Anti_Fashion Project: un cri d'amour à la mode
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Stéphanie Calvino fait partie de ceux et celles qui ont choisi de prendre le virage de la transparence, d’accompagner le changement de l’industrie avec un projet-extension du Manifeste de Lidewij Edelkoort : rassembler et fédérer un maximum d’acteurs de la mode -et des tendances en général- et de les sensibiliser sur une façon de travailler plus responsable.
La fondatrice d’Anti_Fashion Project commençait son parcours dans la mode en 2007 comme consultante pour La Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode à Marseille (MMMM), avant d’effectuer quelques missions avec la Chambre Syndicale de la Couture et la Fédération Française du Prêt-à-Porter (FFPAP). De quoi obtenir une large vision du secteur et oeuvrer pour une société basée sur un système transversal.
FashionUnited : Anti-Fashion Project. Parlez-nous de ce point de rencontre...
Stéphanie Calvino : Ce projet a vu le jour en juin 2016, suite à la publication du Manifeste de Lidewij Edelkoort en 2015. À cette époque je saturais des discours et de la non-action des différentes fédérations de mode en France. Et le manifeste de Li est sorti. Je ne la connaissais pas... Je l’ai donc contactée par email pour lui proposer de rassembler et fédérer des marques, des industriels, des étudiants, autour des réflexions qu’elle citait dans son manifeste. Elle m’a répondu que mon projet l’intéressait et nous avons foncé.
Anti_fashion c’est un cri d’amour à la mode » L’objectif de ce projet et de ces rencontres, est de fédérer, éveiller, sensibiliser les industriels et les consommateurs à une production plus responsable et une consommation plus réfléchie.
Ce projet ne parle pas que de mode, ici fashion ne veut pas dire mode mais tendances. Dans nos cycles de conférences nous parlons aussi bien de biomimétisme, d’agriculture, d’économie que de mode et design.
Tout ce que nous faisons est un acte politique pour reprendre les termes de Sébastien Kopp, le cofondateur de Veja. Ce que nous faisons a un impact, ce que nous mettons dans notre assiette, le t-shirt que nous portons, le rapport que nous avons avec notre voisin.
Qui peut y participer ?
Anti_Fashion est un laboratoire dans lequel nous développons des cycles de conférences, des workshops et un projet de mentoring destiné aux jeunes des quartiers prioritaires. C’est gratuit et ouvert au public. Je veux, par exemple, que le boucher du quartier puisse venir assister à nos conférences et se poser des questions.
Comment aidez-vous les marques à se réorienter vers une politique RSE ou une mode plus responsable ?
Nous avons beaucoup de marques qui nous contactent. J’avoue que je ne sais pas quoi répondre parfois, je ne pense pas détenir la vérité, tout le monde a la solution, le mot essentiel est la transparence. Je cite souvent ma grand-mère qui était née en 1914 et qui faisait déjà du upcylcing depuis bien longtemps, avant même que ce mot ne devienne à la mode ! A l’époque les personnes n’étaient pas formatées à acheter et jeter, ils respectaient la matière et les produits. Il savaient transformer leurs restes alimentaires et textiles !
Vous considérez-vous « anti-système » ?
Non je ne pense pas. Est-ce que dire que l’économie de demain passera par une justice sociale est anti-système ? Est ce que parler d’éveil et d’émerveillement est anti-système ? Est ce que l’éloge à la lenteur est anti-système ?
Quelles sont pour vous les nouvelles clés de la réussite des entreprises mode dans ce tournant de l’industrie ?
Etre transparent et faire tout ce que l’on entreprend avec le coeur. Travailler en collectif et mettre son égo de côté. Nous parlons de construire une société basée sur un système transversal.
Parlez-nous de vos collaborations et de vos différents projets qui mettent en oeuvre ces changements ?
Ce projet m’a offert beaucoup de cadeaux, des rencontres humaines incroyables… Le projet Mentoring imaginé lors d’un déjeuner à Paris en décembre 2016 avec Sébastien Kopp, co fondateur Veja, est une des plus belles histoires à vivre, car nous parlons d’humains, d’éveil, de les aider à regarder autrement. Ce projet social est une nouvelle réponse dans la formation.
Quels sont vos projets pour l’année en cours ?
Organiser les prochaines rencontres Anti_Fashion qui auront lieu à Marseille du 28 au 29 juin avec le jury du projet mentoring qui se tiendra le jeudi 27 juin. J’aimerais aussi commencer à écrire la suite du projet ailleurs, dans d’autre villes et pays…
Photos : Anti_Fashion Project,+ Stéphanie Calvino /Portraits ©Anne Loubet.