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Kim Jones : « Je dois avoir entre 500 et 600 paires de sneakers »

By Herve Dewintre

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Mode

Jadis, Nike, Adidas étaient des marques de sport. Désormais ce sont des marques globales qui oscillent entre plusieurs dénominations plus conformes à leurs ambitions : le « sportwear » , le « streetwear », en somme des termes qui évoquent plutôt un art de vivre que l’exercice assidue d’une pratique sportive. Ce périmètre d’activité élargi a fait de ces marques lifestyle, le nouvel eldorado des créateurs de mode.

Une association souvent très réussie, surtout quand le créateur ne donne pas l’impression d’explorer de façon opportuniste un domaine nouveau pour lui. On pense aux créateurs qui ont largement intégré l’allure streetstyle dans leurs propres collections. C’est le cas de Kim Jones, directeur artistique de la mode masculine de Louis Vuitton depuis 2011. Une appétence pour le sport surtout visible dans les huit collections qu’il avait présentées à New York, Londres et Paris durant les années 2000 pour son propre label de mode masculine.

Pour le créateur britannique, Nike a fait les choses en grand : une collection capsule Nikelab X Kim Jones, disponible à partir du 23 juillet sur nike.com/nikelab et dans les magasins sélect NikeLab . Une collection mixte, franchement colorée, assez 90’s dans sa tonalité générale, littéralement inspirée par Rio. Et plutôt que d’envoyer un communiqué de presse classique, le label américain a mis à disposition de la presse une interview complète du designer britannique. C’est cette interview que nous reproduisons ci-dessous.

Kim Jones : « je prends toujours la culture comme référence, plutôt que la mode »

Quels sont tes premiers souvenirs de Nike?

KJ : L'obsession d'avoir une paire de Nike quand j'avais 13, ou peut-être 12 ans, et le harcèlement de mes parents pour qu'ils me l'achètent. Je les ai vues et je les ai tout de suite voulues.

Te souviens-tu de tes premiers styles?

KJ : Silver Nike Vandals.

Est-ce que ton attrait d'origine pour les sneakers t'est venu de la street-culture ou plutôt du sport?

KJ : Je faisais beaucoup de vélo quand j'étais gamin et donc ça vient beaucoup de là. Je les avais pour le sport et en plus elles étaient cool. Aussi j'ai été un adepte du straight-edge pour un temps et on était tous obsédés par les Jordans. On allait tous s'acheter nos Jordan V. On était méga excités et on se battait pour les couleurs, parce qu'on ne voulait pas avoir les mêmes. Une obsession typique d'adolescents. Je passais tout mon temps avec un groupe d'amis et on avait tous la même pointure, ce qui était pratique, on avait qu'à s'échanger nos trucs.

Il t'en reste encore aujourd'hui dans tes archives?

KJ : Je dois avoir entre 500 et 600 paires de sneakers dans mes archives. Elles sont dans ma maison à Londres et dans vraiment plein d'armoires à Paris. J'ai beaucoup de Jordans et des tonnes de paires de Huaraches. Quand elles ont fait leur première apparition, j'en achetais à la pelle tellement elles me plaisaient.

Qu'est-ce qui t'intéresse en particulier dans les sneakers?

KJ : Aujourd'hui elles m'intéressent par la technologie qu'elles recèlent et par la manière et la vitesse à laquelle elles se développent pour devenir de vrais produits de design. La technologie inspire l’aspect mode du produit et transforme le tout en un style de vie.

Qu'est-ce qui t'intéresse d'autre aujourd'hui?

KJ : En fait, je prends toujours la culture (plus que la mode) comme référence - et les voyages, qui représentent vraiment l'essentiel. J'adore aller en Afrique du Sud. J'adore l'énergie là-bas - à Tokyo aussi, New York et L.A., mais j'aime m'inspirer aussi d'autres endroits. L'été dernier je suis allé en Asie du Sud-Est, c'était vraiment intéressant.

Depuis ta collection de fin d'études, ton esthétique a le plus souvent été décrit comme une infusion de street style dans la haute-couture. Tu es d'accord avec cette analyse ? Tu veux ajouter quelque chose?

KJ : Je crois que c'est la direction que les choses prennent. J'étais simplement un des premiers à le faire. Un article a été écrit aujourd'hui sur ma première collection et ça m'a fait réfléchir à la quantité de chemin que j'ai parcouru - ça fait un peu peur. Ça fait 15 ans, le temps est passé si vite et j'ai fait tellement de choses sur cette période. J'améliore de plus en plus ce que je fais.

Pourquoi le streetwear et le sportswear sont-ils importants aujourd'hui?

KJ : Parce que c'est du réel. Ils sont dans la vie de tous.

Tu travailles déjà beaucoup dans la mouvance sportswear. En quoi la collaboration avec Nike est-elle différente?

KJ : J'ai toujours voulu travailler avec Nike et quand ils m'ont contacté c'était le moment parfait. Je voulais utiliser la technologie Nike alors on a trouvé quelque chose d'ancien et on en a fait quelque chose de tout à fait neuf. Je ne voulais pas que la collection ait un air rétro. Je la voulais moderne et capable de parler à la jeunesse d'aujourd'hui.

