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Buccellati célèbre ses 100 ans à Paris avec une vente de pièces historiques chez Sotheby's

By Herve Dewintre

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Buccellati, c’est la saga d’un savoir-faire d’exception, c’est aussi l’épopée d’une famille au caractère bien trempé. Une famille qui n’a jamais voulu céder aux sirènes du compromis. Ce feu sacré, Mario Buccellati l’a allumé en 1919 : apprenti chez Beltrami & Beltrami, il rachète l’entreprise de ses employeurs, la rebaptise de son nom. Rapidement, il se fait un nom en séduisant l’aristocratie espagnole intriguée par le fier toupet de ce joaillier inconnu qui lors de l’exposition de Madrid en 1920 osa répondre à une cliente réclamant un rabais: « je ne suis pas commerçant ! ». La sureté de son goût, l’aplomb de son style lui valent les louanges du grand poète Gabriele d’Annuzio, président de l’Académie royale italienne, qui gratifie son compatriote de ce compliment remarquable : « Mario Buccellati est le prince des orfèvres ».

Buccellati et Paris

Son fils, Giammaria, ne se contente pas de conserver cette flamme : il l’attise avec force pour propager la gloire du nom à travers le globe. A la fin de sa carrière qui s’étale sur sept décennies, Buccellati est un empire. Les boutiques ouvrent à Londres, Moscou, Tokyo, Osaka, Nagoya, Hong Kong, Capri, l’Île d'Elbe, Beverly Hills, Aspen, Sydney. Une ville tient plus particulierement à cœur au patriarche. Cette ville, c’est Paris. Il veut s’y installer malgré l’hostilité affichée du sérail en place qui voit d’un mauvais œil l’arrivée d’un italien au cœur de l’épicentre de la joaillerie française. Mais Giammaria ne lache pas prise. « Mon père adorait la place Vendôme, témoigne Andrea Buccellati. Nous avons eu la chance de participer à une vente à la chandelle, remportant, face à des concurrents de poids comme Mitsubishi et Deutsche Bank, un premier magasin avec quatre vitrines. Exploit impossible aujourd’hui !”

Désormais, Buccellati, incarnée par Andrea (président et directeur artistique de la marque), Maria Christina mais aussi par Lucrezia, la fille d’Andrea, peut se targuer de bénéficier d’une clientèle internationale férue de ce style reconnaissable et unique malgré la diversité des tempéraments qui ont gravé leurs empreintes au cours de l’histoire de la maison. « Mon grand-père Mario Buccellati fut très influencé par le courant Art déco dans les années 20 et 30, précise Andréa. C’était des bijoux aux formes linéaires, certains étaient plus “rocaille” c’est à dire regence, rococo.Mon père Gianmaria était lui très inspiré par le style baroque, il imagina des joyaux opulents et travaillés avec du mouvement. Mon univers est plus essentiel et géométrique. Quant à Lucrezia, ma fille elle aime plus volontiers la simplicité, le modernisme et l’épure ». Perdurent cependant au délà des tempéraments personnels, ce gout, partagé de génération en génération pour les canons esthétiques de la Renaissance italienne mais aussi cette obsession quasi-maniaque pour le travail artisanal le plus achevé.

Une exposition publique chez Sotheby’s

Ces exigences justifient la modestie de la production annuelle : 7000 pièces sortent des ateliers chaque année. C’est le prix à payer pour créer des objets parfaits, aux moyens de procédés vénérables, de techniques rares qui se réfractent dans des motifs délicats qui évoquent la dentelle vénitienne, qui se manifestent dans des ciselures caractéristiques donnant à l’or le miroitement d’une soie dorée. Des trésors distillés au compte goutte. Pas question d’étendre la production. Lorsque l’on évoque la possibilité d’un rachat de la maison par l’un des grands groupes du secteur, Andrea balaie l’hypothèse d’une moue dubitative. La pérennité de la maison sera assurée par la protection de son essence qui ne peut s’épanouir que dans l’artisanat d’exception. “ Jamais, même dans la technique signature du Rigato, qui consiste à graver de microscopiques rayures dans l’or pour produire un effet à la fois texturé et satiné, la maison n’a cédé aux sirènes du laser. C’est la raison pour laquelle, l’œil de l’expert aidant, la lumière joue dans cet or plus que dans aucune autre matière. Il faut huit à dix ans de formation à un artisan pour parvenir à cette maîtrise.”

Pour célébrer le premier centenaire de Buccellati tout en témoignant son affection pour la capitale française, la maison a organisé une série d’événement à Paris. Le premier, c’est l’ouverture de la nouvelle boutique, inaugurée cet été rue Saint Honoré, à coté du Costes. Un lien central, situé à quelques mètres de la Place Vendôme et fréquenté par une clientèle internationale. La nouvelle boutique a été imaginée par le cabinet milanais Vudafieri Saverino Partners, et conçue par les cabinets Mainardi de Paris et Quadrilatero de Milan. Autre événement : une exposition publique qui présentera à Sotheby’s 28 bijoux retraçant l’histoire de la maison familiale. Certaines de ces pièces ont été imaginées par Gianmaria, d’autres par Andréa. Toutes appartiennent aux membres de la famille. Cette exposition qui mettra en lumière la parure Jacqueline conçue entre 1988 et 1990 ou encore le collier Gran Mogol avec ses sept éléments en forme de cœur sertis d’aigue marine et entourés de 602 rubis, sera clôturée par une vente publique qui se déroulera le 29 octobre.

Crédit photo : Buccellati, dr

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