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Mexique: les candidates portent haut les couleurs de la mode indigène

By AFP

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Credits: Alfredo Estrella/AFP

Mexico - C'est une bataille dans la campagne: les deux principales candidates à l'élection présidentielle au Mexique, Claudia Sheinbaum et Xochitl Galvez, portent haut les couleurs de la mode indigène, en hommage à l'art ancestral des artisanes textiles.

A chaque réunion publique, Mmes Sheinbaum et Galvez arborent des vêtements aux motifs colorés et brodés faits à la main dans les communautés du Chiapas, du Oaxaca et d'autres états.

Outsider, la candidate de l'opposition Xochitl Galvez (centre-droit), d'origine indigène, reste fidèle à des vêtements amples qui tombent droit depuis qu'elle est entrée en politique en 2000.

Mme Galvez a même fait adopter un "jour du huipil" en 2021 quand elle était sénatrice, pour célébrer le 7 mars cette blouse typiquement indigène.

"Ne marchandez jamais le prix d'un huipil avec une femme indigène", a-t-elle prévenu dans une vidéo dans laquelle elle montre sa propre collection, dont des modèles de soie qui pourraient valoir jusqu'à 5.000 dollars, d'après un expert.

Ex-maire de Mexico, favorite pour l'élection du 2 juin, Claudia Sheinbaum n'est pas en reste et préfère des textiles à la coupe plus serrée.

La candidate dispose d'un espace où elle entrepose les vêtements indigènes et les objets d'artisanat qu'elle reçoit en cadeau depuis dix mois qu'elle sillonne les 32 Etats.

En octobre dernier, en pré-campagne, elle est allée saluer le travail des artisanes textiles dans l'Etat du Guerrero (sud).

"Chaque village présente ses propres caractéristiques", expliquait-elle dans une vidéo. "Chacun a des textiles différents".

"C'est quelque chose que nous avons hérité, de génération en génération, de nos grands-mères", lui expliquait une tisserande ajoutant qu'il fallait parfois un an pour tisser un huipil.

Mme Sheinbaum est candidate du Mouvement pour la régénération nationale (Morena, gauche), qui prétend défendre la cause des communautés les plus marginalisées.

Chaque année depuis 2021, le gouvernement organise à Mexico une foire de l'artisanat textile pour promouvoir le savoir-faire des communautés indigènes et lutter contre les copies.

"Se rapprocher de l'électorat"

"Qu'elles ne s'amusent pas à les porter comme un déguisement ou comme une façon d'attirer l'attention", prévient Trinidad Gonzalez dans son atelier de textile maison à El Mejay, une petite communauté de l'Etat d'Hidalgo (centre).

"Cela me plaît beaucoup (que les candidates portent des huipils)", ajoute Martina Cruz, une artisane textile de 83 ans, reconnue internationalement pour la qualité de ses créations qui peuvent valoir jusqu'à 1.000 dollars.

L'anthropologue Marta Turok, experte en art populaire, rappelle que Frida Kahlo, superstar mexicaine de l'art moderne, a été la première à populariser les vêtements traditionnels mexicains.

En politique, la pionnière a été Maria Esther Zuno, épouse de l'ex-président Luis Echeverria (1970-1976).

"La politique mexicaine est un reflet de la société et au début ça faisait honte, reflet de la discrimination et du racisme", affirme l'anthropologue. "Il est très positif que les textiles mexicains figurent au premier plan de l'arène politique", estime-t-elle.

Cet affichage fait également partie du "jeu électoral", d'après Andrés Vidal, docteur en anthropologie sociale de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM).

"Les politiques, et ce n'est pas seulement le cas au Mexique, se trouvent quotidiennement loin des électeurs. Une façon de se rapprocher de l'électorat, c'est être en symbiose à travers l'usage de certains types de vêtements", souligne-t-il.

Portés par leur prestige, les textiles mexicains ont été plagiés par des grandes maisons, d'après le gouvernement, qui a lancé des plaintes contre Ralph Lauren, Carolina Herrera, Zara ou Shein.

Grâce à la campagne et aux tenues des candidats, Alfonso Giron voit arriver de nouvelles clientes dans sa boutique du centre de Mexico.

"Elles disent: +écoutez, j'ai vu à la télévision que la candidate portait ce vêtement, et je suis en train de le chercher", dit ce commerçant originaire du Chiapas.

Mais, chaque huipil est "unique", affirme-t-il.(AFP)

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