Le Met Museum parie sur l'immersif pour réveiller les "belles endormies" de ses collections de mode
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New York - Sur une grande table horizontale se déploie une ample robe de bal fin XIXe, éblouissante malgré l'usure du temps : pour sa prochaine grande exposition mode au printemps 2024, le Met Museum de New York va parier sur l'immersif pour réveiller "ses belles endormies", avec TikTok comme parrain.
À l'instar de sa rétrospective Karl Lagerfeld en 2023, l'exposition de printemps du département mode du Met ("The Costume Institute") est toujours un événement attendu, dont l'ouverture coïncide début mai avec le gala du Met, la célèbre soirée philanthropique où se pressent les stars dans des tenues extravagantes.
Pour 2024, le grand musée new-yorkais a l'ambition de "réveiller" les "belles endormies" de ses collections (33.000 pièces), en les exposant et en réimaginant les sensations sonores, olfactives ou de toucher qu'elles ne peuvent parfois plus procurer, a expliqué mercredi le conservateur du Costume Institute, Andrew Bolton, lors d'une présentation à la presse.
Exemple avec cette robe de bal en soie satinée ornée de broderies et embellie de mousseline de la maison Worth, qui repose allongée sur une table, dans une salle du musée aux allures de laboratoire, inaccessible au public. La pièce de 1887 est aujourd'hui trop fragile et endommagée pour être dressée sur un mannequin. Elle sera donc montrée à plat, mais aussi reconstituée en images de synthèse et présentée sous forme d'hologramme, clin d'oeil aux expositions immersives qui ont le vent en poupe.
L'exposition du Met Museum sera aussi parrainée par TikTok, l'application de vidéos ultra-populaires auprès des jeunes du groupe chinois ByteDance, accusée depuis des mois par les autorités américaines d'espionner ses 150 millions d'utilisateurs aux États-Unis au profit de Pékin.
Andrew Bolton a mis en avant son "accessibilité". "Nous voulions vraiment avoir la plateforme la plus grande et la plus large possible en termes de diffusion à l'échelle mondiale", a-t-il ajouté lorsqu'il a été interrogé sur d'éventuelles craintes que ce choix soit critiqué aux États-Unis.
En tout, quelque 250 pièces vont reprendre vie, avec la nature pour fil conducteur, depuis cette veste brodée remontant aux années 1615-1620, jusqu'au XXIe siècle, symbolisé par cette robe de 2001 d'Alexander McQueen, tout en coquillages, dont les sons quand ils s'entrechoquent ont été recréés.
Généralement, le titre de l'exposition - pour 2024, "Les belles endormies : réveiller la mode" -, annonce aussi le code vestimentaire du Met Gala, faisant travailler l'imagination parfois sans limite des couturiers. (AFP)