Fashion Green Days : Roubaix nouvelle place forte de la mode circulaire
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Les 23 et 24 mai, la deuxième édition du forum dédié à la mode responsable a fait le plein. Jeunes marques et grands acteurs redonnent à l’ex capitale du textile toutes ses lettres de noblesse.
Qui mieux que la ville de Roubaix, au cœur des Hauts-de-France, région emblématique de l’histoire textile du pays, pour fédérer et réfléchir sur l’avenir de la distribution et de la mode en France ? Ici, au sein de l’ENSAIT de Roubaix, qui forme des ingénieurs textiles depuis 1881, s’étaient donnés rendez-vous plus de 75 exposants, 60 intervenants, 26 partenaires (et non des moindres comme le DEFI, la FNH, ECO TLC, l’ADEME et des grands noms de la mode comme les Galeries Lafayette, Kiabi, le groupe Eram, le groupe Ïdgroup, H&M, Jules, Lemahieu, Domotex et des labels responsables comme Veja, 1083, Le Slip Français, Balzac Paris…) et surtout plus de 1450 visiteurs entre le jeudi 23 et le vendredi 24 mai. « La dynamique a dépassé toutes nos attentes, confie Annick Jehanne, présidente de l’association Nordcréa qui a lancé l’événement. Cela donne beaucoup d’énergie pour l’année prochaine. »
La mode à l’avant-garde de l’écologie ?
Ici, l’objectif n’est pas de culpabiliser les groupes de mode venus soutenir l’événement mais bien d’innover et de réinventer la façon de concevoir la mode. « Bien sûr il est temps d’agir et c’est d’ailleurs le thème de cette édition, explique Annick Jehanne, mais l’an prochain le thème sera “Et vous, qu’avez-vous fait ?“ et nous questionnerons alors chacun pour savoir quelles mesures et actions ont été prises ou faîtes. »
Avec pas moins d’une dizaine de tables rondes, les thématiques ont abordé différentes problématiques pour comprendre les enjeux de demain comme les nouvelles attentes des consommateurs, vendre moins mais mieux, l’engouement de la mode seconde main, le choix des circuits courts, le recyclage et l’innovation. « Actuellement, il y a un incroyable gaspillage dans la mode, rappelle Clarisse Reille, directrice du DEFI, partenaire du rendez-vous. Mais, malgré les difficultés du secteur aujourd'hui (le marché a reculé de plus de 15 pour cent depuis 2007, source IFM, NDLR), la mode est, par rapport à d’autres secteurs, à l’avant-garde de cette problématique. On assiste à la naissance d'une nouvelle offre responsable qui prouve que l’on peut faire du durable, offrir du sens et faire de la rentabilité. »
Être à l'écoute des attentes des consommateurs
« Notre étude parue en novembre 2018 le confirme, il y a une vraie dynamique de la part des consommateurs français qui sont désormais 44 pour cent à vouloir acheter moins mais mieux, rappelle Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de L’institut Français de la Mode (IFM), présent à l’une des tables rondes. Bien sûr il y a un facteur économique mais pour 40 pour cent de ces consommateurs la démarche est volontaire. Ils attendent plus de valeur de la part des marques, ont des préoccupations par rapport à la santé, au social et à l’environnement à l’instar du marché alimentaire. Il faut comprendre que le phénomène ne concerne pas que les Bobos parisiens, il est national. L’événement du Rana Plaza a choqué les consommateurs. »
Moins de promotions, des prix plus justes, des process de fabrication innovants, un retour aux circuits courts, plus d’achats seconde main, l’arrivée de la location aussi bien pour les vêtements que les chaussures (Bocage)… La mode est en pleine (r)évolution et promet donc beaucoup de changements dans les années à venir avec les Fashion Green Days en élément fédérateur. « Après avoir été un forum d’inspiration l’an dernier, nous devenons un forum de solutions, conclut Majdouline Sbaï, sociologue spécialisée en environnement et co-fondatrice de l’événement. Tous les participants sont parties prenantes et acceptent de travailler en open source en toute humilité et au service de la même cause. »
Photos : ©Fashion Green Days