En parlant de jeunesse : La palette de couleurs de la collection est un mélange de néon club-kid et de neutres. Comment es-tu arrivé à cette combinaison?

KJ : Tous les coloris sont inspirés des vieilles Air Max - il y a un coloris d'Air Max 95 et un d'Air Max classique, original, ensuite on a ajouté une autre palette de couleurs tournée vers le futur. Le but était de prendre tous les éléments constituant l'ADN Nike et de les mélanger, toutes les différentes choses que j'aimais et de les réunir.

Quelques pièces de la collection sont transformables, en ce sens qu'on peut les porter dans de multiples contextes. Était-ce une volonté du design?

KJ : Il s'agit d'une approche utilitaire du design et de la fonction pour donner au client quelque chose qu'il peut utiliser de différentes manières. C'est ça que j'avais à l'esprit : comment rendre la chose utile pour celui qui la porte.

Quels détails ont contribué à aborder ce design?

KJ : Le but était de fabriquer les pièces avec le moins de coutures possibles afin de les rendre plus légères et petites - se concentrer réellement sur l'authenticité de ce que Nike fait de mieux, en retirer les éléments essentiels et recourir à la technologie pour créer ces produits. Le Windrunner est [fait à partir de] juste une pièce de tissu, ce qui fait que le plus complexe était de déterminer la coupe et le calibrage.

Comment l'imprimé Jacquard sur les tops cousus t'est-il venu?

KJ : L'idée était en fait d'analyser la forme et le corps des motifs [supérieurs] Flyknit à plat, ce qui est vraiment très beau. Ensuite, les agrandir et voir ce que cela donne sur un vêtement. C'était une très bonne manière de concevoir un t-shirt.

Le NikeLab Air Zoom LWP x Kim Jones marie l'inspiration d'un Zoom 95 original pour l'empeigne avec l'Air Max 1 pour la forme. Pourquoi as-tu choisi ces silhouettes spécifiques?

KJ : J'aime le fait que cela vient d'un ancien modèle de chaussure mais qu’elle soit devenue une chaussure entièrement nouvelle. On n’y est pas parvenu du premier coup. La couture était d'abord trop épaisse et ensuite trop fine. Je pensais à une chaussure que je voudrais vraiment porter et dont je serais fier. Avoir une paire de sneakers Nike, c'est génial. C'est un vrai honneur.

Y-a-t-il d'autres sneakers des archives Nike que tu aimerais retravailler?

KJ : Quelques-uns en fait. Un Footscape serait une base intéressante de travail, ou simplement prendre quelques-uns de mes favoris et faire des combinaisons et des copier-coller pour arriver à quelque chose de nouveau. Donc on prend quelque chose qui était au premier rang à son époque, on le fait réapparaitre d'une autre manière pour qu'il soit au premier rang d'aujourd'hui, parce que la technologie a changé tellement de choses et tout est si léger et confortable. Les gens portent des sneakers tout le temps aujourd'hui, donc le confort et l'aspect pratique sont les aspects essentiels. Que le « temps soit un luxe » est également quelque chose d'important à garder à l'esprit. Si des produits peuvent vous faciliter les choses, c'est quelque chose d'important dans la vie - tout comme l'aspect esthétique, bien évidemment.

Cela nous ramène au thème principal de la collection « packables » et ton amour des voyages. En quoi les voyages sont-ils importants pour toi?

KJ : J'adore découvrir de nouvelles choses, faire de nouveaux trucs, voir de nouveaux endroits... Je veux voir le monde entier avant de mourir. La nature représente une partie importante de mes intérêts. Il faut aller loin aujourd'hui pour découvrir des choses, mais si tu n'y vas pas tu ne sais pas ce que tu vas voir. C'est bien de regarder sur Internet ou dans un livre, mais j'aime voir, toucher, regarder les choses et être inspiré par la culture, la vie sauvage, les gens... Je suis plutôt sensoriel de ce côté-là. Je fais un peu de recherche initiale sur Internet pour voir où je veux aller, mais tu ne sais pas ce que tu vas trouver quand tu arrives là-bas. C'est ça le plus passionnant.

Quels sont les 5 plus beaux endroits que tu as visités?

KJ : L'île de Pâques, la Mongolie, plein de différents pays en Afrique - peut-être l'Éthiopie, les Maldives, parce que c'est formidable. J'adore Siem Reap au Cambodge. J'adore l'Inde - le Rajasthan en particulier... Londres, parce que c'est ma ville natale, pleins d'endroits en Amérique latine - les îles Galapagos... La Patagonie est fantastique. Le Bhoutan était vraiment incroyable.

Pour concilier ton amour des voyages avec ton intérêt pour la street culture et le sportswear : où le street fashion est-il très présent aujourd'hui?

KJ : Tokyo pour commencer, et j'aime bien L.A. pour le moment. J'aime Sao Paolo. Ça fait longtemps que je ne suis pas allé en Australie, mais la dernière fois que j'y suis allé c'était vraiment intéressant et la Nouvelle-Zélande, parce qu'il y a beaucoup de designers du pays qui expérimentent des choses nouvelles.

Crédit photo: Nike DR

Kim Jones
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