Kanyinsola Onalaja, étoile montante de la mode africaine, revendique le "patrimoine" et "l'audace" nigérians

Lagos - Des robes brodées de perles et de sequins multicolores, aux motifs rendant hommage aux scarifications traditionnellement pratiquées dans certaines régions du Nigeria, des tailles allant de "l'extra small au 4XL" : le défilé de la créatrice nigériane Kanyinsola Onalaja a ouvert avec faste la Fashion Week de Lagos qui se tient jusqu'à dimanche dans la capitale culturelle nigériane.

La créatrice anglo-nigériane de 33 ans, qui a étudié à Rome et dont la société est basée à Londres, est l'une des figures montantes de la mode dans le pays le plus peuplé d'Afrique. Des célébrités américaines comme Kandi Burruss, Chloe Bailey et Jennifer Hudson s'affichent sur les tapis rouges vêtues en Onalaja et sa griffe a même participé à la Fashion Week de New York en début d'année.

"Pour moi, la femme Onalaja est quelqu'un de fort, de résilient, qui apprécie l'artisanat, qui est audacieux et, je dirais, unique", explique à l'AFP la créatrice qui a voulu faire de sa collection printemps-été 2026 "une fête".

Mi-Yoruba, mi-Edo, elle puise son inspiration dans la culture de son pays natal, "présent à 100% dans ses créations", dont elle "réimagine le patrimoine". La styliste dit prendre "les choses avec lesquelles nous avons grandi, les traditions" afin de "leur donner une nouvelle dimension et les moderniser".

Elle réinvente l'adiré, ce tissu traditionnel de l'ethnie yoruba teint à l'indigo, grâce à des matières qu'elle veut "tridimensionnelles". Sur le podium, les mannequins se suivent dans un chatoiement de couleurs et de strass, des franges de perles se balancent au rythme des déhanchés, leur éclat amplifié par les projecteurs.

Inclusivité

Grâce à ses créations, Kanyinsola Onalaja mène aussi un combat qui lui tient à coeur, celui de "l'inclusivité". Elle confie avoir "toujours été quelqu'un qui a lutté contre son poids et qui n'arrivait pas à trouver des vêtements qui [la] mettaient en valeur".

"Nous proposons des tailles allant du très petit au 4XL, et nos vêtements sont légèrement extensibles, ce qui vous permet de toujours trouver une robe à votre taille, quelle que soit votre morphologie", se félicite-t-elle. Elle promeut également "une plus grande représentativité en termes d'âges".

Mercredi soir à Lagos, les silhouettes glamour et festives d'Onalaja ont enthousiasmé les invités triés sur le volet, parmi lesquels l'actrice nigériane Somkele Iyamah-Idhalama, la papesse du luxe Reni Folawiyo, mais également la chanteuse américaine Ciara dont la présence a été très remarquée.

La Fashion Week de Lagos, qui en est à sa quinzième édition, s'est imposée au fil des années comme le plus grand rendez-vous de la mode sur le continent africain. Les stylistes africains ont le vent en poupe et leurs créations gagnent désormais les plus prestigieux tapis rouges du monde.

L'icône de la soul Diana Ross portait une somptueuses robe blanche du créateur nigérian Ugo Mozie lors du très select Met Gala à New York en mai, où étaient également présentes les superstars de l'afrobeats Tems, Burna Boy et Ayra Starr, toutes les trois habillées par le créateur britannico-ghanéen Ozwald Boateng.

Si elle voit, dans cette reconnaissance internationale, une "approbation" du milieu, Kanyinsola Onalaja, dix ans après le lancement de sa marque, revendique sa propre identité sans plus chercher à "rentrer dans le moule" de la mode occidentale.

"J'assume pleinement mon identité et mon héritage, avec tout ce qu'ils comportent de chaos, de beauté, de couleurs et de vitalité, et je n'ai plus honte de cela", affirme-t-elle en souriant.