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Skunkfunk devient SKFK et mise sur la mode éthique

By Céline Vautard

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Mode|INTERVIEW

Lancée en 1998, la marque de mode féminine se réinvente. Face à un marché en pleine mutation, elle choisit de ralentir le rythme et de miser sur des collections durables. Rencontre avec Ludovic Quinault, CEO de la marque.

Pourquoi ce changement de nom 20 ans après les débuts de Skunkfunk ?

Tout d’abord parce que le marché évolue, la mode aussi et nous aussi. Tout est devenu plus compliqué mais nous sommes toujours là et avons acquis une certaine maturité. Avec la collection P/E 2019 commence une seconde vie pour la marque qui a été renommée SKFK. Le logo a aussi été épuré. C’est une vraie remise en question car Skunkfunk a aussi 20 ans.

Quel cheminement avez-vous suivi pour aboutir à cette évolution ?

Au départ, Mikel Feijoo Elzo était seul et a lancé la marque depuis Bilbao en Espagne en faisait les choses de façon locale et artisanale. Puis il y a eu la phase d’expansion et il a fallut trouver des partenaires industriels pour développer la production. Mikel travaillait avec des fournisseurs en Chine et l’envers du décor a été une vraie prise de conscience pour lui qui est très connecté à la nature. D’ailleurs, il y a quelques années, nous avons recentré les collections sur la femme et arrêté celles dédiées à l’homme. Cela nous a permis de mettre véritablement l’accent sur le durable. Nous avons préféré faire moins de choses mais les faire mieux, tout en gardant des prix abordables.

Quelles ont été les étapes vers cette mode plus éthique ?

Nous avons déjà réduit la taille des collections afin de privilégier la qualité ; mais il faut aussi rappeler que la démarche durable est présente chez nous depuis 9 ans déjà même si nous n’avons jamais vraiment communiqué dessus. D’abord le marché n’était pas prêt ; ensuite, il s’agit de valeur ajoutée. Le client doit avoir un coup de cœur pour le produit. L’idée étant qu’il découvre qu’en plus celui-ci est conçu selon des valeurs. Pour nous, il est évident qu’une mode plus éthique doit devenir la norme. Sur le terrain, nous avons visité des usines et découvert en Inde le coton bio qui fait vivre des fermes et des coopératives. Nous travaillons cette démarche commerce équitable depuis 3 ans maintenant.

C’est un engagement sur le long terme ?

Bien plus que cela. L’achat du coton bio se fait un an à l’avance. La dimension va plus loin que le Développement Durable classique. C’est plutôt de l’expérimental et nous sommes peu dans l’univers du textile à faire cela.

Faire une mode plus engagée ça change la façon de travailler ?

Bien sûr, sur ce marché il y a peu ou pas de tissus durables et surtout féminins. Il faut les imaginer, les concevoir et les fabriquer avec de bons partenaires. Pour ce faire, nous avons un bureau de contrôle et qualité à Shanghai. C’est un travail à la carte qui a un coût, un temps de développement plus long. Le terme de Slow fashion prend tout son sens car le rythme de création est vraiment ralenti. En interne, cela mobilise plus de personnes au niveau des RH. Nous avons une équipe de 15 personnes dédiée au design et au développement des produits. Ceux-ci sont bien sûr uniques dans leur identité, leur patronage et jusqu’à leur tissu et leur imprimé. Tout cela est plus compliqué mais nous pensons que, grâce à cette façon de faire, nous serons encore là dans 10 ans.

Parlez-nous des collections P/E 2019 ?

Elles sont urbaines et féminines réalisées dans des matières 100% coton bio ou 100% lyocell ou avec des mélanges lyocell (fibre artificielle obtenue à partir de l’eucalyptus, NDLR), viscose, coton bio. Nous utilisons aussi du coton et du polyester recyclés. Il y a beaucoup de robes, de tops et de jupes mais pas que et surtout nous proposons des modèles dits « zero waste », c’est-à-dire que la découpe est optimisée pour qu’il n’y ait aucune chute de tissu inutilisée. Dans ce cas, le modèle est en taille unique. Enfin, nous avons demandé à l’illustratrice espagnol Ana Jaren d’imaginer pour nous des imprimés exclusifs.

Comment est diffusée SKFK ?

Nous sommes présents dans 23 pays à travers de nombreux multimarques et comptons 25 boutiques en propre dont 4 en France (Bordeaux, Lyon, Marseille, Bayonne). Avec notre nouvelle identité, nos points de vente vont d’ailleurs évoluer. Pas de transformations majeures mais des touches de durable et d’originalité pour toucher une clientèle qui souhaitent se démarquer. Pour nous, le futur est est là !

Quels sont vos prochains challenges ?

Continuez à faire des produits designés en interne à des prix abordables sans faire payer le marketing et le développement durable aux consommateurs. Oui, cela est possible ! Continuer à développer le réseau des boutiques multimarques et les séduire avec nos pièces à forte valeur ajoutée. Avec la montée en puissance de la fast fashion, l’offre du consommateur s’est considérablement affaiblie, nous voulons que SKFK soit une alternative à la standardisation ambiante !

Photos : Images de la campagne SKFK été 2019, Portrait de Ludovic Quinault, CEO de SKFK.
ludovic quinault
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