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Le commerce de mode français en danger? (III)

By Céline Vautard

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Selon la FNH 4.500 multimarques de prêt­à­porter ont fermé en France au premier semestre 2014. FashionUnited est allé à la rencontre d’un secteur en difficulté et a questionné des détaillants sur leur avenir.

Cette semaine, pour notre dernier rendez­vous, nous nous rendons en Haute Normandie à la rencontre d’Etienne Djelloul qui possède une boutique de prêt­à­porter masculin à Yvetot (76). Il est également Président régional de la FNH (Fédération Nationale de l’Habillement) pour la région.

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Quand avez­-vous ouvert votre boutique, quel est votre parcours?

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J’ai ouvert ma boutique de mode masculine en 2001 après avoir travaillé dans des entreprises de grande distribution du secteur. Mon épouse a abandonné son parcours professionnel dans la banque et m’a rejoint quelques années après l’ouverture. Puis nous avons embauché une équipe de deux vendeurs et une retoucheuse. Concernant notre parcours, nous avons tous les deux un BTS en action commercial et comptabilité.

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Au premier semestre 2014, la FNH a enregistré la fermeture de 4500 points de vente multimarques de prêt­à­porter, un chiffre qui laisse penser que ce format n'est plus rentable. Pour le second semestre, elle a déjà observé une hausse de 30 pour cent de fermetures de petits et moyens établissements. Que vous inspire ces chiffres, êtes­-vous inquiet?

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En 2014, nous avons vu une accélération des fermetures de boutiques mais je pense que la crise favorise cette situation mais pas seulement. Je pense qu'il y a l'arrêt de générations après­guerre qui ne trouvent pas de repreneurs. Là, nous touchons la problématique des suivis des établissements bancaires qui ont beaucoup de mal à accompagner nos métiers avec de lourds stocks à financer. Il y a aussi l'apurement des entreprises qui ont souvent été gérées au jour le jour, notre métier attire beaucoup d'entrepreneurs en mal de devenir professionnels et qui se lancent en se disant que c'est simple (sans capitaux, sans expérience ...). La preuve que non, il faut une rigueur pour faire se métier. Les entrepreneurs tombent aussi souvent dans le cercle infernal des promotions pour boucler les fins de mois et nous sommes certainement en bout de cette période ou tout a été fait sans possibilité de rebondir financièrement (plus de trésorerie, plus de marges, plus de clients ... ). Qui voudrait acheter à plein pot dans ses boutiques en perpétuelles promotions, ses nombreuses promotions sont présentes parfois dans le même quartier et concernent les mêmes marques. Le rôle du chef d'entreprise est d'évoluer, de se remettre sans cesse à niveau dans sa culture d’entrepreneur, mais aussi dans sa culture de marques. Parfois nous voyons des détaillants s'accrocher aux mêmes marques en achetant des budgets sans cesse en évolution, mais qui ne peuvent pas faire vivre leur boutique car les taux de marges dégagés sont ridicules. Il faut savoir changer, faire vivre son magasin et respecter ses clients en leur apportant un service irréprochable ainsi qu'un produit irréprochable.

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Quels sont vos principaux problèmes actuellement?

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Notre problématique est surtout due au manque de visibilité sur cette année 2015. Pouvons­-nous compter sur nos responsables politiques pour assainir notre économie ? Devons-­nous leur laisser la possibilité d'agir dans nos entreprises ? Comment devons- nous réagir face aux ouvertures le dimanche, aux consultations syndicales dans nos tpe, au compte de pénibilité, au compte de formation .... ? On nous parle de simplifier notre activité. Bien au contraire, on nous charge de plus en plus d’administratif, et nous, entrepreneurs, nous devons être au four et au moulin. Comment travailler détendu en étant sous pression fiscal et social?

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Avez­-vous un secret, une formule pour résister aux grosses chaînes de mode ? (diversification, nouvelles marques, repositionnement... )

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J’ai un seul mot d’ordre : pour être un entrepreneur sérieux, il faut connaitre les besoins de ses clients, prévoir l'avenir de son entreprise (prévisionnel d’achats, plan de trésorerie...), ne rien laisser au hasard dans la mesure du possible et communiquer entre nous.

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Quelles sont les marques qui sont présentes dans votre boutique?

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Elles sont nombreuses : Bruno Saint Hilaire, Daniel Hechter, Lagerfeld, Olymp pour le côté urbain. Et MCS, Trussardi, Esprit, Calvin Klein, Redskins, Vestiaires pour un dressing plus Détente.

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Quel est votre sentiment pour le futur ? De quelle façon la FNH pourrait vous aider davantage?

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Notre métier est à un tournant. Il faut nous questionner. Que voulons­nous ou plutôt que veulent nos clients? Préférons-­nous un centre-­ville sans boutiques indépendantes et rempli de grands magasins et de chaines qui apportent la même uniformité partout? Non, je crois vraiment à la diversité, je crois encore en notre métier, à ce grain de malice qu’apporte un professionnel avec ses conseils à la vente, pour la pièce qui fera toute la différence. Soyons fous, apportons la différence avec un choix de marques différentes et un large panel de tailles pour couvrir les habitudes vestimentaires. Quant à la FNH, elle est le lien dans notre métier souvent isolé. Croyant pouvoir s’en sortir seul, le commerçant indépendant se doit de s'unir. L’union fait la force ! Ce n’est pas un vain mot surtout actuellement. Cette fédération est au coeur de notre métier agité. Il faut garder l’envie d’évoluer sur le plan social, sur des problématiques comme internet ou les fournisseurs.

en savoir plus: Le commerce de mode français en danger? (I)

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