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Bizel : «Les tendances au Japon sont uniques parce que les marques ne copient pas »

By Cynthia Ijelman

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Mode|INTERVIEW

Né à Lyon, Loic Bizel travaille en tant que consultant pour de grandes marques de mode internationales à Tokyo, au Japon. Il atterrit en Asie pour la première fois en 1995, comme gérant d’exportation de différentes marques de chaussures, notamment Paraboot, Elizabet Stuart et Palladium. Cinq ans plus tard et après avoir connu de près des compagnies de référence comme Beams, Isetan, Issey Miyake, Yohji Yamamoto et Comme des Garçons, il décide de lancer sa propre société de conseil et le « Tokyo Fashion Tour », un parcours spécialement customisé, adressé aux pros de la mode au niveau global qui recherchent l’innovation et les tendances dans les domaines du secteur.

Parmi les clients de Bizel, il faut souligner les grands magasins comme Galleries Lafayette et Nordstrom, la chaîne suédoise H&M, C&A, Primark, Topshop, Timberland et The North Face, entre autres.

FashionUnited a voyagé jusqu’à Tokyo et a eu l’occasion de rencontrer Bizel et de parler avec lui de son travail, de ce que recherchent les marques aujourd’hui, des nouvelles tendances et du marché de la mode japonaise.

Comment travaillez-vous avec les marques de mode qui font appel à vous?

Les tours font partie du travail de consultance et ils sont conçus sur mesure selon les besoins du client. Certains viennent pour découvrir des nouveautés concernant l’éclairage des magasins et d’autres préfèrent connaître la façon d’exhiber les produits, par exemple. Dans certains cas, les clients ne s’intéressent qu’au design et viennent jusqu’ici pour observer les tendances. Dans ce cas, nous préparons un itinéraire pour parcourir différentes boutiques selon leurs demandes en considérant les nouveaux concepts, les marques qui commencent à ressortir, etc.

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Que recherchent les marques aujourd’hui?

Pendant ces dernières années, la demande associée aux nouveaux concepts est en hausse, non seulement en ce qui concerne la mode, il s’agit de quelque chose de plus global, comme le lifestyle et les expériences d’achat. Il existe une évolution. Par exemple, il y a de plus en plus de cafés et de boulangeries dans les boutiques de vêtements. En effet, il s’agit d’un nouveau concept qui consiste à mélanger différentes expériences pour attirer le consommateur. Il faut également parler d’une autre tendance croissante: l’univers numérique.

Quelle direction suit le numérique?

Il existe un nouveau courant qui prend de plus en plus d’ampleur. Il s’agit du «o to o: online to offline». Un grand nombre de marques sont en train de faire des essais pour diriger les gens de l’online vers l’offline et à l’inverse. Par exemple, la boutique de Zara de Roppongi Hills (Tokyo) est en réfection et, pendant ce temps, un pop-up permettant de voir et de toucher les vêtements a été mis en place, mais la vente est virtuelle. Les produits sont vus offline et achetés online. C’est un essai et il est encore trop tôt pour connaître l’évolution de ce concept. À voir. Dans l’univers cosmétique, cette technique est plus avancée et un grand investissement est effectué dans le domaine de la réalité virtuelle. Pour en savoir plus. Le pop-up de Zara au Japon combine les canaux offline et online.

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Que se passe-t-il avec l’industrie de la mode au Japon?

Le marché japonais est assez stable. La mode locale a beaucoup évolué pendant les 20 dernières années. Avant, tout passait par les grands magasins et par quelques boutiques locales exclusives, jusqu’à ce que certaines marques domestiques ont commencé à opérer de façon indépendante en se chargeant de tout, depuis la conception et la production jusqu’à la vente finale, sans passer par les grands magasins. Actuellement, il existe de grandes compagnies au Japon qui opèrent leurs propres marques et qui produisent en Asie.

Quelle place occupe le fast fashion ?

Il existe des marques fast fashion locales qui renouvellent leurs produits chaque semaine et les magasins proposent des nouveautés et des vêtements avec des remises quasiment tous les jours. En ce qui concerne la conception et les tendances, les japonais sont très rapides au moment d’incorporer et de s’adapter aux nouveautés. C’est la raison pour laquelle les tendances ici affichées sont uniques, parce que les marques ne se copient pas entre elles, comme cela peut arriver ailleurs. De grandes entreprises européennes viennent au Japon pour chercher de l’ «inspiration», mais les marques locales ne font pas attention parce que généralement elles n’exportent pas.

Quelles sont les caractéristiques des consommateurs japonais ?

Cela dépend du créneau, mais je dois dire qu’il y a de moins en moins de segmentation. Les jeunes sont attirés par le fast fashion parce qu’il est abordable et tendance. Pour d’autres secteurs, il s’agit plutôt de viser la qualité, en dépit de la quantité. En général, les personnes à partir de 28 et 30 ans priorisent la qualité et préfèrent payer cent dollars pour un t-shirt Fred Perry qui va durer une dizaine d’années plutôt qu’un modèle bon marché qui ne va pas dépasser l’année de vie.

Quelle est la tendance aujourd’hui du retail japonais?

De petites marques locales et des concept stores qui invitent à découvrir une expérience d’achat différente, avec des cafés, des marchands de fleurs, des dégustations de vin, y compris des boutiques aménagées dans de vieilles demeures conservant leur structure, leur arôme particulier et une attention personnalisée.

Cet article a été écrit pour FashionUnited.es.

Photos: Carolina Allen, Loic Bizel, @japanfashion

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