Cartier vend ses meubles
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Le 3 mars prochain, Artcurial organisera une vente de mobilier ancien. Pas n’importe lequel puisqu’il provient des boutiques Cartier. Cyrille Vigneron, président de la maison de luxe français a en effet, dès les premiers mois de son mandat débuté en 2016, décidé de clarifier l’identité du joaillier et de préciser le périmètre de son territoire autorisé. Cette clarification s’exprime par une rénovation de l’intégralité points de ventes à travers le monde. Ainsi, depuis juillet 2020, le mythique 13 rue de la Paix écrit lui aussi une nouvelle page de son histoire. Le projet de rénovation de cette adresse emblématique est majeur : conduit par un collectif d’architectes prestigieux - 4BI, Pravda, Studio Parisien -, il porte sur les cinq étages du bâtiment et concerne aussi bien les espaces de réception des clients que le département des Archives et les ateliers de Haute Joaillerie. Dans chaque pays, ce programme de rénovation ambitieux concilie l’instinct de la couleur locale et le respect de l’identité du joaillier.
240 lots seront proposés. Ils proviennent des boutiques récemment rénovées. Plutôt que de se séparer sans éclat de son mobilier ancien, la maison a choisi la voie de la pédagogie. En effet, cette vente est d’abord une action qui s’inscrit dans une stratégie de responsabilité sociétale : le produit de la vente sera versé à la fondation Cartier Philanthropy qui s’engage à améliorer les conditions de vie des plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, dans les endroits du monde où les besoins en solidarité sont les plus considérables. « Depuis sa création en 2012, Cartier Philanthropy a investi 65 millions de francs suisses, précise Cyrille Vigneron. Elle s’associe à 40 organisations à but non lucratif qui contribuent à la mise en œuvre de solutions adaptées et mesurables ayant démontré leur efficacité pour le plus grand nombre »
Le goût de Jeanne Toussaint et de Louis Cartier
Cette vente sera aussi une leçon d’histoire et de goût. Du goût Cartier. Et plus précisément du goût si spécifique de deux esthètes : Louis Cartier et de Jeanne Toussaint. Petit-fils du fondateur, Louis Cartier, au début du XXème siècle, a délibérément choisi de mettre en avant, au détriment de l’Art Nouveau qu’il néglige, la joaillerie néoclassique, dite Louis XVI ou « guirlande ». Jeanne Toussaint, directrice artistique de la maison, paracheva cette singularité grâce à sa prédilection marquée pour les lignes claires. Les boutiques étaient une extension de ce gout pour la simplicité, la clarté et l’équilibre du style néo-classique. « Ce mobilier a reflète une facette de l’identité Cartier, confirme Pierre Rainero, directeur image, Style et Patrimoine Cartier. Sens des proportions, harmonie des formes…Louis Cartier comme Jeanne Toussaint ont tous deux puisé dans le XVIIIème siècle français pour asseoir les bases du style de la Maison. »
Concrètement, la vente mettra à l’honneur un mobilier en parfait état, prêt à l’usage. Y figureront de nombreux sièges (dégarnis et prêts à revêtir les couleurs des futurs acheteurs), un florilège de bureaux plats de style Louis XV et Louis XVI mais aussi des pièces de mobilier XXe : luminaires provenant de la maison Charles ou de créateurs tels que Julien Barrault, tables basses dans le gout de Bagues ou de Jules Leleu, lampadaires des années 1940 et 1950. Parmi les pièces vedettes : une console d’époque Louis XVI en bois sculpté et doré, attribuée à Georges Jacob (estimée entre 15 000 et 20 000 euros ) aux côtés d’une paire de fauteuils d’époque Louis XVI estampillés de Jean-Baptiste Claude Sené, en bois laqué, garni de cuir havane (estimés entre 800 et 1 200 euros), un petit canapé d’époque Louis XVI, estampille de Pluvinet, en bois sculpté et doré (estimé entre 5 000 et 8 000 euros), un grand bureau plat de style Louis XV à décor de vernis européen à motif de chinoiseries (estimé entre 3 000 et 5 000 euros) ou encore un bureau plat de style Régence en bois noirci et ornementation de bronze ciselé et doré (dont l’estimation haute est 2 000 euros). Les soixante lots les plus emblématiques seront exposés dans les salons de l’Hôtel Dassault avant leur mise en vente. Une seconde session se développera, en ligne uniquement, du 1er au 8 mars avec des pièces complémentaires.
Crédit photo : Artcurial, Cartier