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Mode et fourrure en France : où en est t-on ?

By Céline Vautard

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Face à l’opposition croissante du grand public à la fourrure, de plus en plus de marques la retirent de leurs collections. Dernier en date, Olivier Rousteing, directeur artistique de Balmain, a annoncé mettre fin à son utilisation. La France est-elle en retard par rapport à ses voisins européens sur le sujet ?

Selon un sondage Ifop mené en février 2019, 91 pour cent des Français se déclarent opposés au commerce de la fourrure. Si aujourd’hui encore celle-ci fait encore rêver de nombreuses consommatrices qui affirment qu’elle est chaude, magnifique et fait partie des matières les plus durables sur terre, sur les podiums, la question semble avoir atteint un point de non retour avec le retrait de la fourrure des collections.

Des créateurs militants ?

Cet engagement nouveau pour la planète mode fait surtout écho à l’opposition croissante du grand public à la fourrure et aux pratiques cruelles qu’elle engendre : l’enfermement et le gazage, l’électrocution ou le matraquage à mort d’animaux dans les élevages, ainsi que le trappage dans la nature d’animaux sauvages, pris au piège dans des mâchoires d’acier. Beaucoup d’entre eux meurent lentement d’hémorragie, une méthode qui est notamment employée pour trapper les coyotes qui continuent de garnir les cols des parkas de la marque Canada Goose. D’ailleurs, la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis a tout récemment appris à PETA États-Unis que suite à une plainte de la part de l'association portant sur les pratiques publicitaires de Canada Goose, celle-ci a cessé de prétendre que ses standards « assurent » que ses fournisseurs ne maltraitent pas les animaux. Au cœur du processus de création, la traçabilité n'est de fait pas toujours possible.

Images et vidéos choc, pétitions, manifestations de Peta, autant d’électrochocs qui depuis environ trois ans ont engendré un raz-de-marée an faveur de la protection des animaux au sein de l’industrie de la mode. Ainsi, Burberry, Chanel, Gucci, Versace, Maison Margiela ou encore Giorgio Armani, entre autres, assurent avoir cessé d'utiliser la fourrure.

Des shows très fourrure

Nouveau venu à se joindre à cette longue liste, Olivier Rousteing, directeur artistique de Balmain, a récemment annoncé dans Vogue avoir mis fin à l’utilisation de fourrure animale. «J'ai pris cette décision il y a environ un an et demi. J'ai vu tellement de documentaires et que j’en suis arrivé au point où je ne peux plus faire comme si je ne savais pas. À présent, les fournisseurs s’efforcent de faire en sorte que la fausse fourrure ressemble à une vraie fourrure, et c’est déjà assez fou ce qu’ils peuvent créer » a t-il déclaré. Une décision aussitôt saluée par Peta.

Pour autant, en France, les grandes marques de luxe ayant pris position sur ce sujet sont encore peu nombreuses. Synonyme de luxe, de savoir-faire et d’artisanat, à Paris, la fourrure était encore très présente sur les podiums dans les collections Automne/Hiver 2019. Parmi les marques qui ont utilisé de la fourrure figurent ainsi : Chanel, Dior, Guy Laroche, Hermès, Isabel Marant, Lanvin, Leonard Paris, Louis Vuitton ou encore Saint Laurent (selon la liste communiquée par le Centre National d'Information sur la Fourrure).

Une filière française importante

Côté élevage, pas évident d’avoir de véritables chiffres. « En France, il subsiste une dizaine d'élevages de visons ainsi que 25 élevages de lapins à fourrure », confirme Peta France. Quant à « certaines fourrures, comme le lapin ou l'agneau, elles proviennent directement des animaux consommés pour leur viande », rappelle le site de la Fourrure Française.

Tournée vers l’industrie du luxe et portée par les maisons de haute couture dans l’hexagone, la filière française de la fourrure reste importante et aurait rapporté « 300 millions d'euros de chiffre d'affaires, un chiffre qui reste plutôt stable », selon Pierre-Philippe Frieh, porte-parole de la Fédération Française des Métiers de la Fourrure (FFMF), contacté par BFMTV.com en avril 2019. « L'exportation seule représente 100 millions d'euros, un chiffre en constante augmentation depuis 5 ans », poursuit celui-ci. Si la France n’est pas un gros producteur de fourrure dans le monde, elle reste cependant un pays phare dans le monde du luxe.

Et si notre pays, suivant l'exemple de l'Autriche, de la Belgique, de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la République de Macédoine, du Royaume-Uni, de la Suisse, de la Serbie et de la Slovénie, en finissait avec la production de fourrure ? Le message pour le monde de la mode serait sans doute très impactant.

Reste la question de la fausse fourrure. Est-elle une alternative durable ? Issue de la pétrochimie, celle-ci reste très polluante et pose déjà de gros problèmes de biodégradabilité. Et si tout simplement on bannissait l’idée même de porter de la fourrure sous quelque forme que ce soit ?

Photos : Silhouette Lanvin, collection A-H 2019 (site internet) - Campagne de communication “Wearefur“, Fur Now 2019.

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