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Mode durable : peau de saumon et feuilles d'ananas pour des matériaux de luxe responsables

By AFP

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Paris - Des écailles de saumons remplacent les peaux de croco, des feuilles d'ananas servent à produire de nouveaux tissus, le coton est entièrement traçable : dans le secteur du textile, les innovations ne manquent pas pour une consommation responsable devenue réalité.

« Les produits de mode écoresponsable s'imposent », assure une étude réalisée avant la tenue de Première Vision, le salon de la filière mode qui réunit les 17-19 septembre à Villepinte, au nord de Paris, 2 055 exposants - filateurs, tisseurs, tanneurs. Près de 60 000 visiteurs internationaux sont attendus. Près de la moitié des consommateurs européens ont acheté des produits de mode responsable en 2019, une consommation qui s'établit à 45,8 pour cent pour le marché français.

Dans l'Hexagone, les consommateurs y ont consacré 370 euros en moyenne, soit la moitié du budget moyen habillement et chaussures en France, selon cette étude réalisée par la Chaire IFM (Institut français de Mode) et Première Vision auprès de plus de 5 000 consommateurs en France, en Allemagne, en Italie et les Etats-Unis.

« Dans les critères qui sont importants pour le consommateur, il y a la protection de l'environnement, un résultat qui n'était pas forcément prévisible », explique à l'AFP Gildas Minvielle, directeur des études à l'IFM. « Les consommateurs ont aussi compris que le vêtement c'est une matière, qu'il faut qu'elle respecte un certain nombre de critères et qu'elle soit elle-même écoresponsable », ajoute-t-il.

Si cette nouvelle habitude de consommation s'installe, la mode est pourtant à la traîne par rapport à l'alimentation et aux cosmétiques organiques. « Le consommateur est perdu dans une profusion de labels et manque de clarté. Il a aussi une crainte de greenwashing », souligne Chantal Malingrey, responsable du pôle développement durable de Première Vision.

Tissus à base de résidus d'agroalimetaire

« De plus en plus, on a des matériaux qui sont issus de résidus d'une autre industrie, énormément proviennent de l'agroalimentaire », remarque Marina Coutelan, en charge de la mode écoresponsable au sein de Première Vision. « C'est vraiment l'avenir ! »

Circular Systems, basé à Los Angeles, propose ainsi des tissus ayant l'aspect de coton classique mais fabriqués à partir de fibre extraite de feuille d'ananas mélangée à de l'écorce de bananier et de l'huile de chanvre.

Même principe pour Ictyos-Cuir marin de France, installé à Lyon, qui revalorise la peau du saumon et de l'esturgeon tannée sans chrome. « Des écailles de poisson deviennent ainsi une belle alternative à la peau de crocodile. Cela peut complètement remplacer les peaux exotiques », commente Mme Coutelan.

Façon de produire

L'entreprise grecque Varvaressos constitue un exemple de l'importance du suivi de toute la chaîne de production du coton, car, chez Varvaressos, « entre les champs de coton et la filature locale il y a seulement 190 km ».

« Généralement quand une marque de mode achète un tissu, on arrive à savoir que le tissu a été fait en Italie par exemple, le fil vient de Turquie, mais remonter un cran au-dessus c'est toujours très compliqué », raconte Mme Coutelan.

« Parfois, le coton peut pousser en Chine, être filé en Inde, tissé en Turquie pour après partir en production au Bangladesh pour être vendu en produit fini aux Etats-Unis. Cela fait qu'on a des impacts catastrophiques en terme d'émissions de CO2 », ajoute-t-elle.

Plusieurs initiatives du secteur visent par ailleurs à défendre le cuir et la laine, en expliquant les méthodes de fabrication, face aux critiques qui peuvent pousser certaines maisons à arrêter l'utilisation de ces matières.

Il est important pour les marques et le consommateur de savoir d'où viennent les peaux et comment sont traités les animaux.

« Le problème ce n'est pas le cuir ou la laine mais la façon dont sont produits ces éléments. Quand on sait comment sont élevés les moutons, comment on les tond, cela rassure », souligne Marina Coutelan.

Le groupe ID Factory permet de tracer l'ensemble du cycle de la production du cuir.

« En fait, les moutons ont besoin d'être tondus, et si on arrête le cuir, il va falloir brûler les peaux des 300 millions de tonnes de viandes qui sont mangées. Cela va être la catastrophe en terme de CO2 ! », avertit Mme Coutelan. (AFP)

Photo : Unsplash

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