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La fashion week ou l’art démodé du buzz

By Herve Dewintre

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Mode

Les présentations à la presse et aux acheteurs des collections de mode masculines se terminent aujourd’hui à Paris. Une semaine intense qui prolonge une autre semaine tout aussi intense et importante de présentations à Milan et que couronnera pendant trois jours la semaine de défilés haute couture, elle-même parachevée par des presentations de haute joaillerie. Nous parlons ici des presentations agrées et relayées par la “ Fédération Française de la Couture du Prêt-à-Porter des Couturiers and Créateurs de Mode » qui est chargée très officiellement d’organiser le calendrier des présentations et de sélectionner selon des normes sérieusement établies les marques dignes d’y participer.

Cependant, si ce calendrier est le phrare tout puissant vers lequel se tourne toute la profession pour organiser son agenda, il ne résume pas la richesse des propositions commerciales et/ou creatives qu’offrent cette semaine parisienne de mode. Car il faut aussi compter sur la tenue des salons de premier plan (comme who’s next, capsule, ou même le salon de la lingerie, le salon maison & objet), et évidemment sur la présence disséminée sur l’ensemble de la Capitale de shoowrooms au sein desquels de nombreuses marques valeureuses et méritoires qui ont fait le choix de ne pas faire de défilés pour des raisons financieres ou d’images, essaieront d’attirer dans les conditions les meilleures les acheteurs mais aussi les leaders d’opinions, du “print” ou du “net”.

L’image mode la plus partagée et commentée sur les réseaux sociaux: un trou mal placé

Si on s’”amuse”, sans etre trop précis et sans employer de methode infaillible et scientifique, à vouloir calculer le nombre de marques qui révèleront leurs nouvelles propositions à Paris cette semaine, en se basant simplement sur le calendrier de la federation (accessible sur son site modeaparis), nombre déjà important auquel on ajoutera les marques exposant en showroom, en se basant sur le Modem (accessible sur le site modemonline mais aussi à l’entrée des défilés et des showrooms en version papier et gratuite), et enfin en additionnant le nombre de labels présents dans les salons, alors disons, à la louche, que ce nombre de marques atteint le millier. Certes, dans ce millier, il y a à boire et à manger et on ne peut evidemment pas mettre sur le meme plan commercial, artistique, societal le defilé Dior Homme et la presentation d’une jeune pousse, même brillante, sur un petit stand de showroom ou du salon who’s Next. Pourtant, sans meme pretendre, chose impossible, vouloir tout voir, mais simplement avoir une vue globale de son marché, il faut bien reconnaitre, que ce n’est pas chose aisée.

D’autant plus mal-aisée que tout ce que nous venons d’énumérer, n’est rien, absolument rien, par rapport à ce qui va suivre. Car dans les heures à venir, débuteront, à New York, Milan, Paris ou même Zurich, les relativement discrètes presentations des pré-collections automne hiver 2015/ 2016. Pas de calendrier official, pas de défilé, une presence relativement discrete dans les medias, mais des presentations ô combien importantes puisque les pré-collections, beaucoup plus commerciales que les collections d’images et de podiums, représentent désormais un pourcentage conséquent dans le chiffre d’affaire de toutes les marques d’envergure.

Dressons alors un rapide comparatif. D’un coté : une centaine de marques qui organisent un défilé dont les medias sociaux n’auront globalement retenu que le défilé de Rick Owens, non pas parce que le créateur aura proposé un florilège de superbes manteaux, mais parce qu’il aura osé faire defiler des tenues tête-bêche avec une encolure laissant apparaitre une partie de l’intimitée la plus sacrée de ses mannequins - leurs bites quoi –comme un manifeste de mauvais-goût volontaire ou un reflexion arty (dans le droit fil de l’arte povera) sur la place du buzz dans nos sociétés axées sur l’anecdote au détriment de la reflexion globale. D’un autre coté, des centaines de presentations discrètes en dehors des calendriers officiels et médiatiques basées sur les pré-collections durant lesquelles la majorité du business de la mode se fera. Or, le grand public, ne retiendra peut etre que l’apparition frontale et incongru de sexes masculins sur un podium qui ne manquera pas, entre consternation et amusement de le détourner une fois pour toute du fashion circus ou de la foire à la fashion week dont le systeme actuel, pour reprendre l’expression de Didier Grumbach ne développe plus qu’un déroulé plus proche du parc d’attraction que d’un manifeste pour l’amour du vêtement.

La semaine derniere, la grande Li Edelkoort présentait en avant-premiere lors d’un séminaire à Paris, son cahier de tendances hiver 16_17. Il se nomme “Anti Fashion”. Un titre comme un cri dont les échos font raisonner le fait que la tendance n’est plus tendance. Un titre qui prend acte et condamne cette obsession de la nouveauté à laquelle au final, Rick Owens qui justement est le dernier representant historique du mouvement antifashion initié par Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo au debut des années 80, adresse un sex d’honneur, pour affirmer le retour de la créativité et de la reflexion au profit de la surconsommation.

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