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Carbios cherche à se muscler avant de plonger dans le recyclage plastique industriel

By AFP

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Credits: Recyclage. Crédit : Unsplash, Sigmund

Paris - Carbios, petite société française innovante de chimie verte spécialisée dans le recyclage biologique du plastique, a lancé jeudi une augmentation de capital avant de se lancer dans la grande course industrielle au recyclage du plastique, engagée dans toute l'Europe.

Elle prévoit d'augmenter son capital de 122 millions d'euros pour boucler son financement jusqu'à la mise en production de sa première usine, en construction dans l'est de la France, et financer l'accélération de ses recherches.

Au total, Carbios qui emploie 120 personnes, dont beaucoup dans la recherche, cherche à lever "122 millions d'euros" avec "une possibilité d'extension de 15 pour cent", soit à 141 millions d'euros, précise un communiqué diffusé jeudi matin.

La société auvergnate, qui compte L'Oréal, Michelin et L'Occitane notamment parmi ses actionnaires, a reçu récemment un soutien public de 43 millions d'euros issu du plan France 2030 et de collectivités, ainsi que celui du groupe thaïlandais Indorama ventures, fabricant de plastique PET, à hauteur de 110 millions d'euros, pour la construction de son usine, unique au monde, recyclant le plastique à partir d'enzymes d'origine végétale.

"Après l'explication de notre stratégie en juin, qui a été bien reçue par les marchés, nous nous sommes dit que c'était le bon moment pour une levée de fonds qui devrait être la dernière avant d'être capable de générer nous mêmes des revenus lorsque l'usine sera lancée, soit en 2025", a déclaré Emmanuel Ladent, son directeur-général à l'AFP.

Protéine d'origine végétale

Dans un premier temps, la Bourse a réagi négativement jeudi à l'appel de fonds, comme elle le fait souvent lors d'augmentations de capital. Après 15H00, le titre Carbios perdait 13,5 pour cent à 35,45 euros sur un marché en baisse de 0,8 pour cent.

L'entreprise basée à Clermont-Ferrand, dont le pôle de recherche est situé à Toulouse, se retrouve désormais au coude à coude avec les géants canadien Loop et américain Eastman, qui ont eux annoncé des projets d'usines de recyclage chimique du plastique en France dans les trois ans à venir.

Celle de Carbios sera située à Longlaville en Meurthe-et-Moselle, près de la frontière luxembourgeoise, et voisine de celle d'Indorama Ventures, premier fabricant mondial de PET, qui en possèdera 25 pour cent, et pourra ainsi bénéficier de matière première recyclée à partir de déchets pour fabriquer son propre PET.

À partir de bouteilles d'eau, barquettes alimentaires, ou fibres textiles polyester.. et d'une protéine (enzyme) d'origine végétale qu'elle a développée, Carbios produira, sans solvants chimiques, deux monomères que l'on retrouve dans "95 pour cent des PET fabriqués dans le monde", explique M. Ladent: l'acide téréphtalique (PTA) et le monoéthylène glycol (MEG), pour refabriquer du plastique PET sans dépendre du pétrole.

Recyclage du textile

"Nous n'avons pas vocation à construire des usines partout dans le monde, nous allons ensuite vendre des licences de notre technologie pour accélérer le processus global de recyclage : nous avons des discussions avancées avec beaucoup d'industriels dans le monde parmi les fabricants de PET, dans la pétrochimie, et dans le secteur des déchets", a-t-il ajouté.

Carbios compte aussi sur l'argent de ses investisseurs pour financer la poursuite de ses recherches, notamment pour le recyclage des polyamides textile comme le nylon, ainsi que celui des polyoléfines comme le polyethylene (PE) et le polypropylène (PP), des plastiques "jusqu'à présent mal recyclés", a indiqué M. Ladent.

Le dirigeant, un ancien de Michelin, vante le système de production de Carbios qui repose sur des usines n'utilisant pas de solvants chimiques, qui ne sont donc généralement pas situées en site Seveso à sécurité renforcée.

La production de monomères directement utilisables par les fabricants de PET permet aussi d'éviter la construction d'usines de repolymérisation après l'opération de recyclage, comme c'est le cas dans le recyclage dit "chimique", souligne-t-il. (AFP)

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