Le défilé Lisaa Mode Paris 2023 prend le maquis avec Léo Lemée

Le mardi 13 juin, à l’Élysée Montmartre, a eu lieu le défilé de la promotion 2023 de Lisaa Mode Paris (Institut Supérieur des Arts Appliqués). La collection « Le Maquisard » de Léo Lemée remporte le prix des professionnels.

« De l’exigence, beaucoup d’exigence, voilà sans doute ce qui caractérise cette promotion 2023 des bachelors styliste designer de mode de troisième année », nous confie Thomas Bucaille, directeur de l’établissement, au sortir d’un show qui a réuni vingt étudiants autour de collections féminines et masculines.

Recherche de matières et élaboration de silhouettes innovantes, les propositions de ces jeunes pousses étaient clairement à la hauteur des attentes des professionnels venus assister au show. Néanmoins, ces derniers en ont élu un, en l’occurrence Léo Lemée. Côté narratif, le jeune homme est parti de l’idée « d’un mec qui bosse dans un bureau, à un poste important. Puis un jour, il fait une connerie qui vaut des millions. Alors, il part se cacher dans le désert comme un maquisard des temps modernes ». Au fur et à mesure de son parcours, Léo Lemée imagine l’évolution de son vestiaire.

Léo Lemée ou le résultat d’un enseignement complet en termes de création de marques

Au-delà du narratif, le jeune homme a déployé des arguments à même de convaincre les professionnels : la revendication d’une identité de marque, la France (plus exactement du Val-d'oise dont il est originaire) ; une palette de couleurs oscillant entre des jeans délavés, des imprimés militaires revisités et inspirés par l’art (Henri Edmond Cross) , des silhouettes fluides faciles à porter, une réflexion autour de l’amovibilité de vêtements et accessoires, comme des gourdes ou des mini pockets, qui se scratchent au sac principal ; etc.

Léo Lemée s’avère être un directeur artistique complet, au sens où on l’entend aujourd’hui. Outre son travail de recherche textile et modélisme, visible sur le show, il a développé une réflexion à 180 degrés autour de sa possible future marque. Logo, merchandising (boites de rangements, sac shopping), il a même conçu un parfum fleuri pour anticiper son déploiement économique.

Lisaa Mode ou la volonté d’aider chaque étudiant à explorer son monde intérieur

Le prix du public est revenu à Sami Benazzouz, qui a, lui aussi, puisé dans ses origines pour proposer des silhouettes qui l’incarnent. En l’occurrence, il évoque le quartier dans lequel il a grandi Hay Salam (Agadir, Maroc) et le dilemme de « laisser derrière soi sa naïveté et se conformer au monde, ou rejeter cela et garder l’enfant qui sommeille en nous ».

Enfin, mention spéciale pour Lisa Praquin qui évoque à travers des coloris flashys et des looks toniques (des cuissardes impressionnantes) le réveil du corps féminin, après des saisons de no genre. Et même si la jeune fille nous avoue « ne pas vouloir faire de modélisme », gageons qu’elle détient peut-être, sans le savoir, les arguments stylistiques d’une féminité glamour et affranchie.