H&M et Etam trustent la fashion week

Il fut un temps pas si lointain où le calendrier officiel de la fashion week, realisée par la toute puissante Fédération Française de la Couture du Prêt-à-Porter des Couturiers et des Créateurs de Mode faisait loi. Toutes les redactrices importantes organisaient leur agenda autour de ce calendrier qu’il fallait décrypter. Ainsi, le premier jour par exemple etait habituellement consacré pour une large part aux jeunes créateurs. Cela permettait aux véritables passionnées ou aux têtes chercheuses de s’intéresser aux jeunes pousses, tout en permettant aux rédactrices en chef débordées de s’offrir une pause méritée apres les défilés de Milan.

Bref, aucun evenement ne pouvait etre pris au sérieux s’il n’etait pas au calendrier. Ce temps est révolu. Nous ne saurions dire si c’est une bonne chose ou non. Toujours est il que nous constatons que desormais, les évenements majeurs, ceux qui sont repris dans de très larges proportions dans tous les médias modes qui comptent, même les plus élitistes, sont ceux orchestrés par les groupes de fast fashion. En l’occurrence H&M et Etam.

Des shows magnifiquement bien orchestrés, divinement bien produits, et qui rassemblent la fine fleur de la planète mode à la fois sur le podium et au premier rang. Ainsi, le groupe suédois, a présenté sa collection H&M Studio Automne/Hiver 2015 lors d’un défilé au Grand Palais transformé pour l’occasion en un décor digne des plus grands films de science-fiction . Rien ne manquait : Caroline de Maigret aux platines, un florilège de mannequins stars dont Kendall Jenner, Gigi Hadid, Edie Campbell et Constance Jablonski qui portaient des pièces retro futuristes issue d’une collection commerciale et efficace, mixant des pièces fonctionnelles aux détails sportswear, devant le nec plus ultra des socialites comme par exemple Solange Knowles, Audrey Tautou, Virginie Ledoyen, Olga Kurylenko et Karolina Kurkova.

Etam : 1 500 000 internautes ont suivi le défilé en live

Même aéropage de moyens, même orgie de stars pour le show Etam qui, d’apres le communiqué de la marque, « a inauguré la fashion week » mardi soir, dans le cadre mythique et spectaculaire de la piscine Molitor à Paris. Rien à redire sur la production et sur les résultats: un buzz réussi sur les réseaux sociaux (plus d’1 500 000 internautes ont suivi le défilé en live mardi à 21h); 80 mannequins pétillantes portant haut les couleurs d’Etam dans un show joyeux qui développait toutes les tendances lingerie 2015 en 5 tableaux spectaculaires (all black, fifties story, coachella, california dream et enfin la collection créée par Natalia Vodianova pour l’enseigne), rythmés par une programmation musicale éclectique et tendance. Les stars du show-biz et de la mode étaient au rendez-vous (avec comme point culminant la prestation de la star du rap US Snoop Dogg).

Comme pour H&M, le défilé a convoqué le ban et l’arrière ban de tous les professionnels de la profession. Seul hic, le show, spectacle très réussi, n’était adressé qu’au grand public puisque la collection n’avait nul besoin d’être présentée aux acheteurs (but originel, rappelons le, de la fashion week). Dans le cas de H&M, la collection sera disponible dans 200 magasins dans le monde, ainsi qu’en ligne, à partir du 10 septembre 2015. On ne peut s’empêcher de penser qu’il conviendrait de distinguer plus nettement les défilés et les présentations dont le but est de permettre aux acheteurs et aux créateurs de faire leur métier et ceux, plus proche du spectacle, dont le but (méritoire mais diffèrent) est d’exalter auprès du grand public, l’imaginaire des marques exclusivement distribuées dans leurs points de ventes en propre. Un distinguo qui peut être, permettrait d'éviter l'asphyxie définitive des créateurs indépendants (jeunes et moins jeunes) qui méritent eux aussi une chance dans un paysage médiatique saturé.