La mode bannit la fourrure, mais conserve les plumes du duvet animal
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Paris - Promptes à bannir la fourrure, les marques de mode et de loisirs continuent de faire une place au duvet animal dans leur offre de doudounes, et même si le rembourrage synthétique reste majoritaire pour ce vêtement-phare de l'hiver, les alternatives fleurissent.
Léger, isolant, au pouvoir gonflant : les propriétés du duvet d'oie ou de canard restent inégalées face aux matières dérivées du pétrole qui garnissent encore plus de 80 pour cent des couettes et doudounes dans le monde, selon les estimations de professionnels du secteur de la plume. Malgré leur coût plus élevé, des doudounes en duvet animal sont proposées par la quasi-totalité des enseignes de mode et de vêtements de loisirs, vendues dès 60 ou 70 euros par C&A, Zara ou H&M, et pouvant atteindre plusieurs milliers d'euros chez Moncler ou Louis Vuitton.
«De plus en plus de consommateurs font de la durabilité un facteur clé dans leur choix d'achat. Comme le duvet provient de sources naturelles, le duvet d'origine responsable est une bonne option à inclure aux côtés des matériaux synthétiques», met en avant Julian Lings, responsable du développement durable chez The North Face, célèbre marque de vêtements de plein air.
En 2014, après avoir « été mis au fait des risques de maltraitance animale dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire » lui fournissant son duvet, The North Face a co-créé, avec l'ONG Textile Exchange et un organisme de certification, le label RDS garantissant notamment que les palmipèdes ne sont ni plumés à vif, ni gavés.
Moins de 1 pour cent des palmipèdes dans le monde subiraient encore une plumaison à vif.
«En 2020, le standard RDS couvrait 636 millions d'oiseaux dans le monde », précise Textile Exchange. Downpass, autre label de référence, a certifié cette même année plus de 5 700 tonnes de plumes et duvets, dans un marché mondial estimé à 180 000 tonnes (tous usages confondus) et dominé par la Chine. Moins de 1 pour cent des palmipèdes dans le monde - élevés en premier lieu pour leur viande - subiraient encore une plumaison à vif, en Chine et en Europe de l'est, selon le laboratoire indépendant de référence IDFL.
Des fleurs et même des mégots
Encore plus éco-responsable que la plume, sa version recyclée : Uniqlo, géant de la doudoune célèbre pour sa version ultra-légère à glisser sous un manteau, est parti de l'idée de « faire participer » les clients, en les invitant à rapporter en magasin les articles qu'ils ne mettaient plus : quelque 830 000 doudounes ont été récupérées depuis 2019 et leur duvet réutilisé dans de nouvelles collections.
Un programme de recyclage a aussi été lancé mi-2021 par Moncler. Le géant (coté en Bourse) de la doudoune de luxe, qui a annoncé en janvier renoncer à la fourrure comme de très nombreuses marques de mode, n'a cependant aucune intention de se passer du duvet.
D'étonnantes alternatives existent aussi : H&M - géant de l'habillement qui propose des doudounes en duvet recyclé provenant d'oreillers - innove avec une doudoune au garnissage vegan « approuvé » par l'organisation de défense des droits des animaux Peta, contenant des fleurs sauvages et vendue 249 euros.
Moins bucolique mais tout aussi écologique, la start-up TchaoMégot dépollue «sans eau ni produit toxique » les mégots de cigarettes pour en faire une matière isolante destinée à la construction ou la confection : 4 500 mégots sont par exemple nécessaires pour une doudoune. «Des entreprises qui récoltent pour nous les mégots de leurs salariés nous commandent des doudounes pour "boucler la boucle". Mais on voudrait passer à plus grande échelle, selon nos valeurs éthiques. On a toutefois refusé les propositions de gros groupes textiles qui voulaient envoyer la fibre à des milliers de kilomètres pour la confection. Si on recycle des mégots, c'est pas pour ensuite déverser du CO2 en les faisant voyager », met en avant Olympe Delaunay, chargée de communication.
Recyclé ou pas, hors de question d'utiliser du duvet animal pour la marque italienne de doudounes Save the Duck (littéralement « sauvez les canards ») qui veut avant tout les préserver « de la cruauté que la filière impose. En dix ans, nous avons vendu 5 millions de doudounes et ainsi sauvé plus de 20 millions» de palmipèdes, met en avant son président Nicola Bargi, qui indique utiliser «de plus en plus de rembourrage issu du recyclage de bouteilles en plastique» pour limiter l'impact environnemental du synthétique. (AFP)