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Designers Apartment : la bonne énergie

By Herve Dewintre

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Salons

L’ambiance est bonne Atelier Richelieu. Alors qu’un nombre incommensurable de marques (que ce soit en salons, en showrooms, ou sur les podiums) tentent d’attirer l’attention d’acheteurs frileux et d’une presse sur-sollicitée, onze labels ont la chance et le luxe de pouvoir présenter leurs collections dans les calmes et vastes espaces alloués pour eux par la Fédération française de la Couture avec le soutien du Defi, dans le cadre de la 6e édition de Designers Apartment.

Certains sont présents depuis plusieurs éditions, d’autres ont aménagé leurs portants pour la première fois dans ce showroom, certains défilent (parfois même en couture) d’autre non, mais tous, que ce soit Aurélie Demel, AVOC, Belle Ninon by Ling & Dawei, Etienne Deroeux, Iris Cantabri, Koché, Maison Père, Monographie, Risto, Stéphanie Coudert ou encore Y/Project ont en commun la qualité évidente des matières choisies, l’extrême soin portée à la fabrication, les coupes qui cachent presque toujours une grande technicité de patronages et de volume, le tout couronné par une fraicheur dans l’attitude capable d’émouvoir les professionnels les plus blasés.

La richesse de la sélection présentée a visiblement fait mouche. Lors des premières éditions, les commandes étaient parfois faits bien rares pour quelques uns, mais la morosité n’est visiblement pas de mise cette fois-ci. L’enthousiasme et l’énergie prédominent sur les deux niveaux du showroom.

"Tous les acheteurs sont passés"

Chez Y/Project, marque fondée en 2010 et dirigée depuis 2013 par Glenn Martins (sorti majeur de l’institut de la mode de l’Académie Royale des Beaux Arts d’Anvers en 2008 avant de travailler sur différents projets à fortes visibilité pour des marques européennes), l’ambiance est même au beau fixe. Cem Cinar, le contact commercial de la marque, est tout sourire.« Tous les grands acheteurs sont passés. En tout, nous sommes vendus dans une trentaine de magasins multimarques ». Les silhouettes jouent sur la versatilité, le confort et l’audace. Les coupes architecturales dialoguent sans frilosité avec des matières souples, la netteté graphique avec le streetwear urbain, les tissus classiques et tech se superposent pour créer des effets graphiques Op-Art en mélangeant des matériaux comme les tweeds Harris ou autre pied de poule avec des hologrammes en latex et vinyl.

Ce qui frappe, c’est la maturité de l’équipe créative et commerciale, qui bien que jeune, a appris avec patience les rudiments d’une bonne collection, l’art de savoir concevoir des pièces pour tels ou tels marchés géographiques, l’intelligence du bon sourcing (sans se focaliser sur le ruineux made in France) agrémenté d’une puissante dose de bonne humeur, d’énergie et d’huile de coude dès lors qu’il s’agit, pour chaque membre de l’équipe, de mettre la main à la patte, sans rechigner.

Produire en interne pour réduire les couts

Même son de cloche chez Stéphanie Coudert, lauréate du festival de Hyeres , qui crée depuis 15 ans des pièces uniques et des éditions limitées diffusées à Paris, au Japon et au Moyen Orient. Elle a intégré à nouveau le calendrier des défilés couture en juillet dernier à Paris dix ans apres avoir été invité une premiere fois en 2004. Elevée à Teheran, Bagdad puis Versailles, la créatrice possède une vision internationale de la femme assortie d’une connaissance de savoir-faire typiquement parisien. « Ma force, c’est de pouvoir décupler mon énergie quand je rencontre des obstacles » dit-elle avec une grande simplicité.

Et les difficultés sont souvent nombreuses pour ces jeunes maisons. Ne serait ce qu’avec les façonniers français qui n’hésitent pas parfois à traiter avec une certaine condescendance, voire même parfois, avec sauvagerie (en pratiquant des marges changeantes au gré de l’humeur) ces jeunes structures nécessairement modestes. « J’ai la chance de savoir former des équipes, ce qui me permet de pouvoir produire même lorsque je rencontre des difficultés. J’ai aussi acheté certaines machines qui me permettent de compléter mon savoir faire (la créatrice dont le travail consiste à modeler directement en volume autour du buste, avec beaucoup de fluidité, s’est déjà taillée une superbe réputation dans un savoir-faire typiquement parisien : le double face). Je réfléchis à trouver la méthode idéale qui me permettrait de produire le maximum en interne, afin d’éviter l’ajout d’une marge supplémentaire ».

A l’étage de l’Atelier Richelieu, là encore, il y a de l’énergie à revendre. Guillaume Michel, après avoir acquis les bases du métier sur les bancs de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, a développé sa technique au sein de maisons de Couture comme Emmanuel Ungaro ou encore Alexis Mabille avant de créer sa propre marque Iris Cantabri. « On a récemment eu notre première commande à 5 chiffres pour un grand multimarque à l’étranger, c’est encourageant » dit-il avec un large sourire à peine tempéré par le fait qu’un de ses façonniers, a tout à coup décidé d’augmenter considérablement ses tarifs sur une pièce rééditée. Mais peu importe, le créateur n’en aimerai pas moins le savoir faire français d’exception comme la passementerie : sa production made in France s’épanouit avec force sur des silhouettes novatrices et féminines. On sent déjà une signature forte dans cette jeune maison qui se définit à travers une fluidité structurée du vêtement et qui s’exalte dans des matières nobles. Ultra frais.

crédits photos : Y/Project – Iris Cantabri

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