Avec 1083, le jean français n’a jamais eu autant de succès et d’avenir
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Avec l’ouverture de sa première boutique parisienne, la marque de denim made in France poursuit sa croissance. Au cœur de sa stratégie, le développement de filière prime. Rencontre avec Thomas Huriez, co-fondateur de 1083, qui se bat pour recréer de l'emploi en France et faire consommer local.
Vous venez d’inaugurer votre flagship au 114, rue de Turenne (Paris 3ème). Quel en est le concept ?
L’ouverture de ce lieu représente plusieurs choses pour nous. Sur les 225 mètres carrés de surface, un tiers est dédié à la vente et deux tiers servent à la fabrication. De fait, il y a sur place un atelier de production (15 machines à coudre) qui initie le lancement du jean sur-mesure avec Smugler. Nous proposons aussi des ateliers pour réaliser son jean soi-même (un patron est d’ailleurs en téléchargement gratuit sur le site de la marque) ou le réparer. Notre objectif est ainsi d’être toujours au plus près des consommateurs. Le lieu nous sert aussi de bureau dans la capitale et au sous-sol un showroom nous permet d’accueillir nos revendeurs.
1083 est une marque made in France, comment est répartie votre production ?
Nous avons un atelier à Romans sur Isère où se trouve notre siège, mais nous travaillons aussi avec des ateliers partenaires à Marseille et à Bobigny. Petit à petit nous créons toujours plus d’emplois en France et surtout nous intégrons de nouveaux métiers. Ainsi, avec la reprise de Valrupt dans les Vosges en septembre 2018 (depuis rebaptisé Tissage de France), nous disposons désormais de notre propre activité de tissage et de filature. Un service que nous proposons pour d’autres marques. Avoir un vrai développement de filière, c’est garantir au maximum notre démarche dans le made in France.
Justement, chaque jean est-il 100 pour cent made in France ? Peut-on tout faire chez nous ?
Tout oui, sauf le coton ! En fait, du filage, à la teinture jusqu’à la confection, aujourd’hui tout est réalisé en France. Mais sur la question du coton, c’est en train de changer car d’ici 2020 nous allons devenir producteur de coton. Comment ? Tout simplement grâce à nos vieux vêtements que nous sommes en train d’apprendre à recycler pour se reservir de la fibre. L’entreprise est dans la diversification pour être plus robuste sur le long terme.
“La France manque cruellement de capacité de production, c'est pourquoi nous venons de lancer l'Ecole du jean à Romans“, Thomas Huriez, co-fondateur de 1083.
Y a t-il des points noirs dans le rouage du denim français ?
Même si nous connaissons une croissance importante, beaucoup de choses restent difficiles et les enjeux sont encore nombreux. Par exemple, malgré la demande, la France manque cruellement de capacité de production. Aussi, pour y remédier, nous venons de lancer l’Ecole du jean à Romans sur Isère où nous proposons aux demandeurs d’emplois une formation et un métier qualifié. A la clé pour eux : un diplôme et un CDI. Quoi de plus beau que le métier de couturière qui est un vrai savoir-faire et dont on ne soupçonne pas l’attractivité ? On découvre cela avec le Tourisme Industriel qui apprend la vraie valeur d’un métier. Enfin, je crois aussi que l’avenir est dans la production locale et au retour à un mode de distribution plus simple et surtout plus court où les choses sont produites pour durer et être réparées. Bien sûr, en comparaison avec les 88 millions de jeans vendus chaque année dans le monde, nous n’en avons vendons que 100 000 depuis nos débuts en 2013, soit une goutte d’eau dans l’océan du jean ; mais le but de 1083 est de construire un modèle qui valorise la qualité et non la quantité.
Quelle est la prochaine étape pour 1083 ?
Nous allons racheter la friche industrielle qui abritait l’usine Charles Jourdan en plein cœur de Romans. 1083 manque de place et nous cherchions un espace en centre-ville afin de produire mais aussi distribuer. A deux pas de Marques Avenue, l'espace abritera notre atelier de confection, un espace de restauration et une boutique. Nous l’imaginons comme un lieu de vie ouvert qui permettra de visiter notre société. Nous voulons amener les gens à consommer local et nous proposerons à d’autres marques made in France de nous rejoindre. Pour l’instant, le dépôt de permis a été déposé, il faut compter 6 mois d’instruction et ensuite un an de travaux. Si tout se passe bien nous emménagerons au deuxième semestre 2020 !
1083 en chiffres :
- 100 000 jeans vendus depuis 2013
- Développement du chiffre d'affaires x40 en 6 ans
- Création de 55 emplois direct
- Création de 50 emplois indirect
- 97 pour cent du produit est réalisé en économie locale
- 8 millions d’euros de chiffre d'affaires en 2019
- 1 filature + 42 métiers à tisser + 25 machines à coudre à Romans + 15 machines à coudre à Paris.
Photos : ©1083