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François-Régis Laporte : cravatier pour Maison F

By Anne-Sophie Castro

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Mode |INTERVIEW

Dans la démarche artistique de François-Régis Laporte, il faut habiller et non déguiser. L’accessoire vient sublimer une tenue, un style et prend toute sa valeur lorsqu’il est fabriqué en France dans le dernier atelier parisien de manufacture de la soie, l’Atelier Boivin. À 40 ans, le directeur artistique et fondateur de Maison F Paris redonne ses lettres de noblesse à la profession de cravatier. Un art conjugué à son parcours dans la mode aux côtés d’Alain Gossuin mais aussi de Delphine Murat ou l’ancienne directrice artistique de Jacques Fath, Elena Nazaroff.

D’où vient votre passion pour les accessoires ?

Comme vous le savez, je viens du prêt-à-porter et mon premier leitmotiv était de conserver une fabrication cent pour cent française. Or, comme le vêtement y est trop contraignant j’ai donc choisi la voie de l’accessoire. C’est un terrain d’expression extrêmement large.

Beaucoup de marques négligent les accessoires au profit du vestiaire complet, alors qu’ils ont la vocation de rehausser une tenue, de faire passer un message, montrer une personnalité…

En 2010, après avoir vendu Gossuin, on assistait à un retour aux collections mono produits : chapellerie, ganterie, chemiserie, parfumerie, etc… Et on retrouvait tous ces produits au rez-de-chaussée des grands magasins.

Je me suis donc intéressé à la cravate, à son origine, au métier de cravatier, mais aussi à l’époque de Louis XIV et Louise de Lavallière où la profession de cravatier faisait son apparition. Puis, j’ai cherché un cravatier français mais il n’existait pas de marque identitaire autour de ce produit ; beaucoup de maisons en font mais, à la base, ce sont des tailleurs, des selliers... J’ai donc naturellement trouvé intéressant d’être le seul « Créateur Cravatier » !

Avant de me lancer à l’aventure, je me suis posé les bonnes questions : pourquoi tel ou tel montage, tel système d’attaches, telles formes… ? Et j’ai lancé Maison F Paris Créateur Cravatier.

Avec Maison F, comment remettez-vous au goût du jour le métier de cravatier ?

En reprenant tout depuis le début. En comprenant la construction d’une cravate, d’un nœud papillon et en la faisant évoluer avec des fonctionnalités et des formes différentes.

Maison F Paris est la réponse au client qui possède déjà une vingtaine de cravates ou de nœuds papillon. Pourquoi viendrait-il en acheter d’autres ? Et bien parce que la forme, l'originalité, le tissu, la fonction sont différents…

De quelle façon Maison F s’inscrit-elle dans une démarche de développement durable ?

Tous nos produits sont depuis toujours fabriqués dans le dernier atelier parisien de manufacture de la soie : l’Atelier Boivin. Les tissus (plus de 6 000 rouleaux de soie) et les artisans sont sur place. Il n’y a donc aucune empreinte carbone du dessin, au prototype jusqu’à la mise en livraison.

Chez Maison F Paris il n’y a pas de surproduction car nous ne produisons qu’à la commande, de même sur notre e-boutique.

En 2018, j’ai eu la chance de pouvoir racheter cet Atelier avec Philippe Lalanne mon associé dans cette nouvelle aventure.

Nous avons modernisé certains procédés et quand beaucoup disent que les productions partent en Italie ou très loin, nous avons plaisir à vivre l’inverse. Beaucoup de marques font ou refont appel aux services de l’atelier pour leur collection en « label privé ». Il faut savoir que tous les produits sortant de l’atelier bénéficient d’une griffe « 100 pour cent XXX Fait Main à Paris », une sorte de grâle pour les marques… Enfin toutes les chutes de soie sont conservées pour être transformées.

Sinon, depuis le premier jour où j’ai imaginé « Maison F Paris », J’ai toujours souhaité dupliquer ce concept qui utilise les ressources de France en version « Maison J » pour le Japon avec des soieries et une fabrication japonaise, Maison T en Turquie ou Maison A en Amérique… Minimisant ainsi l’empreinte carbone.

Selon vous, pourquoi la cravate ou le nœud papillon font-ils partie de l’élégance?

Relisons l’histoire, apprécions le style insufflé par Louise de Lavallière et Louis XIV, Balzac… Après, je tente de détourner ces accessoires et d’en créer de nouveaux qui se porteront sur des silhouettes plus street ou plus mode.

Où commercialisez-vous vos collections ?

Je voyage beaucoup et participe à de nombreux salons à New York, Las Vegas, Florence, Paris, Londres et dans quelques jours à Tokyo pour la première fois.

Vous trouverez Maison F Paris dans plus de 70 multimarques et grands magasins à travers le monde, une boutique en propre dans le carré Rive Gauche, un corner au Printemps et bien sûr sur Internet.

Quels sont vos projets pour 2020 ?

Je souhaite continuer à développer la collection femme et de nouveaux accessoires comme, par exemple, des « goodies » pour les baskets, des accessoires pour cheveux, des rubans, de nouvelles fleurs … le tout en soie. J’ai aussi le projet de réaliser une nouvelle collaboration.

À titre personnel, je souhaite quitter la ville de Paris que je trouve à grand regret trop pénible désormais pour y vivre. Si j’ai suffisamment de courage de me lancer dans une telle aventure, j’écrirais à notre Président de la République au sujet de l’importance du secteur textile en France et l’obligation de soutien qu’il devrait y avoir à son égard… Car le gouvernement semble bien manquer de vue sur les besoins des artisans, boutiquiers, créateurs, façonniers, tisserands (…) français qui sont pourtant à l’origine du surnom si convoité de Paris comme « capitale de la mode » et qui attire tant de monde dans notre pays.

Photo : Maison F Paris

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