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André Courrèges est décédé mais l’entreprise est en pleine croissance

By Céline Vautard

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Alors que le couturier s’est éteint à l’âge de 92 ans, la griffe lancée dans les années 60 sera en 2016 sous les feux de la rampe. Elle entre en effet dans une nouvelle phase de développement.

Les hommages ont été nombreux à l’annonce de la mort du couturier, jeudi 7 janvier 2015, à l'âge de 92 ans à son domicile de Neuilly-sur-Seine. André Courrèges, qui avait cessé ses activités professionnelles dans les années 1990, « s'est éteint après un long combat de plus de trente ans contre la maladie de Parkinson », a précisé la maison de haute-couture qu'il avait fondée.

Le Corbusier de la haute couture

De fait, l’homme visionnaire a marqué l’histoire de la mode en bousculant les codes et en donnant plus de liberté de mouvement aux femmes. L'architecte de la mode est alors baptisé « Le Corbusier de la haute couture ». Avec ses mini robes en vinyle et ses bottes plates, ses silhouettes blanches et épurées, il invente une ligne révolutionnaire en A pour la femme moderne des années 60. Tellement révolutionnaire que l’ADN de la marque, restée intacte depuis son arrêt dans les années 90, a pu renaître grâce à l’entière confiance qu’André et sa femme Coqueline ont accordé en 2011 à Jacques Bungert et Frédéric Torloting qu’ils désignent comme repreneurs officiels. « Nous vous transmettons l'intransmissible », leur avaient-ils dit comme pour leur souhaiter bonne chance. Aujourd’hui, la tâche leur incombe donc comme un héritage.

Une relance réussie

Après l’incertitude des débuts et les questionnements, Courrèges a tenu bon. A ceux qui doutaient et questionnaient : peut-on relancer une marque endormie ? Jacques Bungert et Frédéric Torloting ont cloué le bec. Dans l'atelier historique situé à Pau (Pyrénées-Atlantiques), la douzaine de couturières s’est remise au travail et la griffe embauche à nouveau pour former et transmettre les secrets de fabrication (le prêt-à-porter, qui représente 75 pour cent des ventes de la marque, est entièrement fabriqué en France à l'exception de la maille, sous-traitée en Italie). Aujourd’hui le site emploie 25 personnes. On y prépare les prototypes, y effectue les contrôles qualité, tandis que la logistique y a été relancée. Enfin, un premier cap est passé en mai 2015 avec la nomination de Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant, 25 et 26 ans, fondateurs en 2013 de la griffe confidentielle Coperni (prix ANDAM en 2014), à la direction artistique. Soit de la fraîcheur pour une griffe qui souhaite avant tout garder son esprit avant-gardiste. « On dit qu’à la naissance de Courrèges, les mères ont voulu s’habiller comme leurs filles, et non plus le contraire. Nous partageons ce même désir de nous projeter dans le futur », confiait alors le duo.

Un redéploiement international

Prête pour rayonner de nouveau, Courrèges passe avec succès l’épreuve de la Fashion Week parisienne en septembre 2015. Quinze pièces savamment travaillées et déclinées en différents coloris défilent devant la presse internationale. Entre temps, elle a aussi ouvert une boutique à Luxembourg, un deuxième magasin à Paris, rive gauche, et a reconstitué son réseau de distribution qui compte aujourd'hui environ 250 points de vente dans une vingtaine de pays.

Et en 2016, Courrèges entend accélérer la cadence. « D'ici trois à cinq ans, il faut que nous puissions couvrir correctement les marchés qui sont importants pour nous avec des ouvertures de boutiques notamment à New York, Tokyo, Londres, Séoul et Madrid », confiait récemment Frédéric Torloting à la presse économique.

Loin de l’âge d’or des années 1970 où Courrèges employait 300 ouvrières pour produire jusqu’à 4 000 pièces par semaine livrées dans 165 boutiques dans le monde, la griffe a vu depuis 2011 les ventes de la boutique historique de la rue François 1er à Paris multipliées par trois pour 15 fois plus de pièces de prêt-à-porter fabriquées. Quant au chiffre d'affaires 2015, il avoisinerait les 20 millions d'euros.

Photos : Atelier Courrèges à Pau – Le duo Coperni entouré de Jacques Bungert et Frédéric Torloting – Défilé P/E 2016 Courrèges.


André Courrèges