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Paul Smith "colore" Picasso, 50 ans après sa disparition

By AFP

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Culture
Le créateur de mode britannique Paul Smith pose lors d'une séance photo au musée Picasso à Paris en mars 2022. Photo de Stephane de Sakutin / AFP.

Paris - Rayures multicolores, surfaces monochromes et papier-peint vintage, moquette bleu nuit ou vert profond... pour le 50e anniversaire de la mort de Pablo Picasso, le célèbre styliste britannique Paul Smith a métamorphosé le musée parisien dédié au monument de la peinture mondiale.

Celui qu'il a "toujours considéré comme plein énergie, d'idées, de modernité et qui n'a cessé de chercher de nouveaux chemins artistiques", explique à l'AFP le créateur de 76 ans, enthousiaste, au coeur du musée relooké.

"J'ai eu carte blanche pour faire ce que je voulais, ce qui était tout à la fois fantastique et effrayant !", ajoute l'homme aux cheveux blancs mi-longs et à la haute silhouette longiligne, cintrée dans un costume bleu-marine.

"J'ai choisi de le faire +très décoratif+" car "l'idée initiale était pour moi d'amener le public à regarder Picasso sous un nouveau jour, notamment les jeunes générations", ajoute-t-il, campé au milieu d'une salle aux murs rayés de jaune et de bleu d'où semblent surgir des portraits déstructurés et colorés du maître espagnol, dont un de sa muse Dora Maar.

A la place des anciens murs blancs, un flot de rose, de bleu, de vert, de rouge sang, des jeux de lumière naturelle géométriques et de papiers-peints sophistiqués aux teintes pastel, reprenant avec exactitude certaines couleurs des oeuvres de Picasso, accueillent le visiteur.

Ce décor habille désormais les trois étages de l'Hôtel Salé, qui abrite le musée Picasso, au coeur du quartier du Marais à Paris.

Avec un "classicisme décalé" sur lequel il a bâti son empire, Paul Smith y a aussi imprimé partout les rayures multicolores qui ont fait sa marque de fabrique.

"Pari"

"Un pari" pour la directrice du musée, Cécile Debray, dont l'institution pilote les commémorations en France et "n'a pas vocation à être un mausolée au grand homme" mais "à s'ouvrir aux débats et la réflexion sur Picasso afin de relire l'oeuvre et d'en montrer la vitalité".

Des "Demoiselles d'Avignon" aux collages, de la période bleue aux représentations du cirque en passant par le "Déjeuner sur l'herbe", la tauromachie, le bestiaire de Picasso ou la céramique, loin d'engloutir les chefs d'oeuvre du maître espagnol, la palette du styliste britannique en accentue la force et la modernité.

"J'ai regardé 200.000 oeuvres mais, lorsqu'on se concentre sur l'oeuvre, c'est sa différence qui rend Picasso si inspirant et le fait qu'il n'a jamais eu peur de reconnaître ses sources d'inspiration: Cézanne, les grands classiques ou Manet, contrairement à tant de créateurs et de musiciens aujourd'hui qui n'admettent pas qu'ils ont été influencés par d'autres", poursuit Sir Smith.

Et d'ajouter: "il a commencé très, très jeune comme artiste, il n'a cessé de rechercher de nouvelles idées, de nouvelles formes. Et c'est ce qu'il faut faire. Pour rester indépendant et pertinent pendant toutes ces années, vous devez sans cesse réévaluer, repenser et c'est peut-être la raison pour laquelle on m'a demandé de faire cette exposition, parce que je pense tout le temps comme ça", en traçant avec ses bras des chemins de traverse par opposition à une ligne droite.

Humour

Les univers des deux créateurs se rencontrent parfois, comme autour d'un amour partagé pour les objets, pour le costume ou la mise en scène.

Avec humour, Paul Smith s'inspire notamment de la célèbre "Tête de taureau" de l'Espagnol, créée en 1942 avec une selle de vélo et un guidon, pour concevoir une série de sculptures modernes qui lui font face dans l'exposition. Un autre espace est consacré à la célèbre marinière du maître.

En contrepoint, des oeuvres d'une dizaine d'artistes contemporains internationaux, reprenant à leur compte certaines idées de Picasso, dont Guillermo Kuitca, Obi Okigbo, Mickalene Thomas et Chéri Samba.

Né le 25 octobre 1881 à Malaga (Espagne), Picasso a vécu la plupart de sa vie en France, où il est mort le 8 avril 1973 à Mougins (Alpes-Maritimes), à l'âge de 91 ans.

Le 50e anniversaire de sa disparition sera marqué tout au long de l'année par une quarantaine d'expositions dans le monde et de nombreuses conférences, avec l'inauguration à l'automne à Paris d'un centre de recherche à deux pas du musée Picasso ainsi qu'un symposium international au même moment à l'Unesco, selon Mme Debray.(AFP)

Paul Smith