Madrid Fashion Week: un 30ème anniversaire de qualité
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Durant la Madrid Fashion Week, qui s’est tenue du 6 au 11 février, les créateurs espagnols ont présenté une mode Made in Spain sans toutefois tomber dans le classicisme conventionnel. La scène principale de la mode espagnole -passée il y a quelques années sous le chapiteau de Mercedes Benz Fashion Week- fait suite dans le calendrier à la 080 Barcelona Fashion. Ifema, l’organisateur de l’évènement, a regroupé un total de 800 professionnels du secteur.
Un évènement de 3 millions d’euros
La directrice de la Mercedes Benz Fashion Week Madrid (MBFWM), Cuca Solana, indique que cette 61ème édition a coûté un total de 3 millions d’euros, 65 pour cent provenant des sponsors tels que Mercedes-Benz, L’Oréal, Inditex, Samsung, G’Vigne ou Movistar, 20 pour cent d’Ifema et 15 pour cent des créateurs. Cuca Solana explique que le tarif que les créateurs payent pour défiler est relativement bas comparé aux fashions weeks internationales où il faut compter entre 60.000 et 100.000 dollars pour défiler à New-York.
Cette année, le podium madrilène célèbre son trentième anniversaire d’une façon plutôt modeste avec « juste une exposition rétrospective affichée au Cibelespacio. Nous avons choisi de privilégier la créativité sur les défilés », explique –t-elle.
Après plusieurs années économiques incertaines, l’Espagne se récupère lentement et ses créateurs semblent choisir la prudence dans leurs collections. « Des modèles commerciaux qui puissent se vendre » reste le fil conducteur de cette semaine de la mode, loin de l’exubérance connue à l’apogée de la « movida ».
Féminité, manteaux « yétis » et imprimés tartans
Dès le samedi matin, Roberto Verino propose un luxe atemporel avec des pièces de fond d’armoire où se mélangent des manteaux réversibles en capes et des imprimés tartans et laisse place à une des marques montantes de la péninsule ibérique : The 2nd Skin Co. Au programme, des vestes oversize grenat, des jupes culottes, des vestes en laine et tops en fines plumes ou imprimés en soie façon kimono donnaient un air sophistiqué à la collection. Les créateurs Teresa Helbig et Etxeberria, installés à Barcelone, ont clôturé la journée. Helbig, toujours impeccable avec une collection à la fois théâtrale et pop avec de fines robes en cuir noir et d’autres en tulle avec des bandes en velours délicates cousues en superposition. Quant à Roberto Etxeberria, il revisite le costume classique pour homme avec de la laine et de la feutrine pour une collection austère et élégante teintée de gris et bleu marine et pour contraster, il habille les femmes en manteaux yetis à poils rouge ou blanc immaculé…
Le son de la guitare espagnole a résonné dans plus d’un défilé, notamment le dimanche avec le défilé de Francis Montesinos inspiré des toreros. Dans un décor rempli de roses rouges, le maître a présenté un show des plus surréalistes. Ses pièces font référence aux films “Le Labyrinthe de Pan”, “L’Amour Sorcier” et “Gladiator” pour une Espagne almodovarienne avec des grandes robes longues volantées ou fluides, rouges ou dorées, des dentelles noires et des cornes de taureau accrochées aux bustes de ses mannequins. La féminité à son apogée, douce et délicate sur un parterre au ton rose poudré, est la proposition du jeune créateur Juan Vidal pour une collection faite de soie, de couleurs acidulées et d’imprimés fleuris de quoi égailler la prochaine saison d’hiver.
Le lundi, Angel Schlesser a choisi le bleu marine comme couleur prédominante de sa collection. Gabardines et robes longues, tuniques noires sur pantalons fluides et manteaux blancs yetis sont quelques-uns des modèles de sa nouvelle collection automne-hiver 2015/16. Amaya Arzuaga qui a déjà défilé à Paris à deux reprises a choisi de travailler le néoprène avec le plumetis, des robes en feutrine, des capes longues ivoires et des tissus gaufrés noirs, verts émeraudes ou bleus électriques. Et pour conclure la journée, trois créateurs portugais invités, Anabela Baldaque, Julio Torcado et Miguel Vieira ont défilé avec une offre plutôt commerciale et courante.
Alvarno, plus près de la haute-couture
Alvarno, a été l’un des plus acclamés du programme. Les deux créateurs Arnaud Maillard et Alvaro Castejon -qui ont fait ensemble leurs armes chez Karl Lagerfeld entre autres et ont reçu pour la deuxième fois le Prix L’Oréal- ont surpris le public avec une collection de prêt-à-porter haut-de-gamme –risquée pour le mélange des matières et des couleurs- sur le thème « Apache ». Le duo franco-espagnol, également à la tête de la direction artistique d’Azzaro, a présenté des femmes modernes très sophistiquées sur un podium couvert d’arbres morts et de neige. Ces mannequins -squaws coiffées de tresses tribales portaient des robes longues en velours dévoré, des manteaux en laine bouillie ou encore des jupes en tartan portées sur des bottes cuissardes noires ou rouges. Une touche de luxe et de nouveauté « telle une coupe de champagne au milieu de la fashion week », rapporte le journal local ABC.
La jeune créatrice Maria Cle Leal a remporté le concours du meilleur talent de la Mercedes-Benz Fashion Talent avec sa collection « Frágil » sur le podium Samsung Ego organisé spécialement pour les créateurs émergents.
Photos: Juan Vidal, Francis Montesinos, Alvarno