La mode danoise signe une charte éthique pour les mannequins‏

Le débat sur la minceur des mannequins et sur une image faussée du corps est actuellement relancé dans plusieurs pays européens. Alors que la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale française a rejeté ces derniers jours un amendement au projet de loi santé interdisant, afin de lutter contre l’anorexie, le recours à des mannequins trop maigres et dénutris (considérant qu’une telle interdiction, proposée par le député Olivier Véran, introduirait une discrimination à l’embauche), le secteur danois de la mode a, de son coté et dans le même temps, signé une Charte éthique de la mode dans le but de garantir aux mannequins plus de bien-être et une image du corps plus saine.

Depuis le lancement de cette charte, le 3 mars 2015, les signataires du secteur de la mode au Danemark se multiplient pour se rallier aux valeurs et aux règles de la charte. Des déclarations d'adhésion ont été signées par 320 entreprises de tous les secteurs industriels, dont de grandes entreprises comme Bestseller et DK Company, des marques de mode leaders comme By Malene Birger et Ganni, et des magazines de mode, des bureaux de design et de publicité, mais aussi des écoles de design, des photographes et des stylistes.

« Récemment, au Danemark et à l’étranger, certains évènements tristes ont montré que les problèmes suscités par les idéaux de beauté que génère l’industrie de la mode continuent de se produire », indique la directrice de l’institut danois de la Mode et de la Copenhagen Fashion Week visiblement charmée de l’énorme soutien apporté ces jours-ci à la Charte. « L’industrie danoise est consciente de sa responsabilité et elle est prête à avoir une démarche collective pour améliorer le bien-être des mannequins et leur donner une image corporelle qui soit saine et non délétère. Nous pensons que la part active que prend l’industrie dans cette charte aura un impact bien plus fort – sur le long terme également – que la législation des pouvoirs publics et les amendes qui ont fait l’objet de discussions, comme en France par exemple. »

« Au Danemark, nous avons une longue tradition de responsabilité les uns envers les autres »

Lorsque la Charte éthique de la mode a vu le jour au Danemark en 2007, il s’agissait au départ de définir un certain nombre de recommandations sur les conditions imposées aux mannequins qui travaillaient durant les Fashion weeks. La nouvelle charte de 2015, en revanche, comporte des règles et des sanctions qui s'appliquent toute l'année. Ces règles imposent notamment un examen de santé obligatoire, un âge minimum requis de 16 ans et une obligation de rémunération. En outre, l’admission au défilé et au programme officiels du Copenhagen Fashion Week sous–entend désormais la signature des participants à la charte.

Le directeur général de l’association Mode & Textile danois, Thomas Klausen, pense que ce large soutien peut s'expliquer par le fait que la notion de responsabilité sociale est largement répandue dans la société danoise, et notamment dans le secteur de la mode danoise: Au Danemark, nous avons une longue tradition de responsabilité les uns envers les autres, ce qui se reflète à la fois dans notre société, mais aussi spécifiquement dans le secteur de la mode où nous travaillons intensément depuis une dizaine d'années sur la durabilité et la responsabilité sociale. ». La charte et la liste des signataires sont disponibles sur le site danishfashionethicalcharter.com En France, le sujet pourra être de nouveau abordé lorsque les députés débattront en séance du projet de loi à compter de la fin mars.

Crédit photo : un cliché publié par la styliste Stella McCartney sur son instagram, d’un mannequin portant une création de la saison printemps/été 2015. D’apres le Daily mail, un million de fans s’était désabonné du compte de la créatrice en signe de protestation suite à la parution de cette photo.