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Lidewij Edelkoort présente sa vision du design à La Gaîté Lyrique

By Herve Dewintre

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Culture

Des oeuvres de designers mondialement connus ( Issey Miyake, Phillipe Starck...), des créateurs néerlandais influents (Atelier van Lieshout, Maarten Baas, Droog Design), plus que 250 pièces - meubles, mode et design industriel – issu de la collection du Centre national des arts plastiques (CNAP) : voici, en quelques mots, le contenu de la nouvelle exposition intitulée Oracles du Design qui se tiendra du 3 avril au 16 aout prochain à La Gaîté Lyrique à Paris et dont la commissaire d'exposition sera Lidewij Edelkoort, la célèbre « prévisionniste » hollandaise de modes et de tendances futures.

Cette exposition est le fruit d’un premier partenariat entre le CNAP et la Gaité Lyrique. Jerome Delormas et Yves Robert, directeurs respectifs des deux institutions ont confié une totale carte blanche à la chasseuse de tendances pour révéler sa vision personnelle, et même singulière, sur le design d’objets dans toute sa pluralité (mode et circuit de production, typologies d’objets ou encore nationalité des designers) afin de proposer un décryptage sur l’évolution du paysage domestique et sur les nouvelles façons d’habiter le monde.

« Le design peut être vu comme un oracle qui nous fait part de notre destin. Il est ultra léger pour mieux voyager, potelé pour nous protéger, bourgeois pour nous rassurer, intimiste pour nous cajoler. Il est méditatif pour nous apaiser, figuratif pour nous ravir, absurde pour nous interroger, brut pour nous attacher. Il est virtuel pour nous transporter » annonce la prévisioniste qui a divisé l’exposition en 10 thèmes et autant d’histoires formulant un style de vie et une envie de s’exprimer.

La finalité ? Montrer comment nous changeons de siècle.


Li Edelkoort a posé son regard prospectif sur la collection de design appartenant au CNAP, un fonds unique en Europe, constitué de milliers de pièces, et en a tiré une sélection d’objets emblématiques de nos modes de vie.
« Ne nous fions pas aux apparences, nous dit- elle. Derrière une chaise, une table ou un vase se cache toujours un objet chargé d’histoires et de symboles. Quelques exemples ? « Un meuble en fibre de carbone illustre le fait que nous vivons dans une société de plus en plus légère, voire immatérielle. Les objets simples, en bois blonds, un peu ruraux, traduisent, eux, notre attirance pour une vie plus normale, moins excessive. D’autres créations teintées de naïveté, réalisées à la manière de dessins d’enfants, nous prouvent que nous n’avons plus tellement envie de grandir et que nous avons du mal
à concevoir notre avenir dans l’époque de grands changements que nous connaissons ».

L’exposition raconte ainsi une dizaine d’histoires comme autant de récits de vies contemporaines. Les « objets noirs », à forte valeur symbolique, les « objets simples » c’est à dire, des créations purement fonctionnelles faites de bois, de courbes et de lignes pures, qui d’après la commissaire de l’exposition expriment une forme de ruralité, de modestie, presque un non-design dans lequel se lit notre besoin de faire le vide et de ralentir de plus en plus fortement nos rythmes de consommation. Les objets « humbles » qui sont en fait des créations immaculées, presque mystiques, appelant au calme et au bien-être spirituel pour mieux penser, se reposer, se concentrer ; les objets « curieux » qui allègent le quotidien « je les considère comme des pâtisseries du design auxquelles notre bouche sucrée ne pourrait résister. »

Artisanal ou industriel ? « Nous irons dans tous les cas, vers une fusion des choses »

Ensuite, viennent les objets « ronds », parfois gonflés ou matelassés comme des doudounes qui évoquent la sécurité, le refuge, la protection. « Ils suggèrent à la fois l’armure et la légèreté. Aujourd’hui,
nous voulons nous protéger, tout en restant ouverts au monde» ; les objets « abstraits » témoignant du fait que le design, sans vouloir aucunement se substituer à l’art contemporain, prend une place de plus en plus noble à ses côtés ; les objets « naïfs » qui racontent des histoires imaginaires : « Dessinés comme des dessins d’enfants, scribouillés, esquissés, ces objets nous donnent le sourire. De la même façon que nous nous sommes énormément rapprochés des animaux et de la nature ces dernières années, notre relation affective aux objets représentera à l’évidence un prochain grand sujet d’avenir. Ils ont un réel pouvoir sur nos états d’âme. »

Les derniers thèmes enfin : les objets « nomades », qualifiés d ‘intelligent, qui nous permettent d’être plus libres comme par exemples, les meubles pliables, les lampes portables, les textiles aux influences régionales et tous les objets mobiles ; les objets « mutants » : « L’avancée technologique va nous aider à travailler main dans la main avec les machines. Bientôt, nous ne saurons plus si les objets qui nous entourent seront issus de l’artisanat ou de l’industrie. Nous irons vers la fusion des choses. L’hybridation remplacera la bipolarité. Cette famille d’objets s’inspire de la 3 D, des matières ultra légères, du high-tech.
Et, paradoxalement, son esthétique rejoint souvent une certaine forme d’archaïsme » ; les objets « archaïques » qui reflètent une peur de l’avenir qui nous pousse vers des matières et des formes primitives, brutes, sauvages, inachevées. Certaines sont en papier, en bois ou issues du recyclage, d’autres s’apparentent
à un cocon. Toutes expriment notre désir de nous rapprocher de quelque chose d’élémentaire. Et enfin, les objets « organiques », des objets sculpturaux traduisant notre intérêt pour des créations raffinées, célébrant la main de l’homme. Un retour à la forgerie comme une nouvelle envie de se façonner un futur.

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