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La mode devient-elle responsable?

By Herve Dewintre

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Mode

Les marques de mode, toutes gammes confondues, prennent la parole pour attester leur volonté d’offrir une production s’inscrivant dans un cycle durable, du point de vue éthique ou écologique. “Sustainable” est le mot clé autour duquel s’articulent tous les évènements professionnels liés à la mode et au textile. Il faut dire que les medias, s’appuyant sur des enquêtes irrécusables, pointent de plus en plus le cout écologique considérable des vêtements. Les groupes de fast fashion ont immédiatement compris l’importance de montrer patte blanche: il faut dire qu’ils furent les premiers à comparaitre sur le banc des accusés: ces groupes ont depuis plusieurs années initié des opérations de sensibilisations mais aussi des collections à base de textiles recyclés. Collections qui, il faut bien l’avouer, peinent encore à trouver leur public.

Le luxe a lui aussi décidé de suivre le mouvement. Il la fait en forçant son tempérament naturellement discret. Des annonces importantes ont été faites chez la plupart des grands acteurs du secteur, que ce soit LVMH ou Kering. Les plus récentes, mais aussi les plus spectaculaires, concernent Chanel qui a déclaré ses derniers jours vouloir renoncer aux peaux exotiques mais aussi aux fourrures (que la maison utilisait très peu en réalité) tout en annonçant investir dans la société Sulapac, start-up finlandaise qui lutte contre le plastique dans le domaine des cosmétiques.

Le plastique, voila l’ennemi. D’autant plus difficile à combattre qu’il est partout et qu’il ne suscite pas, contrairement à l’industrie liée aux peaux animales, d’images poignantes susceptibles de provoquer l’indignation publique. Ainsi, la production de fibres synthétiques (nylon, acrylique, polyester, etc.) implique des réactions chimiques à haute température produisant des substances potentiellement nocives. Une partie des polymères de plastique employés par exemple dans la fabrication de la fausse fourrure est rejetée dans l’environnement via les milieux aquatiques. En outre, ceux-ci tout comme certains des composants chimiques* (colorants, additifs) utilisés pour la teinture, le traitement et l’entretien des textiles sont régulièrement accusés d’être des allergènes ou des perturbateurs endocriniens, potentiellement dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement. C’est donc à une prise de conscience douloureuse, globale et imminente que la mode doit faire face. D’autant plus douloureuse qu’elle nécessite des alternatives complexes qui n’ont pas jusqu’à maintenant ni suscité l’engouement des consommateurs, ni prouvé leur viabilité commerciale.

Zadig & Voltaire s’associe à No more plastic

Néanmoins, les marques de mode attestent leur bonne foi en tentant diverses expériences. Les exemples sont nombreux, les tentatives diverses. Courreges a indiqué récemment renoncer définitivement au vinyl qui a pourtant fait sa renommée. Aujourd’hui Zadig & Voltaire a pris la parole pour annoncer son association à No More Plastic, une initiative créée pour alerter l’opinion publique sur la pollution plastique et promouvoir le besoin de matériaux alternatifs aux produits et packaging en plastique. L’association met en place des campagnes internationales, encourageant le public à agir pour interdire l’utilisation du plastique à usage unique, organise des conférences, des évènements, des projections à travers le monde, soutient le développement et la promotion de solutions de remplacement durables et finance sa recherche et son développement.

Zadig & Voltaire a profité de cette annonce pour clarifier sa doctrine à ce sujet dans un communiqué : « Chaque année, la quantité de plastique produite dans le monde est à peu près la même que le poids de l'humanité. 8 millions de tonnes de plastique finissent dans l'océan chaque année. Il dévaste notre océan, tue la vie marine et nous empoissonne peu à peu. Penser que le recyclage est efficace, est irresponsable et naïf : 91pour cent de ce plastique n’est pas recyclé. Ce problème n’est pas celui des autres. Il concerne chacun de nous, peu importe nos croyances, notre vision du monde, nos goûts, nos différences. C’est à nous de faire le changement. »

Pour matérialiser cette position, Cecilia Bönström, directrice artistique de Zadig & Voltaire, a personnalisé la tortue effigie de l’association pour en créer un pins. Chaque consommateur peut en faire l’acquisition (il coute sept euros) à la fin de chaque achat sur le site de la greffe, en Europe. L’opération, débutée début décembre se prolongera toute l’année prochaine. L’ensemble des bénéfices sera reversé à No More Plastic. Une belle opération d’image qui, somme toute, place la griffe française au rang des marques activistes.

Crédit photo : Zadig & Voltaire, dr

Zadig&Voltaire