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César: deux Saint Laurent, deux styles

By AFP

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"Saint Laurent" de Bertrand Bonello et "Yves Saint Laurent" de Jalil Lespert, les deux films sur le couturier français qui s'affronteront vendredi soir aux César, avec dix nominations pour le premier et sept pour l'autre, traitent le même sujet, mais sous une lumière bien différente.

Des périodes distinctes

Bertrand Bonello se penche sur une courte époque, entre 1967 et 1976, décennie la plus riche de la vie du couturier, se terminant avec la célèbre collection des Ballets russes. Jalil Lespert s'intéresse à une période plus longue, de 1957 à 1976, étudiant l'éclosion de son talent depuis sa jeunesse. Bertrand Bonello choisit par ailleurs de montrer Saint Laurent vieillissant, interprété par Helmut Berger (acteur fétiche et amant de Luchino Visconti).

Un film autorisé, l'autre pas

Le film de Jalil Lespert, adoubé par l'homme d'affaires Pierre Bergé qui fut le compagnon de Saint Laurent, est nettement plus sage que celui de Bertrand Bonello. Il accorde aussi une place plus importante au mentor Bergé, joué par Guillaume Gallienne, et à l'histoire d'amour Bergé-Saint Laurent. Dans la version de Bertrand Bonello, Pierre Bergé (Jérémie Rénier) est moins présent, et l'idylle destructrice de Saint Laurent avec le dandy Jacques de Bascher (Louis Garrel) est davantage abordée. Les deux interprètes de Pierre Bergé s'affronteront pour le César du meilleur second rôle masculin. Le film de Bertrand Bonello, plus sulfureux et crépusculaire, va plus loin dans l'évocation des ravages de la drogue et de l'alcool et des jeux sexuels extrêmes du styliste. D'une soirée sado-masochiste chez Jacques de Bascher aux virées dans des lieux de drague, Bonello aborde la sexualité d'Yves Saint Laurent de manière plus crue.

Des moyens différents

S'ils sont nommés tous deux dans les catégories meilleurs costumes et meilleurs décors, les films n'ont pas eu le même budget -12 millions d'euros pour Lespert et 8 millions pour Bonello-, et ont surtout eu un accès inégal aux sources. Jalil Lespert a pu avoir des croquis et de vraies robes, prêtés par la Fondation Bergé-Saint Laurent, là où Bertrand Bonello a été empêché de consulter les archives et a dû recréer ou louer les costumes.

Duel d'acteurs

Le principal duel aux César aura lieu entre Pierre Niney et Gaspard Ulliel pour le titre de meilleur acteur. Pierre Niney, 25 ans, est plus lisse en Saint Laurent naïf, incapable de gérer le quotidien et sous la coupe de Pierre Bergé. Gaspard Ulliel, 30 ans, est davantage dans l'ambiguïté, creusant le versant sombre et décadent de Saint Laurent. Le film de Bertrand Bonello se concentre sur le rapport entre créativité et dépression, s'écartant de la narration linéaire pour réinventer le personnage.

Des choix de mise en scène

Là où le film de Jalil Lespert -qui a fait 1,6 million d'entrées- est plutôt chronologique et d'une facture classique, celui de Bertrand Bonello (près de 400.000 entrées) veut davantage faire ressentir de manière impressionniste les tourments du créateur. Il joue sur un montage inventif et sur des palettes de couleurs pour montrer la montée en puissance parallèle de ses tourments personnels et de ses succès professionnels. Seul le film de Bertrand Bonello concourt dans les catégories meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur montage. (AFP)

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