan Wang n’effectuera par l’injection de capital promise. Selon Reuters qui cite deux sources proches du dossier : "Une assemblée générale des actionnaires était prévue le 23 novembre pour décider d'une augmentation de capital. Elle a été reportée au 29 novembre puis au 20 décembre et n'a finalement pas eu lieu". Officiellement, la maison chercherait d’autres solutions. Elle garantit même, par la voix de son nouveau directeur général délégué Nicolas Druz, que ces solutions seront trouvées d’ici la fin mars ». Seule bonne nouvelle, relativement modeste : « "Les salaires de décembre, janvier et février seront payés » indique le dirigeant. Une affirmation qui ne ressemble guère à une vision à long terme de l’entreprise.

Quelles sont les raisons de ce désastre ? Primo, le départ d’Alber Elbaz qui a été un coup dur. Mais ce n’est pas la première fois qu’une maison de couture doit affronter le départ précipité de son directeur artistique. Ces dernières années, de nombreux exemples – chez Dior notamment - ont prouvé qu’une maison sérieuse peut tenir malgré l’absence d’un créateur vedette à sa tête.

Deuxio: la vision de l’entreprise par son actionnaire. Et c’est là où le bât blesse. Shaw-Lan Wang ne le cache pas et son choix de mettre Olivier Lapidus à la tête du style le confirme : elle souhaite multiplier les licences. Pourquoi pas ? Ce modèle a fait la fortune de Cardin et a rencontré le succès chez de nombreuses griffes américaines ( Tommy Hilfiger par exemple) qui vendent essentiellement en outlets. Avec du temps, de l’argent, ce modèle peut réussir. Mais il ne peut réussir qu’avec un fondateur qui puisse incarner la marque auprès des licenciés. Ce qui n’est pas le cas de Lanvin. Un élément manquant - et pourtant décisif - qui nous fait douter de la pertinence de la stratégie de Madame Shaw-Lan Wang. Et qui augure des lendemains difficiles pour le personnel parisien de la maison de couture.

Credit photo : Lanvin, dr

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