Un fonds américain s'offre 20 pour cent de Versace

On a coutume de dire que la Renaissance est inscrite dans l’ADN des maisons de mode italiennes. Au-delà du jeu de mot, il faut bien constater que les grands labels milanais et romains réussissent toujours à se ressaisir après des longs passages à vide. C’est encore plus vrai aujourd’hui à l’heure où

les investisseurs internationaux montrent un appétit prononcé pour les marques de luxe italiennes, la plupart des maisons familiales, qui ont longtemps souffert d’être sous-capitalisées.

Après une longue période de difficultés qui a commencé au décès de son fondateur en 1997, Versace -fondé en 1978 par Gianni Versace- a su redresser la barre il y a trois ans. Un redressement largement attribué à l'administrateur délégué Gian Giacomo Ferraris, un vétéran de l'industrie de luxe qui a repris les rênes opérationnels de Versace en 2009. En 2013, le chiffre d’affaire a augmenté de 18 pour cent pour se situer autour de 480 millions d’euros avec un résultat opérationnel de 69 millions d’euros (soit un bond de cinquante pour cent de son bénéfice courant). De quoi permettre à la famille Versace qui détenait 100 pour 100 du capital jusqu’ici et qui avait bien besoin de capitaux frais, de se montrer regardante sur le profil de l’investisseur.

Depuis un an, Gian Giacomo Ferraris indiquait que Versace était prête à céder une partie de la société à des investisseurs extérieurs afin de financer son développement sur des marchés étrangers. Pas question pour autant de renoncer à son indépendance. La société avait donné un mandat à Goldman Sachs : en cas d'opération sur le capital, le nouveau partenaire devait s'engager à conserver le management actuel. Les acquéreurs en lice étaient principalement le fonds de capital-investissement américain Ccmp et le fonds Investcorp, basé au Bahrain. La société d'investissement de la famille royale du Qatar, Mayhoola était également pressentie. Ce fonds avait repris il y a plus d’un an une autre griffe italienne, Valentino, au fonds Permira pour 700 millions d’euros.

Versace valorisé à un peu plus d’un milliard d’euros

Pourtant, deux mois après avoir investi 145 millions d’euros dans le fabricant de sabots Crocs, c’est le fonds américain Blackstone qui a été choisi : il s’offre ainsi 20 pour cent de Versace pour 210 millions d’euros. Selon les termes de l’accord annoncé par le groupe milanais, Blackstone va injecter 150 millions d’euros dans le capital de Versace, à travers une augmentation de capital réservée et va acquérir 60 millions d’euros d’actions auprès de la GIVI Holding (la holding de la famille Versace) L’opération valorise à un peu plus d’un milliard d’euros l’ensemble du groupe. La famille de Gianni Versace : Santo et Donatella restera au cœur de la direction des affaires.

Le fonds américain aurait été choisi pour sa connaissance des marchés asiatiques, en particulier de la Chine, la Corée du sud et le Japon où le groupe milanais reste encore relativement sous-représenté. Le portefeuille immobilier international de Blackstone aurait également joué en sa faveur. Parmi les marchés d’expansion prioritaires du groupe figurent les Etats-Unis, l’Allemagne et l’Espagne en plus des marchés asiatiques. L’objectif du groupe détenu par Santo et Donatella Versace, ainsi que sa fille Allegra (principale héritière à 50 pour cent) reste encore de doubler le chiffre d’affaires du groupe, à 800 millions d’euros en 2016. L'idée d'une introduction en Bourse de Versace d'ici trois à cinq est toujours à l'ordre du jour.