Forum de la Mode : une affluence record
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Le 6 décembre dernier s’est tenue la première édition du Forum de la mode à la Gaîté lyrique à Paris. Placée sous le signe de la création et de l’innovation, celle-ci a réuni l’ensemble des acteurs de la mode. Retour sur un événement hors normes !
Jamais un tel rendez-vous n’avait eu lieu à Paris. Organisé par le Ministère de la Culture et de la Communication et le Ministère de l'Économie et des Finances, avec le soutien du DEFI et l'appui de la Fédération Française de la Couture, du Prêt-à-Porter des Couturiers et des Créateurs de mode et de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, le premier Forum de la Mode a fait salle comble.
Une première historique
Créateurs, dirigeants, politiques, agents, acheteurs, attachés de presse… Tout ce que Paris compte de personnalités importantes gravitant dans l’industrie de la mode étaient là ! « Je me réjouis de ce qui est une première historique qui réunit tout le secteur, deux fédérations, plusieurs générations de talents de la mode, les grandes maisons comme les talents émergents, pour travailler tous ensemble à l’intérêt général de cette filière, qui est une filière d’excellence, a déclaré Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication en ouverture du Forum. Le nombre d’inscriptions demandées a été record, et je m’excuse pour ceux qui sont placés dans l’escalier ou attendent encore. Cela montre qu’il y a un besoin d’avoir ce moment d’échange collectif ».
Mené tambour battant sur une journée autour de 5 tables rondes (1. Les arts de la mode, 2. Les nouveaux modèles économiques, 3. Les savoir-faire et nouveaux modes de production, 4. La nouvelle scène créative, 5. L’accompagnement et le financement des marques), l’objectif de l’événement était d’échanger avec les professionnels sur les nouveaux enjeux du secteur.
Paris et la liberté de la mode
« Élément à part entière du patrimoine, la mode française a une longue et belle histoire », rappelle la Ministre. Les chiffres le confirment : le rayonnement international de la création artistique française en fait un fleuron économique de taille. Ainsi, la filière de la mode produit un chiffre d’affaires de 150 milliards d’euros, dont 33 milliards à l’export, soit 2,7 pour cent du PIB français et génère 577 000 emplois directs, répartis sur tout le territoire national. Devenu un art à par entière, la mode nécessite de la liberté, quelque chose de rare aujourd’hui. « La création n’existe pas sans liberté, rappelle Jean-Pierre Blanc, fondateur du Festival International de la Mode et de la Photographie à Hyères lors de la première table ronde. Nous avons tous la chance de faire ce que nous voulons, il ne faut pas perdre de vue l’émotion que procure la mode ».
Trouver de nouveaux modèles économiques
Avec une consommation en berne, les success story existent pourtant et inventent de nouveaux modèles économiques. « Nous avons eu un site et une page Facebook avant d’avoir un distributeur. Quand on est une petite marque il y a vraiment des cartes à jouer sur les réseaux sociaux », observe Guillaume Gibault, fondateur et président du Slip français, qui réalise 70% de ses ventes en ligne. Qui dit nouveaux modèles, dit rôle croissant joué par les réseaux sociaux sans toutefois éclipser la boutique.
« Le client veut le meilleur du « physique » et du digital, il faut réconcilier ces deux mondes et créer des passerelles en permanence », relève Elisabeth Cazorla, directrice du Prêt-à-Porter aux Galeries Lafayette et au BHV. « En France, on est sans doute un peu en retard sur le numérique, ajoute Nicolas Santi-Weil, Directeur exécutif d’AMI, mais le fait de basculer d’un coup en tout-digital peut être dangereux. La boutique reste aujourd’hui un territoire d’expression ».
Quant à Uriel Karsenti, fondateur de la marque de prêt-à-porter Maisons Standards, il revient sur la question du financement et adresse un message d’optimisme aux jeunes créateurs : « Quand on commence, il est difficile de trouver des financements, c’est long, cela prend du temps, mais à un moment on fait une belle rencontre et tout change ». Même tonalité positive chez Nicolas Santi-Weil. « Aujourd’hui en France, souligne-t-il, il y a un écosystème entrepreneurial qui commence à intéresser les investisseurs étrangers. Paris reste attractif et les jeunes entrepreneurs se donnent les moyens de faire porter leur discours beaucoup plus loin ».
Une relève dynamique
Nouvelles techniques, matières, mais aussi nouveaux procédés de fabrication comme de distribution. La mode a une capacité d’innovation qui la fait sans cesse progresser. Bastien Daguzan, directeur général chez Lemaire, Simon Porte Jacquemus, fondateur de la marque éponyme (prix spécial du jury du prix LVMH pour les jeunes créateurs de mode en 2015), Johanna Senyk, fondatrice et directrice créative de Wanda Nylon (Grand Prix de l’Andam 2016), Jérémie Egry, directeur créatif et co-fondateur de Études étaient présents pour raconter leur histoire.
« La mode est en prise directe, par son exposition et par sa visibilité, avec la société, rappelle Audrey Azoulay. Je me réjouis d’accueillir cette nouvelle génération de talents et pour les accompagner, nos efforts se sont déployés en faveur de la formation. C’est l’un des enjeux majeurs pour l’avenir de la filière ».
Ouverture en octobre dernier de l’Ecole nationale de Modes et Matières, mais aussi rapprochement entre l’Institut français de la mode et l’école de la Chambre syndicale afin de fusionner leurs formations et créer une grande école de mode française, montrent ce souhait. Tandis qu’Olivier Saillard (historien de la mode et directeur du musée Galliera), s’est vu confier pour mission un rapport sur les enjeux du patrimoine de la mode. A découvrir en janvier 2017 !
Photos : © Elise Toidé