Avec sa première collection de prêt-à-porter, Charles de Vilmorin réenchante ce vieux truc qu’on appelle le romantisme
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Présentée dans le cadre du showroom Sphère, la première collection de prêt-à-porter automne-hiver 2024/2025 de Charles de Vilmorin est d’une poésie héritée du 19ᵉ siècle, entre vapeurs d’alcool et rencontre nocturne enflammée.
On s’attendait à un univers coloré, à l’image de son univers graphique, largement déployé en couture ou dans le cadre de scénographies pour le festival de Hyères ou les Galeries Lafayette, il n’en est rien. Pour sa première collection de prêt-à-porter (20 pièces), intitulée « Un verre de romance », le créateur privilégie une palette de noir et blanc d’inspiration gothique.
Après un départ sur les chapeaux de roue (des collections Couture chez Rochas et pour sa marque éponyme), on aurait pu l’imaginer en mode « a star is born ». Il reçoit FashionUnited sur son stand, en toute humilité et discrétion. « Ma collection raconte l’histoire d’un rendez-vous amoureux dans un bar parisien », explique-t-il. Sur ses dessins, des verres, des bouteilles et des textes, écrits à la main, inspirés des poèmes de Georges Sand, sans doute de ses lettres d'amour à Alfred de Musset.
« Un verre de romance » par Charles de Vilmorin, à la croisée d’un film de Tim Burton et d’un auteur de la nouvelle (nouvelle) vague
Dans le fashion film qui accompagne la sortie de sa collection, ces textes sont lus par son ex-collaboratrice, auteure et réalisatrice, Margot Marty : « Je suis là, en face de toi et tu me regardes, avec des yeux immenses. Et tes lèvres, dis-moi ce que je dois faire ? ». Si sa patte de dessinateur se retrouve sur l’ensemble des pièces, Charles de Vilmorin a intégré quelques articles noirs (un trench, un pantalon), pour trancher, parce que lui-même ne se verrait pas habiller en total look Vilmorin.
Côté matières, l'artiste a choisi les cotons de Supima. La soie et le taffetas ont été sourcés chez Nona Source. Puis imprimées avec ses dessins. La collection est conçue dans son atelier. Elle sera fabriquée à Paris. On retrouve ses arabesques, son cœur rouge, tel un drapeau dans la nuit sombre qui attend les créateurs qui se lancent dans l’aventure du prêt-à-porter.
« J’ai du mal à déléguer, avoue-t-il, mais avec cette nouvelle aventure, je vais devoir m’entourer. D’autant que je compte poursuivre la Couture et me lancer dans d'autres projets artistiques, comme les vêtements de scène ». En attendant ce nouvel épisode, la collection est à découvrir à Sphère, le showroom de la Fédération de la Haute Couture et de la mode (FHCM), Palais de Tokyo, jusqu’au 5 mars 2024, de 10 heures à 19 heures.