Un des "papys braqueurs" de Kim Kardashian se met à table dans un livre
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Paris - Il fait partie des “papys braqueurs”, ces malfrats à l’ancienne qui ont défrayé la chronique mondiale en détroussant la star américaine Kim Kardashian à Paris en octobre 2016. Avant son procès, Yunice Abbas, 67 ans, raconte “sa vérité” de “truand à mi-temps” dans un livre paru mercredi.
“Les jurés devront décider et en théorie ils le font uniquement avec ce qui est présenté devant eux mais dans cette affaire, il y a eu 50 versions déjà racontées, de nombreuses choses dites. J’ai donc souhaité apporter ma vérité, celle que j’ai vécue”, raconte-t-il à l’AFP.
Cette nuit du 3 octobre, en pleine “Fashion week”, une équipe de cinq hommes, tous âgés de 60 à 72 ans, pénètrent à 2H30 du matin dans l’appartement loué par la vedette de téléréalité dans le coeur de Paris. Ils y dérobent pour 9 millions d’euros de bijoux, le plus important vol commis sur un particulier depuis vingt ans en France et dont une large part n’a toujours pas été retrouvée, et prennent la fuite en laissant derrière eux Kim Kardashian ligotée sur son lit.
Repérage, préparation, infiltration et passage à l’acte, Yunice Abbas décrit en détail dans “J’ai séquestré Kim Kardashian” (L’Archipel) un “coup” parfaitement exécuté. Il en profite pour tordre le cou à l’image de “pieds nickelés” ou de “total amateurisme” alors donnée à leurs exécutants par la presse. L’opération était celle de professionnels, agissant “à l’ancienne, sans violence ni agressivité”, insiste ce sexagénaire, au visage arrondi, cheveux poivre et sel et voix énergique.
Une vie de “demi-sel”
Interpellé avec ses complices présumés trois mois plus tard, M. Abbas attend désormais d’être renvoyé devant la justice. “J’étais rangé depuis neuf ans, je n’ai pas couru après (ce braquage), on m’a proposé d’y participer à un moment où j’avais besoin d’argent pour continuer à travailler. L’idée a fait son chemin et j’ai fini par accepter”, détaille-t-il.
Sa victime ? “Je sais que c’est quelqu’un de célèbre mais sans savoir qui. D’ailleurs, je ne la croise même pas”. Yunice Abbas décrit ce saucissonnage spectaculaire comme le point final d’une vie de “demi-sel”. “Une sorte d’intermittent du Milieu, qui participe à différents coups mais sans faire partie d’une équipe”, explique son coauteur, Thierry Niemen.
Un parcours criminel fait de réussites et de ratés qui lui vaudront de passer la moitié de sa vie d’adulte derrière les barreaux. Parfois à tort, assure-t-il. De ses années en prison, vingt-et-une au total, Yunice Abbas garde la conviction qu’il aurait pu être “sauvé” s’il avait été aidé à se réinsérer. “Quand je sors de Melun (en 1988), après cinq ans et dix mois, je demande simplement à m’inscrire au chômage. J’avais cotisé toute ma vie jusque-là mais on me l’a refusé”, déplore l’ancien taulard, “il faut alors vous débrouiller”.
“Raccourcis qui rallongent”
“J’avais deux enfants en bas âge, les charges qui vous tombent tout de suite dessus, vous devez vous reconstruire… Alors on se tourne vers ce qu’on voit comme un moyen plus rapide de se refaire un peu mais c’est ce que j’appelle des raccourcis qui rallongent”, analyse-t-il. Pour lui, ni la justice ni la prison ne préparent correctement les détenus à leur retour à la vie normale.
“La prison peut être utile si vous n’y restez pas trop longtemps. Mais quand elle commence à ne plus vous faire peur, c’est terminé”, note Yunice Abbas. “L’autre piège est la notoriété que peut apporter la prison à certains, qui s’y font respecter mais ne sont plus personne quand ils en sortent. Il y en a qui ne réussissent pas à rompre avec ça”.
Après le braquage de Kim Kardashian, M. Abbas a passé vingt-deux mois en détention provisoire à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), avant d’être placé sous contrôle judiciaire à cause de ses problèmes de santé. “Mon état de santé s’est beaucoup dégradé, j’ai de nouveaux petits problèmes mais je me fais soigner”, glisse celui qui a été opéré du coeur. “Ma crainte, c’est de retourner en prison, je n’ai plus la santé. Il y a des soins en prison, ce n’est pas le problème, mais si vous faites une crise, le temps que le nécessaire se fasse, il peut se passer des heures parfois catastrophiques”, avoue Yunice Abbas. (AFP)