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Condé Nast annule son évènement en l’honneur de Bruce Weber

By Herve Dewintre

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Le groupe Conde Nast, éditeur de Vogue et de Vanity Fair, n’a décidément pas de chance. Apres Terry Richardson (dont les photos sont désormais bannies des parutions du groupe américain), un autre photographe-star – collaborateur régulier du célèbre éditeur - vient à son tour de faire l’objet d’accusations d’agressions sexuelles. Il s’agit de Bruce Weber, 71 ans.

De nombreux journaux Outre-Atlantique ont relayé l’affaire depuis quelques jours. Les faits remonteraient à 2014. D’après le mannequin Jason Boyce, 28 ans à l’époque, le photographe aurait fait des avances déplacées lors d’une séance organisée dans son studio personnel. Bruce Weber aurait également embrassé le mannequin sur la bouche. Des attouchements sont évoqués. Globalement, cette expérience a été vécue comme un « traumatisme » par Jason Boyce qui depuis, navigue de dépression en crise d’angoisse. Il incrimine également au passage son agent de l’époque, Jason Kanner. Une plainte déposée vendredi contre Weber devant la Cour suprême de l'Etat de New York. « Selon plusieurs informations, et ce que je crois, Mr. Weber a eu la même attitude avec plusieurs autres mannequins masculins, que Kanner et Soul Artist lui conseillaient. Mr Kanner et Soul Artist Management sont au fait de ces comportements », a-t-il précisé dans la plainte. D’après l’avocate du plaignant, Lisa Bloom, des plaintes similaires pourraient bien voir le jour prochainement.

Cette affaire de mœurs prend un relief particulier dans le contexte actuel. Le scandale Weinstein a suscité beaucoup d’émotions et a provoqué une vague de plaintes concernant diverses personnalités du monde du cinéma et du divertissement. Le monde de la mode, qui n’aime pas ébruiter les scandales sexuels concernant ses figures de premier plan, est désormais dans l’œil du cyclone. Force est de constater que désormais, ces plaintes sont prises au sérieux.

Les frasques et les « affaires » de Terry Richardson n’avaient jamais jusqu’ici empêcher l’artiste newyorkais de travailler. Pourtant, le groupe Conde Nast a annoncé en octobre dernier vouloir cesser toute collaboration avec le photographe américain : "Tous les shootings qui ont été commandés ou tous les shoots réalisés mais pas encore publiés doivent être supprimés et remplacés par du nouveau contenu", précisait alors le vice-président du groupe, James Woolhouse. Le comportement du photographe était pourtant connu depuis de longues années. Des plaintes pour harcèlement sexuel avaient déjà été déposées en 2014. On peut même affirmer que la gloire du photographe s’était largement appuyée depuis le début des années 90 sur une lubricité teintée de perversité parfaitement assumée. Le top model Christy Turlington résumait ainsi le ton et la couleur de l’affaire : « je peux dire que le harcèlement et les mauvais traitements ont été largement connus et tolérés au sein de l’industrie. »

Vanity Fair annule son diner en l’honneur de Bruce Weber à Art Basel Miami

Tout a changé cette année. Prise de parole salutaire ou retour de la pudibonderie ? Avancée légitime du droit des victimes ou bulle médiatique? Bruce Weber a, durant cinq décennies, photographié plusieurs centaines de mannequins réputés et au moins autant de célébrités. C’est la première fois pourtant qu’il fait l’objet d’un dépôt de plainte concernant une affaire à caractère sexuel. Sa présomption d’innocence est totale. Cependant, le groupe Conde Nast a d’ores et déjà décidé de prendre du recul avec l’artiste. L’éditeur américain a ainsi annoncé qu’il annulait l’évènement prévu en l’honneur de Bruce Weber durant la foire d’art contemporain Art Basel Miami Beach qui se tient chaque année en décembre. Cet évènement – un diner organisé par Vanity Fair, devait célébrer la sortie du nouveau livre All-American Volume XVII. La prudence est désormais de mise : on ne plaisante plus avec les comportements indélicats. La profession fait profil bas.

Crédit photo : bruceweber.com,dr

Bruce Weber
Conde Nast