Greenpeace pointe du doigt les pratiques de Dior et Hermès
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Greenpeace Asie de l’Est a publié aujourd’hui son classement des grandes marques de mode qui font en sorte de supprimer les produits chimiques toxiques de leurs chaînes d’approvisionnement et de réduire leur impact sur la pollution des eaux dans les zones de production. Une campagne qui portent ses fruits puisque son lancement il y a quatre ans, Greenpeace a poussé de nombreux groupes textiles à prendre des engagements concrets pour assainir leurs pratiques, avec des plans d’action et des échéanciers précis.
De quelle pollution parle t'on? Il s'agit de produits chimiques toxiques, considérés comme des perturbateurs endocriniens (comme par exemple les nonylphénols et les phtalates) qui peuvent être relâchés dans l’environnement et polluer les eaux depuis les usines textiles jusqu’au consommateur final, au moment du lavage. Greenpeace a notamment publié une vidéo sur youtube où des responsables des entreprises engagées expliquent en quoi la « Detox » a commencé, et surtout comment elle doit se poursuivre.
Le classement 2015 départage les marques en trois groupes: les « Detox Leaders », les « Greenwashers » et les "Detox Losers ». On trouve dans le groupe des « Detox Leaders » seize grands groupes : Benetton, C&A, Esprit, G-Star Raw, Mango, Mark & Spencer, Burberry, Adidas, Fast Retailing, Levi’s, H&M, Primark, Limited Brands, Valentino, Inditex (Zara) et Puma.
« Cette année, le classement “Detox” montre que 16 groupes textiles ont commencé à éliminer les produits chimiques toxiques les plus utilisés. Ces groupes ont aussi commencé à publier des données sur la pollution émise par leurs fournisseurs sur une plateforme indépendante en ligne, explique Pierre Terras, chargé de campagne international « Detox ». Cela doit permettre de créer une nouvelle norme environnementale pour le secteur de la mode, d’améliorer la transparence des chaînes d’approvisionnement et de montrer finalement que les beaux vêtements peuvent être fabriqués sans pollution toxique ».
Deux groupes français du luxe qualifiés de « Detox Losers »
Des marques comme Nike ou LiNing sont classées « Greenwashers ». Un nom justifié par leur absence d’action crédible pour la « Detox », malgré leurs déclarations. Enfin, on trouve parmi les « Detox Losers » des groupes qui n’ont pris aucun engagement malgré la découverte de produits toxiques dans leurs chaînes de fabrication : Dolce & Gabbana, Versace, Gap, Metersbonwe, PVH, Bestseller, Giorgio Armani, Only the Brave. Deux groupes français font partie du classement: Hermès et LVMH/Christian Dior Couture. D' apres Greenpeace, ces deux puissants groupes n'auraient pris aucun engagement pour se débarrasser de leur addiction toxique, alors que des produits chimiques dangereux avaient été retrouvés dans des vêtements et chaussures pour enfants, lors d’analyses effectuées par Greenpeace International en février 2014. « Il est regrettable que des marques de luxe françaises ne relèvent pas le défi, alors qu’elles sont censées incarner qualité et excellence », poursuit Pierre Terras.
En Chine : une prise de conscience vers la « Detox »?
La pollution de l'eau ainsi que les problèmes liés à l’utilisation des produits chimiques toxiques dans l’industrie textile est en train de s’imposer dans des pays comme la Chine, où plus de la moitié de l’eau de surface n’est pas potable et 64 pour cent des réserves d’eaux souterraines des grandes villes sont souillées. Greenpeace rapelle que l’industrie du textile chinoise (57 pour cent de la production mondiale) est responsable de 10 pour cent de la production d’eaux usées industrielles.
« Cette campagne envers les entreprises de la mode a entraîné des changements importants dans des pays de production comme la Chine avec des avancées législatives, explique Pierre Terras. Des produits nocifs comme les PFC, les nonylphénols et les phtalates ont par exemple été pris en compte en Chine dans le 12ème Plan quinquennal pour la prévention et le contrôle des risques environnementaux liés aux produits chimiques".