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Le Mexique tisse les fils d'une politique en faveur des communautés ancestrales

By AFP

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Un mannequin se prépare dans les coulisses de la Semaine de la mode originale au Complejo Cultural Los Pinos, l'ancienne résidence officielle du président du Mexique, à Mexico City, en novembre 2022. Crédit : Rodrigo Oropeza / AFP.

Mexico - Des centaines d'artisans textiles, issus de toutes les cultures ancestrales du Mexique, exposent et défilent jusqu'à dimanche dans la capitale lors d'une « fashion week » à l'initiative du gouvernement qui tisse les fils de sa politique en faveur des communautés issues des régions les plus pauvres.

« Huipiles » (blouses traditionnelles) des Tsotsil du Chiapas, motifs brodés du Michoacan, « guayabera » (chemise cintrée pour homme sobrement brodée) de Oaxaca: le premier des sept défilés jeudi soir a donné le ton de la deuxième édition d'« Original, la rencontre de l'art textile mexicain » .

Quelque 500 artisans sont annoncés sur la passerelle et dans les allées du centre culturel de Los Pinos, l'ancienne résidence officielle des présidents rendue au public en 2019 à l'arrivée au pouvoir d'Andres Manuel Lopez Obrador (gauche nationaliste).

Parmi les exposants, Carlos Alberto Delgado Martinez est venu en voisin de l'État de Mexico pour livrer les secrets de son art: « L'élaboration de chaque produit est un leg de nos ancêtres. Chaque vêtement a une signification. Chaque broderie a une explication ».

Comme lors de la première édition en 2021, « Original » prétend lutter contre le marchandage des prix, l'appropriation culturelle et le « plagiat » par les grandes maisons de mode des motifs et des broderies exécutés minutieusement par les artisans mexicains.

« Nous ne nous opposons pas à ce que (les grandes maisons de mode) utilisent des motifs d'origine pré-hispanique » à condition qu'elles reconnaissent « le travail intellectuel et la créativité » des artisans mexicains, a déclaré vendredi le président de gauche nationaliste Andres Manuel Lopez Obrador lors de son habtituel point-presse.

« Original » est la vitrine culturelle de sa politique qui prétend rompre avec « 36 ans de néo-libéralisme » et la « mafia du pouvoir », au bénéfice des plus pauvres, souvent issus des communautés marginalisées du Mexique.

« Le gouvernement mène une politique de réhabilitation de la dignité des peuples originaires, des peuples indigènes », explique à l'AFP le porte-parole du président, Jesus Ramirez Cuevas, l'un des théoriciens de la « 4T » de Lopez Obrador (la quatrième transformation du Mexique, après l'indépendance de 1821, les réformes libérales de 1857 et la Révolution de 1910-17).

« Le Mexique sans ses peuples indigènes ne serait pas ce qu'il est. Il est temps qu'ils jouent un rôle central dans la construction de l'identité (du pays) », ajoute-t-il. « Aujourd'hui, nous reconnaissons leur art, l'art populaire de la tradition, qui se conjugue avec la modernité ».

« Nous savons aussi que les régions indigènes sont des régions très pauvres. Pour la première fois, des programmes d'aide sociale arrivent dans ces endroits », poursuit-t-il dans une allusion au programme « Sembrando vida » qui consiste à replanter des arbres.

Le ministère de la Culture plaide pour des « principes de collaboration éthique »: travail sans intermédiaire avec les artisans des communautés, respect de la propriété intellectuelle collective, reconnaissance des créateurs et de leur culture…

En parallèle, la secrétaire (ministre) de la Culture Alejandra Frausto mène un autre combat contre la vente aux enchère des objets pré-hispaniques en Europe: « Le patrimoine du Mexique n'est pas un article de luxe. Nous avons déjà rapatrié près de 10.000 pièces ».

« Vous voulez acheter de l'art mexicain? Achetez celui-ci, qui est vivant », conclut-elle en se désignant les mannequins qui achèvent leur défilé.

D'autres secteurs culturels ont exprimé leur malaise après des coupes budgétaires du même gouvernement depuis l'arrivée au pouvoir de Lopez Obrador fin 2018. « Il ne s'agit pas de nier l'expression artistique de quiconque. Elles peuvent toutes cohabiter. Mais elles ont toutes le même niveau. Il n'y a pas un art savant, et un art populaire, méprisé », affirme le porte-parole du président Jesus Ramirez.(AFP)

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