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La folie des sacs à main griffés d'occasion, ou comment s'offrir le Graal en bandoulière

By AFP

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Seriez-vous prêtes à débourser 7.000 euros pour un sac à main griffé d'occasion? Accessoires de mode les plus convoités, ils s'arrachent sur les sites de seconde main où certains modèles iconiques d'Hermès se revendent même plus chers que leur prix neuf. La crise aidant, acheter un produit déjà porté n'est plus tabou: en 2014, le marché d'occasion des sacs, montres et bijoux de luxe a atteint 16 milliards d'euros. Et si 80 pour cent des ventes se font encore en boutiques physiques, les transactions en ligne progressent rapidement, selon l'étude de référence Bain/Altagamma. "Si on cumule les chiffres d'affaires de tous les grands groupes de luxe depuis vingt ans, on arrive à 2.000 ou 3.000 milliards d'euros de marchandises dans les placards des clientes", a calculé Loïc Bocher, co-fondateur du site Collector Square lancé en 2013 et qui a revendu quelque 5.000 produits de luxe l'an dernier.

Un Chanel matelassé bleu, une pochette Gucci en lézard beige ou encore un Baguette Fendi en poulain: Collector Square aligne près de 1.600 sacs dans son stock hautement sécurisé, dont une dizaine de Birkin, sac mythique d'Hermès qui est de très loin l'accessoire de tous les désirs. "Le Birkin, c'est le plus difficile à avoir et l'objet d'une véritable surenchère, mais attention, il n'est pas du tout représentatif du marché d'occasion", résume M. Bocher. En seconde main, les prix des modèles les plus recherchés d'Hermès sont "100 à 120 pour cent supérieurs aux prix neufs", alors que ceux des autres marques de luxe se revendent entre 30 et 90 pour cent moins chers, selon une étude d'Exane-BNP Paribas publiée en mars en collaboration avec le site InstantLuxe. Pour un Birkin "le marché devient fou: un sac peut se vendre en quelques heures et atteindre 10.000 ou même 14.000 euros. C'est l'équivalent de la Rolls pour les voitures", explique Yann Le Floc'h, fondateur d'InstantLuxe, site pionnier lancé en 2009 qui revendique plus de 100 pour cent de croissance entre 2013 et 2014.

Le Birkin, ou le St Graal des sacs d'occasion

Dessiné pour Jane Birkin en 1984, ce sac de grande contenance est fabriqué à la main en France, se décline en plusieurs tailles, couleurs et peaux, et est reconnaissable grâce à son petit rabat fermé par un cadenas. Le modèle "classique" en taurillon, de 35 cm, se vend neuf 7.400 euros. La raison de l'affolement sur les sites d'occasion autour du Birkin est l'immédiateté: la cliente pourra l'avoir au bras en quelques jours, alors qu'en magasin elle mettra de longs mois avant d'en trouver un disponible dans un point de vente, surtout si elle recherche une couleur ou une peau particulière. "C'est la clé du luxe: entretenir soigneusement un écart entre l'offre et la demande. Et les marques font un tel travail sur le désir...", souligne M. Bocher.

Pour Yann Le Floc'h, il y a également aujourd'hui "un état d'esprit d'utilisation d'un produit de luxe, alors qu'avant on était sur la possession et la transmission". Alors qui est à l'affût des modèles Hermès ? "Ce sont les Chinoises qui orchestrent le marché du Birkin: il y a deux ans, le sac de 35 cm était la norme, mais aujourd'hui c'est celui de 30 cm, car il y a plus d'Asiatiques sur le marché" qui recherchent des sacs plus petits car mieux adaptés à leur morphologie, explique-t-il. "On peut aussi soupçonner que certains 'Daigou' (nom donné aux intermédiaires qui achètent en Europe pour revendre en Chine où les prix sont plus élevés en raison des taux de change, ndlr) achètent des produits d'occasion, d'excellente qualité, pour ensuite les revendre en Chine comme du neuf", estime Luca Solca, analyste d'Exane-BNP Paribas.

Pour assurer l'authenticité des pièces revendues, Collector Square tout comme InstantLuxe font appel à des experts. Reste à savoir quel est l'impact pour les groupes de luxe de ce business qu'ils ne contrôlent pas: "On patrimonialise les produits, on prouve qu'ils sont intemporels. Et pour les marques, c'est mieux si le marché d'occasion est structuré avec des authentifications", estime Loïc Bocher. (AFP)

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