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Julien Fournie : La Haute Couture, c’est le meilleur de la tradition dans un grade de qualité exceptionnel

By Aurore Hennion

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Mode |INTERVIEW

L'appellation protégée "haute couture" vient d'être accordée aux maisons Schiaparelli et Julien Fournié, par la Fédération française de la couture. Diplômé de l’école de la chambre syndicale de la Couture Parisienne, dernier directeur artistique de la maison Torrente, Julien Fournié n’est pas un couturier old school. Il développe par exemple des outils 3D grâce à son partenariat avec Dassault Systèmes, une société européenne avec laquelle il a cofondé le FashionLab depuis 2011.

Comment êtes-vous arrivé dans la mode ?

Parce que j’y suis arrivé ? J’ai l’impression que le voyage est toujours en cours mais pas d’être arrivé à destination.

Pourquoi la Haute Couture et non le prêt-à-porter ?

Pour la liberté.

Votre arrivée dans le calendrier officiel, est-ce une consécration ?

Une responsabilité plutôt, celle de la transmission, entre autres.

Vous pensez que cela va changer quelque chose pour vous ?

J’espère surtout que cela va changer quelque chose pour les autres.

Vous vous servez beaucoup des nouvelles technologies. Comment travaillez-vous avec ?

De la conception des modèles à la collaboration avec les fabricants, les tisseurs, et même avec ceux qui distribuent notre prêt-à-porter et, à terme, même avec les clientes de Haute Couture, je travaille sur ce qui va transformer notre manière de penser, de concevoir et de distribuer la mode.

Le 3D change quelque chose pour votre travail ?

Je fais partie des designers qui pensent en 3D. Beaucoup de notre travail est de passer de la 3D que l’on a dans la tête à la 2D pour le dessin ou l’illustration… A terme, on devrait directement produire des dessins en 3D. Cela devrait accélérer les processus créatifs.

Le secteur de la Haute Couture emploie moins de personnes qu’avant. Pourquoi selon vous ?

Cela dépend de l’époque que vous avez en référence. Moins de personnes que dans les années 1950 peut-être. Mais plus qu’il y a dix ans. La Haute Couture a plus de clientes en 2017 qu’en 2004 par exemple. Donc, forcément plus d’employés. Et puis, des métiers nouveaux sont apparus dans son sillage…

Est-il difficile de trouver des personnes qualifiées pour un secteur si pointu ?

A Paris, où le monde entier vient se former tant qu’il y aura la haute Couture, ce n’est pas difficile. Pour cela, il faut de bonnes écoles de mode (et à Paris, cela ne manque pas) et des ateliers dans lesquels les étudiants viennent compléter leur formation. Je suis souvent désolé de devoir refuser des stagiaires à cause de la réglementation du travail. Nous recevons 100 fois plus de demandes que celles que nous pouvons satisfaire.

Vous êtes une maison indépendante. Avez vous déjà été tenté par un grand groupe ?

J’ai choisi la Haute Couture pour la liberté qu’elle apporte au créateur de mode. Il est vrai que les exigences du marketing d’une marque de luxe qui a des objectifs commerciaux à accomplir peuvent paraître plus contraignantes. Mais le financement des collections, des défilés, de la communication autour de la marque y sont aussi d’un autre ordre. Mon challenge, c’est de faire de la maison une marque de luxe indépendante. Je crois que l’on peut encore y arriver.

Les relations avec les clientes représentent-elles un point important de votre métier ?

C’est un point capital. Dans la Haute Couture, on a un rapport direct avec la cliente finale, sans intermédiaire (acheteur d’un magasin multimarque par exemple). Cet échange est extrêmement stimulant et fécond pour la cliente comme pour le couturier. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’abord de relations commerciales...

Trouvez vous que la Haute couture ait évolué dans la bonne direction ?

Elle est un incroyable instrument de communication, d’une grande efficacité au plan international. La variété de ses développements actuels la rend plus attractive encore, auprès d’une clientèle élargie. Mais trop peu de personnes à travers le monde savent ce que représente en fait la Haute Couture. Nous devons travailler là-dessus. Trop de maisons (à l’étranger surtout) s’arrogent ce titre illégalement dès qu’elles fabriquent des robes pour les « red carpets ». La Haute Couture, c’est le meilleur de la tradition dans un grade de qualité exceptionnel, alliée à de l’innovation.

Quel couturier admirez-vous ?

Mes quatorze confrères « labellisés » qui relèvent aujourd’hui les défis de la Haute Couture de notre époque, bien sûr, quelle que soit la taille de leur maison. En regardant dans le passé, je dirais aussi d’abord le travail de Claude Montana chez Lanvin, à l’époque où il en était le Directeur Artistique, celui d’Alexander McQueen chez Givenchy, celui de Jacques Fath à son époque, et celui d’un Charles James, couturier américain du XXème siècle.

Peut-on avoir une idée du thème de votre prochaine collection ?

Je me suis inspiré de l’Art Cinétique, avec son graphisme 2D, qui prend du volume de manière mi-géométrique, mi-organique. Vous découvrirez le reste sur le podium le 24 janvier à 15h00 !

Photo : Julien Fournie

FHCM
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