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Le prochain défilé Dior donnera lieu pour la première fois à une exposition publique

By Herve Dewintre

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Culture

Comment conjuguer la frivolité et la profondeur ; l’éphémère et l’essentiel ? En insérant la mode dans un contexte plus global qui abolit la frontière entre l’art appliqué et l’art majeur. C’est du moins l’enseignement que l’on tire à l’annonce de la Maison Dior : en effet, du 21 au 26 janvier, à l’occasion du défilé haute couture printemps-été 2020 de la célèbre griffe parisienne, le musée Rodin accueille, au cœur de son jardin, l’installation The Female Divine de Judy Chicago. A l’invitation de Maria Grazia Chiuri, l’artiste américaine a conçu un décor spectaculaire qui fait penser à un lieu sacré chargé de messages engagés.

C’est la première fois qu’un défilé de la Maison donne lieu à une exposition ouverte au public. Cette exposition peut être considérée comme une prolongation des questionnements de la directrice artistique, comme une mise en lumière sophistiquée de son intérêt pour l’art féministe. Cet intérêt s’est déjà exprimé dans le passé par des échanges avec l’auteure nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, la poétesse américaine Robin Morgan ou encore avec la plasticienne italienne Tomaso Binga.

Une réactualisation militante de l’héritage Dior

La philosophie générale de ces échanges est très claire : Il s’agit de dépasser le vêtement et d’enchâsser un discours riche de sens dans chaque collection. « Pour Maria Grazia Chiuri, la mode et ses médiatisations, dans le contexte contemporain, constituent un cadre singulier pour la transmission de récits » insiste la Maison qui précise que « depuis son arrivée à la Direction Artistique des collections femme de la Maison, Maria Grazia explore les différentes facettes d’une identité féminine, inclusive, plurielle et universelle.» Une réactualisation personnelle et militante de l’héritage de Dior.

The Female Divine se conçoit comme une proposition : « celle d’une histoire alternative qui aurait vu le principe matriarcal se poursuivre jusqu’à nos jours ». Judy Chicago invite ainsi à reconsidérer rôles et relations de pouvoir qui déterminent, par le prisme du genre, nos manières de vivre ensemble aujourd’hui. Cette structure a été réalisée par le Bureau Betak. C’est une architecture « anthropomorphe » : elle représente le corps d’une déesse géante, d’après une sculpture imaginée par l’artiste dans les années 1970 (et qu’elle n’avait jamais produite). L’intérieur de cet édifice éphémère révèle une série de bannières – écrites en français et en anglais – soulevant différentes questions engagées, à commencer par : « What if women ruled the world? ». Ces vingt et un étendards colorés ont été confectionnés à la main, au sein d’une école de brodeuses, en Inde.

Le catwalk se compose d’un immense tapis orné d’un motif de « millefleurs » rappelant les « cours d’amour », grâce auxquels les femmes aidaient les hommes (souvent de retour des croisades) à se réadapter aux conventions sociales. En touche finale, une table est dressée, ponctuée des assiettes créées spécialement par Judy Chicago pour Dior Maison, déclinant ses couleurs et ses emblèmes fétiches, tels les coquillages et les spirales chargés de significations sacrées, symboles traditionnels des déesses. Cette installation prolonge notamment l’œuvre The Dinner Party (1974-1979) qui est considérée comme l’une des productions les plus marquantes du monde de l’art féministe du XXe siècle. L'installation de Judy Chicago se visite de 10h à 17h30 du mardi 21 au dimanche 26 janvier inclus. Le tarif : 12 euros.

Photo: Dior

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