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Fashion Revolution Week : la France se bouge !

By Céline Vautard

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Mode

À Paris mais aussi à Nantes ou à Lyon, le collectif essaime pour inciter chacun à consommer autrement. Le point sur les rendez-vous prévus en France du 20 au 28 avril 2019.

Si la date du 24 avril 2013 reste tristement associée à l’effondrement des ateliers de confection textile du Rana Plaza à Dhaka au Bangladesh, causant la mort de 1 138 personnes et en blessant 2 500 autres, elle aura également fait émerger une conscience collective. Né en Grande-Bretagne, à l’initiative de Carry Somers et Orsola De Castro, le collectif Fashion Revolution incite depuis chacun à consommer la mode autrement, à s’interroger sur ceux qui la fabriquent et à réfléchir aux atteintes portées à l’humain et à l’environnement tout au long de ce processus complexe impliquant de nombreuses opérations à travers le monde.

130 pays pour une mode meilleure

De l'Australie au Brésil, de l'Uruguay au Vietnam, aujourd’hui, ce sont plus de 275 millions de personnes qui participent à la Fashion Revolution Week interpellant les marques sur les réseaux sociaux avec le fameux #whomademyclothes. Dans le monde, plus de 1000 évènements sont recensés cette année et la France y participe un peu plus tous les ans. «Le mouvement évolue de façon assez fulgurante en France, explique Catherine Dauriac, journaliste et membre du Bureau de Fashion Revolution France. Sans compter qu'un pas important dans la responsabilisation des grandes entreprises et la protection des droits humains et environnementaux a été franchi le 27 mars 2017, lorsque l’Assemblée Nationale a adopté la loi relative au Devoir de Vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre. Ce texte impose aux grands groupes d’adopter un plan de vigilance pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement que pourrait causer leur activité (sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement, leurs filiales et sous-traitants à travers le monde), en France comme à l’étranger.»

Si officiellement la campagne sera lancée le lundi 22 avril à l’occasion de la Journée de la Terre, à Paris, le programme débute le 20 avril avec sur 2 jours des portes ouvertes à la Textilerie (10e), un lieu créatif dédié au textile responsable (ateliers, boutique-café et recyclerie). Suivront le 23 avril, la conférence « La consomm’action dans le mode » et une troc party à La Base (10e) ; puis le 24 avril la soirée de lancement de la Fashion Revolution Week avec une conférence à 18H30 à la Maison des économies sociales, solidaires et innovantes (19e) et le même jour des portes ouvertes à la Confédération Européenne du Lin et du Chanvre (1er) ; le 25 avril, place à un ciné-débat sur la teinture végétale avec le film L’Or Bleu de Green Door Stories à l’Hôtel de Ville (4e), suivi le 27 avril de nombreuses portes ouvertes chez des marques et des créateurs. Le 28 avril se tiendra une conférence intitulée « Vers une mode responsable, pourquoi il est urgent de changer nos modes de consommation ? », avec des ateliers de Do it Yourself, aux Grands Voisins (14e)... Et de nombreux autres rendez-vous.

Enfin, en province, les villes sont de plus en plus nombreuses à rejoindre le mouvement comme à Nantes, Lyon, Bordeaux ou Montpellier où des créateurs et boutiques se mobilisent pour sensibiliser les consommateurs. Quant aux écoles, elles sont encouragées à participer à l’image de l’IFAP qui organise le 20 avril à Paris un créathon (création de looks tendance à partir de vêtements de seconde main et défilé). Évènement qui sera décliné sur le campus de l’IFA à Istanbul et dans un studio de création à New York. Enfin, l’école CASA 93 organisera le 27 avril des animations au Mob’Hôtel à Saint-Ouen et à l’EP7.

Une Charte de la mode

Cette année, dès le lancement de la Fashion Revolution Week le lundi 22 avril, sera également signée la “Fashion Charter for Climate Action“ auprès des Nations Unies pour une campagne plus axée sur l'éducation du public sur l'impact dévastateur du secteur de la mode. Et le même jour, à Londres, de nombreux créateurs rejoindront le collectif autour du Fashion Open Studio 2019 pour une semaine de débats et conférences. Parmi ceux-ci : Christopher Raeburn, Teatum Jones, Vivienne Westwood, Phoebe English et Katharine Hamnett. Et last but not least, le mercredi 24 avril sera lancé “L’indice de la transparence de la mode“ (Fashion Transparency Index), le plus important jamais réalisé à ce jour, recensant 200 marques et leurs pratiques.

Les femmes : premières esclaves de la mode ?

Alors que la durabilité de l'industrie de la mode est de plus en plus sous surveillance, les violations des droits de l'homme, l'inégalité des sexes et la dégradation de l'environnement demeurent monnaie courante dans l’univers du textile.

Si les vêtements sont parmi les articles les plus à risque d'être fabriqués avec l'esclavage moderne, au cœur de ce business, le harcèlement sexuel, la discrimination et la violence sexiste à l'égard des femmes sont endémiques, où celles-ci représentent 80 pour cent de la main-d'œuvre mondiale. Enfin, au Bangladesh, depuis 2013, peu de choses ont évolué. «Là-bas, le salaire vital n'est toujours pas respecté, souligne Catherine Dauriac. Les ouvriers touchent actuellement environ 86 euros par mois, alors que le salaire décent qui couvre les besoins vitaux : l'alimentation, le logement, la santé et l'habillement serait de 385 euros (source : ONG Asian Floor Wage).»

Pour rappel, la production mondiale de textiles émet chaque année 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit plus que les vols internationaux et le transport maritime combinés. Enfin, nous produisons 53 millions de tonnes de fibres pour la confection de vêtements et de textiles chaque année, tandis que nous en détruisons 73 pour cent par incinération ou enfouissement. En outre, plus de 150 millions d’arbres sont coupés chaque année pour produire de la viscose, souvent issus des forêts primaires en voie de disparition.

«Chaque fois que nous achetons, portons et jetons des vêtements, nous créons une empreinte environnementale et un impact sur les personnes qui les fabriquent, pour la plupart des femmes. C’est pourquoi le changement positif est plus urgent que jamais si nous voulons lutter contre le changement climatique et créer un avenir plus équitable pour tous », a déclaré Carry Somers, cofondatrice et directrice des opérations mondiales de Fashion Revolution.

Photos : ©Fashion Revolution

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