Mode à Milan : une explosion de couleurs

En ce cinquième jour des défilés milanais de prêt-à-porter féminin pour l'été prochain, les couturiers ont joué les artistes, faisant vibrer une palette de couleurs énergiques, ou travaillant sur la lumière à travers la matière.

C'est une collection d'un fort impact, très moderne, qu'a composée Consuelo Castiglioni chez Marni en jouant sur longueurs, superpositions, asymétries et couleurs. Ces dernières explosent à l'oeil en grands blocs monochromes, les tons primaires jaune, rouge magenta et bleu cyan côtoyant des blancs et des teintes plus sombres. Pas de boutons, juste de géants zip dorés et des rubans, noués à la taille ou sur les épaules en épaisses bretelles. Format extra large aussi pour les accessoires. La silhouette s'allonge à l'infini avec des manches qui dégoulinent, d'amples pantalons agrandis par des volants latéraux, des maxi tuniques. Le volume est créé par la fluidité des matières et du corps en mouvement. Le vestiaire se compose essentiellement de bodys moulants style combinaison de plongée portés sous de longues robes en peau de daim ajouré, des ensembles composés de paillettes oversize ou recouverts de sequins scintillants ou encore des manteaux droits ou blousons de cuir en forme d'oeuf. Le tout est complété par des tabliers de forgeron en cuir ou en satin fendus par de brutales coupes centrales, comme déchirés.

Dolce & Gabbana offre aussi un feu d'artifice de couleurs, mais dans un style résolument plus baroque. Le célèbre duo de créateurs nous emmène dans un tour d'Italie très spécial, nous replongeant dans l'insouciance de la "dolce vita" avec des silhouettes très années 1950. Impression accentuée par les maillots de bain rétro, les paniers en osier ou les vieux appareils photo reconvertis en pochettes... Le portable étant tellement plus pratique pour se faire des selfies en direct sur le podium !

La chaleur de l'été sur les podiums milanais de la fashion week

En jupes droites tombant jusqu'à la cheville ou en robes à bretelles serrées à la taille puis évasées, les mannequins cachent leur regard derrière des lunettes noires de stars et retiennent avec élégance leur chevelure dans des foulards et turbans en soie. On respire l'air des vacances à travers les claquettes de plage ou encore des tuniques ou robes-chemises à larges rayures verticales vertes et blanches s'apparentant à la typique toile des transats, tandis qu'étoiles de mer et parasols sont brodés ici et là. Le soleil resplendit sur parures dorées et vêtements chatoyants, où fleurs, fruits et paysages reviennent en motifs récurrents, tout comme gondoles, tour de Pise et autre Colisée, symboles de cette Italie de carte postale, d'un kitsch assumé, célébré cette saison par la griffe à coup de slogans, tels "Italia is love" ou "I love Italia". Le soleil brûlant et la sable sont omniprésents dans la collection Trussardi, qui s'inspire du désert. On voit presque les vêtements vibrer sous la chaleur, tant ils expriment une sorte de légèreté impalpable. Blanc, ivoire, beige, mastic... Toutes les tenues sont claires comme pour mieux capter la lumière, hormis quelques pièces trempées dans des teintures aux pigments naturels (ocre, safran, paprika). D'amples tailleurs pantalon, des caftans ainsi que des sahariennes sont taillés à vif dans des peaux de daims d'une grande souplesse ou dans des matières naturelles : lin, raphia, chanvre, coton, toile de jute. Des pans d'étoffes effilochés sont fixés à la taille en longues jupes-pagne. Des maxi-tuniques à fines rayures font penser à des djellabas.

Chez Salvatore Ferragamo, des éclats de couleur, déclinés dans quelques tenues monochromes pimpantes et dans des sandales aux teintes dragées, illuminent une collection d'une grande élégance, presque classique, entièrement jouée sur la verticalité. La garde-robe est composée de longues robes et capes fluides tombant jusqu'aux pieds, de vestes et pantalons courts en cuir, de robes de gitane à larges volants dénudant les épaules, de jupes à fines rayures.

Chez la jeune marque MSGM, dessinée par Massimo Giorgetti, les filles ont envie d'en découdre. Elles ont beau adoucir leur look avec des tenues rose pâle ou en s'affublant de quelques volants et gros noeuds, elles semblent décidément plus à l'aise avec les chaînes métalliques, qui pendent à leur cou pour bifurquer autour de leur taille, ou tombent en franges éparses dans certaines robes. A noter le mini skate qui se balance à une chaînette au bout d'une oreille. Les anneaux en acier font aussi partie de la panoplie. En particulier, dans un très réussi tailleur en tweed complètement troué !

Lundi sera le tour notamment de Vivetta, Arthur Arbesser et Giorgio Armani. (AFP)