Granjon: Smartphone booste la consommation

Vent

e Privée fête ses dix ans en novembre et s'apprête à traverser l'Océan grâce à un accord avec American Express. Toutefois, avant de s'envoler pour l'aéroport new-yorkais JFK à la fin de l'année, la création de Jacques-Antoine Granjon ne perd

pas de vue les marques et le commerce mobile (qui représentent aujourd'hui plus de 10% du chiffre d'affaires).

L'entreprise offre aux marques un service spécial avec la Digital Commerce Factory dont le siège est situé à Paris au quartier général de Vente Privée, à La Plaine Saint Denis. Cette structure se trouve à deux pas du premier centre de production audiovisuelle en Europe, où la société réalise les vidéos et les photos des ventes événement qui, en 2010, lui ont permis d'atteindre 969 millions de chiffre d'affaires (+15% par rapport à 2009). Par ailleurs, le site compte plus de 14 millions de membres. Des chiffres tout à fait respectables. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant si en France M. Granjon s'est valu le surnom de "capitaliste de gauche", d'autant plus qu'une Bentley rouge est toujours parquée devant son bureau. L'extérieur des entrepôts, le site web et une partie de l'ameublement revêtent tous la même couleur rose fuchsia dominante, joyeuse et certainement porte bonheur.

Chiffres à l'appui, la situation est la suivante : 75 000 colis expédiés chaque jour, 6 entrepôts, 3 centres logistiques en Espagne, Allemagne et Italie. La structure qui produit toutes les vidéos destinées aux ventes en France, Espagne, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Autriche et Belgique, auxquels s'ajouteront l'Amérique et les Pays-Bas, comprend 60 studios photos et vidéos, 5 studios d'enregistrement, et réalise 15 mille photos par jour. Mannequins, photographes et maquilleuses, matériels photographiques, fers à repasser professionnels, divans, vêtements et portemanteaux sont réunis, dans un désordre hyper-organisé, dans la digital factory qui accueille 260 personnes sur un total de 1400 employés.

En somme, cette unité opérationnelle est au service des 1450 marques partenaires (prêt-à-porter, design pour la maison, jouets, high-tech) qui depuis mars ont décidé de confier la réalisation de leur site au colosse français, à travers la toute nouvelle société Digital commerce factory. "Parmi nos clients nous comptons Courrèges, Descamps, Jalla, Cwf et Le Tanneur", explique Catherine Barba à FashionUnited, associée et directrice générale de Digital commerce factory. La société s'occupera aussi bien de la réalisation des sites, que de la logistique. Et les coûts? "Les coûts de gestion sont liés à l'évolution des ventes, si bien que nous réalisons des bénéfices si le site marche bien", ajoute la directrice générale. Elle précise également que d'après une étude menée par Brandz/Millard Brown, Vente Privée est aujourd'hui la première marque recommandée par les français dans la catégorie e-commerce et la cinquième recommandée en absolu, devant Chanel et Nespresso et après Google et Apple. Barba ajoute que la nouvelle entreprise offre aussi des services de consultation et d'audit aux sites de e-commerce qui ne décollent pas. Quelles sont les erreurs les plus fréquentes? "Souvent une culture spécifique fait défaut, et puis il faut être bien placés sur Google, et mettre au point des opérations sur mesure pour attirer l'attention sur le web". Mais ce n'est pas tout. Le mobile exige lui aussi le même soin et la même attention.

En

2011 la société prévoit de franchir le cap des 100 millions d'euros de chiffre d'affaires grâce à la vente sur dispositifs mobiles. Aujourd'hui plus de 240 000 personnes se connectent chaque jour sur le site de vente-privee.com à travers les dispositifs mobiles. L’entreprise a proposé d'adapter son site au mobile avec des applications pour iPhone, iPad, Windows Phone et Android. "La question n'est pas tant de savoir si ce support est complémentaire ou s'il "cannibalisera" les ventes sur le web : pour nous, il représente déjà un nouveau service pour nos membres", observe Granjon, directeur général et fondateur de vente-privee.com. "Demain le smartphone sera devenu un objet indispensable, la baguette magique de la consommation”. A en juger au chemin parcouru, on peut le croire sur parole : de stockiste dans le textile diplômé de l'European Business School et un magasin dans la rue Pierre Chausson, il se retrouve aujourd'hui à la direction d'une société qui, pour débarquer en Amérique, pays d'origine du e-commerce et du mobile, est arrivée à séduire un mastodonte comme American Express.

Notre correspondant: Isabella Naef