• Home
  • Actualite
  • Mode
  • La mode et le luxe doivent-ils craindre l’impression 3D ?

La mode et le luxe doivent-ils craindre l’impression 3D ?

By Herve Dewintre

loading...

Scroll down to read more

Mode

On ne mesure pas encore tout à fait l’extraordinaire avancée technologique que représente l’impression 3D pour l’industrie de la mode et du luxe. La médecine s’en est déjà pleinement emparée, la haute joaillerie etl’horlogerie également. Rien de plus normal : ces machines qui permettent un sur-mesure parfait, une reproduction à l’identique et surtout un océan futur de possibilité concernant la création de nouvelles matières (il sera bientôt possible par exemple de reconstituer du cuir sans tuer un seul animal) préfigurent selon le magazine de référence The Economist « une troisième révolution industrielle ». Rien de moins. Or, il faut bien constater que la mode reste un peu en retrait de ce phénomène par rapport à son importance, même si des designers pionniers comme Iris Van Herpen ou Catherine Wales se sont emparées avec feu de cette invention considérable. Elles ont déjà compris que l’avenir de la mode résidera dans un nouveau sur-mesure où le client sera même parfois le coauteur des dessins.

Si la mode et le luxe reste en retrait, il y a plusieurs raisons. D’une part, le terme d’impression 3D n’est pas très glamour, quoi qu’on en pense. Trop technique, clinique, presque chirurgical : l’idée de pouvoir obtenir des objets strictement identiques au micron près peut avoir un effet glaçant dans un monde de métiers d’art où l’intelligence de la main permet encore d’obtenir ce qu’on appelle justement le supplément d’âme. D’autre part, les prouesses de la 3d restent encore à imaginer dans un monde où la tradition est non seulement respectée mais constitue même l’un des principaux arguments de vente. Troisième point qui n’est pas le moins important : Quid de la contrefaçon ? Il va devenir très simple bientôt de copier à l’identique des sacs griffés même si pour l’instant les modeles d’imprimantes vendues accessibles aux particuliers (une imprimante professionnelle coûte au minimum 20 000 euros et une imprimante pour particuliers, entre 100 et 1 500 euros) ne permettent de reproduire que de petits objets, principalement en plastique.

Cela ne signifie pas pour autant que la mode et le luxe refusent le phénomène. Les deux secteurs attendent juste de savoir comment l’exploiter. « L’intérêt réel de cette technique ne résidera pas tant dans la reproduction d’objets que dans l’invention de nouveaux matériaux, assure Pierre Mallevays, ancien directeur des fusions acquisitions chez LVMH et aujourd’hui consultant spécialisé dans le luxe, à la tête du cabinet Savigny Partners, interrogé par Morgane Biel pour le figaro. « On va pouvoir ajouter à ces nouvelles matières des composants organiques aux mêmes propriétés que la peau – et ainsi créer des tissus à effet seconde peau, des cuirs élastiques, transparents, qui protègent de la chaleur, du froid, qui bronzent ou qui évoluent avec le temps ». Moins polluant, moins nocif pour les espèces en voie de disparition, et de plus pourvoyeur de travail puisqu’il faudra toujours des artisans qualifiés pour assembler ces nouvelles matières.

L’impression 3D au cœur de l’innovation manufacturière de Nike

Certaines marques cependant ont décidé de se jeter à bras le corps sur ce phénomène. La marque américaine qui avait testé l’impression 3D pour du prototypage, produit desormais des petites series de crampons pour ses chaussures Vapor Carbon 2014 Elite mais aussi des sacs. Pas d’extravagance neammoins, on reste encore dans les series tres limités (il s’agit des sacs Nike Football Rebento produits pour la coupe du monde 2014). Une utilisation qui fait sens pour Mike Parker, le président et CEO de Nike, qui explique dès qu’il en a l’occasion qu’une grande part du succès de la marque provient de sa capacité à innover sur les méthodes de production. C’est le cas avec le Flyknit, une technologie qu’a conçu Nike pour réaliser le tissage de l’enveloppe de ses chaussures de sport, et qui lui a permis d’obtenir des chaussures extrêmement légères et résistantes. Une production quasiment sans déchets. En l’associant à l’impression 3D, il est alors possible d’envisager ce que pourrait être la chaîne de production de demain.

Iris van Herpen
LVMH
Nike