La Fashion Week, course effrénée des petits influenceurs vers la lumière
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Paris - À l'approche de la Fashion Week, Paris bouillonne: les maisons de couture peaufinent leurs shows et, derrière leurs smartphones, les petits influenceurs remplissent leurs agendas, espérant tirer le maximum de visibilité de ce rendez-vous mondial de la mode.
Carlota Pitarch, 25 ans, Brésilienne installée à Paris depuis quatre ans, prévoit d'assister à tous les événements possibles: défilés, présentations, déjeuners, dîners, soirées.
Un "travail à temps plein" pendant toute la Fashion Week, qui se tient à partir de lundi jusqu'au 7 octobre: "Il y en a tellement, je ne sais pas comment je vais faire pour tout couvrir", confie-t-elle à l'AFP.
Son objectif : développer ses comptes Instagram, où elle est suivie par près de 154.000 personnes, et TikTok, 49.500 abonnés, en mettant en avant ses looks, ses conseils beauté et ses marques préférées, souvent dans le cadre de collaborations sponsorisées.
"Être aux événements permet d'être plus visible pour le public et pour les marques", poursuit-elle, "et ça ouvre des portes pour de futures collaborations".
"Tremplin"
Avec ses 200.000 abonnés au total, la Brésilienne se classe parmi les "macro-influenceurs" dont l'audience se situe entre 100.000 et 500.000 abonnés. Les "micro-influenceurs" ont eux entre 10.000 et 100.000 abonnés. À la différence des profils comptant des millions d'abonnés, ces plus petits influenceurs disposent d'une communauté plus stable et fidèle.
"Ils sont généralement plus proches de leur audience et les messages qu'ils relaient sont normalement un peu plus impactants", assure Robin Martin-Chave, directeur France de l'agence internationale Bold Management, qui représente et gère ce type de profils.
"Les micro-profils ont un côté plus authentique", ajoute-t-il. Pour Lilas Villeneuve, 58.000 abonnés sur Instagram et 115.000 sur TikTok, les réseaux sociaux représentent un "tremplin" vers le milieu de la mode, où elle espère faire carrière.
"C'est aussi un moyen de m'exprimer", explique cette étudiante de 24 ans, en master d'entrepreneuriat. Pour la Fashion Week, son agenda s'annonce très chargé mais elle s'est organisée à l'avance, allant jusqu'à louer ses tenues pour l'occasion, de quoi lui éviter de devoir "s'habiller en last minute".
La créatrice de contenus publie notamment des vidéos et podcasts explicatifs sur les tendances et les codes de la mode. Sur ses comptes, elle dit vouloir "proposer une vision de la mode spécifique". "Je trouvais que cela manquait un peu de contenus (...) pour la comprendre, l'appréhender, la décrypter", poursuit-elle.
"Boom algorithmique"
Comme Carlota, Lilas travaille avec une agence qui gère son planning, lui propose des rendez-vous et la conseille sur ses collaborations. "Ça m'allège un peu le travail", explique-t-elle.
Eric a lui rejoint les réseaux sociaux il y a seulement six mois sous le pseudo de maaveeeriiiic. Ce passionné de mode, né dans les années 1980 et dont la famille est originaire du Vietnam et du Cambodge, compte déjà près de 150.000 abonnés.
Avec son style androgyne et sa voix posée, il produit des vidéos qui abordent la mode sous un angle entrepreneurial, sociologique, politique ou créatif. "La période de la Fashion Week est un moment où il y a un vrai boom en termes algorithmiques, une vraie demande de contenu mode", explique celui qui sélectionnera soigneusement les défilés auxquels il a été invité.
Il s'attend toutefois à publier moins que d'autres profils et dit avoir besoin de "temps pour réfléchir et écrire" ses textes : pas question de "produire du contenu juste pour produire du contenu".