Deux jeunes entrepreneurs veulent reconstruire la filière de la chaussure made in France
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En rachetant l’atelier de Charles Jourdan et de Stéphane Kélian à Romans-sur-Isère (Rhône Alpes), la société Ellips, spécialisée dans la chaussure de créateur pour femme fondée par la créatrice Priscille Demanche, ancienne étudiante de Mod'Art et Xavier Porot, diplômé de l'Ecole Centrale de Paris en ingénierie et gestion industriel, n'a pas simplement voulu sauver un nom, mais aussi lancer un véritable pôle de production de chaussures made in France, en l’ouvrant, pour cela, à d’autres marques françaises. En clair, cette modeste PME, fondée par Priscille Demanche et Xavier Porot en 2009, qui a une boutique dans le Marais à Paris depuis 2014 et qui vise pour 2015 un chiffre d'affaire de 800000 euros, veut reconstruire la filière de la chaussure française. Rien de moins. Neammoins les deux entrepreneurs, qui jusqu'à maintenant produisaient en Espagne, connaissent bien la filière, notamment Priscille Demanche qui a déjà travaillé au sein des ateliers Jourdan. Ils ont conscience des difficultés qui les attendent d'autant plus que d'autres s'y sont frottés avant eux.
« A partir de savoir-faire industriels d’exception, et avec le soutien d’autres créateurs, nous souhaitons créer une plateforme de services industriels innovants pour la chaussure et reconstruire une filière menacée de disparaître, explique Xavier Porot. Les services qui seront proposés sont aujourd’hui quasi inexistants en France (développement produit, sourcing, approvisionnement, relation fournisseurs, bibliothèques de matières, logistique, partenariat usines européennes…). La plupart des créateurs sont en effet obligés d’aller à l’étranger pour trouver les fournisseurs et des ateliers qui acceptent de réaliser leurs chaussures tout en proposant un service clé en main".
Une campagne de crowfunding pour soutenir la chaussure française
Grâce à une plateforme baptisée « Le Soulier Français », les deux entrepreneurs veulent donc proposer aux marques d’accélérer le lancement de nouveaux produits : conseils sur le développement produits, achat simplifié de leurs matières premières en passant par un réseau de fournisseurs partenaires, et bien sur production Made in France à un prix étudié. Le comité national des conseillers du commerce extérieur de France (CNCCEF) a acceuilli d'un oeil bienveillant ce projet puisqu'il a décidé de soutenir la société en lui ouvrant son réseau à l’étranger.
"Le projet s’inscrit dans un véritable modèle d’entreprenariat social, poursuit Xavier Porot. Une douzaine d’anciens salariés de l’atelier ont été repris. C’est à cette condition que le groupe Royer, propriétaire de l’atelier depuis 2007 a accepté de signer. Les salariés seront actionnaires à hauteur de 30 pour cent tout comme les crowfunders qui auront investi dans le projet".
Crowfunders? Oui, car les fonds propres des deux entrepreneurs ont besoin d'être renforcé et ce renfort va passer par une campagne de crowfunding lancée cet été. Objectif: collecter 300 000 euros pour soutenir le lancement de produits et/ou services innovants tout en développant la force commerciale. Un pari risqué mais vertueux qui a retenu l'attention de plusieurs créateurs puisque Amélie Pichard, Gordana Dimitrijevic et Fred Marzo ont déjà signé un partenariat dans ce cadre.