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Année de la Corée : quand les créateurs du "pays du blanc" affichent la couleur

By AFP

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Culture

Des designers inspirés par les anciennes dynasties royales aux broderies virtuoses d'une créatrice fascinée par la couleur, la Corée ne cesse de réinventer ses traditions, comme l'illustrent deux expositions parisiennes donnant le coup d'envoi de l'année France-Corée.

"On dit souvent de l'Asie qu'elle est entre tradition et modernité, c'est particulièrement vrai pour la Corée !", juge la commissaire générale de l'année France-Corée, Agnès Benayer. "C'est un pays qu'on connaît très mal en France" souligne-t-elle. Or "si c'est un pays très lointain géographiquement, il est très proche de nous dans sa façon d'aborder la culture, la diversité culturelle, l'attachement aux artistes".

Cette réinvention de la tradition, In-Sook Son en est une singulière illustration. Le travail de cette créatrice issue d'une lignée de brodeuses est magnifiquement exposé à l'Hôtel Heidelbach, à deux pas du musée Guimet (jusqu'au 14 mars). Depuis 1976, In-Sook Son a revisité toute la garde-robe féminine classique - des tenues des petites filles au "hwarot", la robe de mariage des dames de la cour.

Des vêtements très colorés, aux associations de teintes subtiles, rehaussés de broderies d'une extrême délicatesse. "La Corée ancienne était appelée 'le pays du blanc', car c'était la seule couleur portée par les hommes. Les femmes, qui n'apparaissaient que rarement, portaient en revanche des tenues très colorées", explique Sophie Makariou, présidente du Musée national des arts asiatiques Guimet.

Le visiteur de l'exposition conçue par Aurélie Samuel est accueilli par un mur de "pojagi". D'une infinie variété graphique, ce carré de tissu sert à envelopper toutes sortes d'objets.

Dans ses créations, In-Sook Son intervient dès la fabrication des matières premières - filage, moulinage - et choisit ses teintures naturelles. Elle conçoit aussi les noeuds décoratifs portés sur les robes et des accessoires baroques : bijoux, sacs, sans oublier des étuis de petits couteaux pour se défendre en cas d'agression. Pas question pour autant d'être prisonnière de la tradition : elle a ainsi refusé d'être sacrée Trésor national vivant.

K-pop

Les références au passé sont aussi constantes chez les designers contemporains, souligne Karine Lacquemant, commissaire de l'exposition "Korea Now !" au Musée des Arts décoratifs (jusqu'au 3 janvier).

Quelque 700 oeuvres de 150 d'artistes offrent une plongée dans la diversité et la vitalité du design, de l'artisanat, de la mode et du graphisme du "pays du matin calme". Les grandes coupes en laque réalisées par Chung Hae-cho, l'un des artistes qui ont "révolutionné l'artisanat et le design", évoquent les cinq couleurs traditionnelles coréennes.

Kwon Dae-Sup a quant à lui repris la tradition de la porcelaine blanche sous la dynastie Joseon, plus longue dynastie coréenne (1392-1910), pour imaginer des jarres, à partir de deux coupes assemblées. En face est exposée une table épurée, sculpture de bois et granit, de Choi Byung-hoon, autre designer majeur, qui s'est inspiré d'un site de dolmens du sud de la Corée.

Au-dessus d'une chaise au design contemporain de Song Seung-yong est accroché un abat-jour géant en forme de boule faite en papier Hanji, le papier traditionnel coréen. L'exposition donne aussi une large place à Ahn Sang-soo, célèbre graphiste qui a modernisé l'alphabet hangul. "Les Coréens sont la seule nation asiatique à avoir un alphabet, ce qui leur a permis très vite de jouer sur la mise en page, sur la tonalité de l'image, ce qui n'existe pas forcément dans d'autres traditions asiatiques avec les idéogrammes, extrêmement contraignants", souligne Olivier Gabet, directeur des musées des Arts décoratifs.

Côté mode, sont présentées plus de 120 silhouettes et accessoires, allant "des traditions du textile jusqu'aux plus jeunes créateurs de moins de trente ans qui sont liés au monde de la K-pop", explique Olivier Gabet. "C'est une vision de ce qu'est la mode coréenne, aujourd'hui considérée par beaucoup d'observateurs comme un des berceaux de la mode de demain". Le "hanbok", robe traditionnelle, inspire les créateurs. Comme en témoignent deux modèles du défilé croisière Chanel organisé par Karl Lagerfeld à Séoul en mai. (AFP)

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