Mode régénératrice : Arizona Muse et Dana Thomas sur l'urgence d'un nouveau modèle

L’industrie de la mode doit bouleverser son système de valeurs au profit de la « slow fashion » et d’une approche régénératrice si elle veut changer la donne. Voilà les propos d’Arizona Muse, top model et consultante en développement durable au cours d’une conférence donnée au salon Pure London ce lundi.

Le mannequin, qui est apparu dans des campagnes pour les marques de luxe Chanel, Dior, Louis Vuitton ou Prada, a déclaré que son cheminement personnel en matière de développement durable a commencé lorsqu’elle s’est intéressée à la provenance des habits qu’on lui demandait de porter.

«Toutes les informations que j’obtenais me renvoyaient toujours à la culture de la terre. Je n’avais jamais vraiment envisagé que mes vêtements puissent avoir un lien avec l’agriculture », a-t-elle déclaré.

Depuis, Muse a fondé Dirt, une organisation qui soutient et fait la promotion de l’agriculture biodynamique et part à la rencontre des marques afin de financer des initiatives régénératrices pour préserver nos sols.

«La régénération est la clé, et c’est le défi qui m’anime aujourd’hui. Le développement durable signifie en premier lieu d’entretenir nos ressources pour les préserver. Nous ne pouvons plus nous permettre de conserver les mêmes pratiques mises en place depuis des décennies », a-t-elle déclaré.

«La régénération des sols est l’un des objectifs majeurs à atteindre pour lutter contre le réchauffement climatique », a-t-elle continué.

Selon Arizona Muse, nous devons nous intéresser aux communautés indigènes et à leurs pratiques pour comprendre comment avancer dans le bon sens.

«C’est en écoutant des conférences ou en lisant des livres écrits par des personnes indigènes que je me suis intéressée de manière beaucoup plus consciente à la régénération », a-t-elle ajouté.

Mode biodégradable

Une des manières de promouvoir une approche régénératrice dans l’industrie de la mode serait que les marques s’engagent à créer davantage de produits compostables, afin qu’une fois jetés, ils puissent nourrir le sol plutôt que le dégrader. Arizona Muse s’entretenait ce lundi avec Dana Thomas, l’auteur de « Fashionopolis », un livre qui mène l’enquête sur les dommages infligés à l’environnement par l’industrie textile, ainsi que les efforts produits pour les réduire.

Dana Thomas, également rédactrice pour le magazine Vogue, spécialisée dans le développement durable à l’échelle européenne, a fait remarquer que de nombreuses tribus amérindiennes prennent leurs décisions en groupe et en réfléchissant aux impacts possibles sur les sept générations à venir.

«Nous devons penser sur le long terme quelque soient les décisions que nous prenons, non seulement dans le domaine de la mode, mais dans la vie en général », a-t-elle déclaré. « Tous les produits que nous créons aujourd’hui doivent pouvoir durer dans le temps, que ce soit par la transformation en de nouveaux produits (recyclage) ou par le biais d’une dégradation favorable pour nos sols ».

L’industrie de la mode a longtemps été le principal coupable en matière de dégradation de l’environnement, et c’est d’autant plus vrai depuis l’avènement de la fast fashion.

Cette conférence sur le développement durable s’est tenue dans un climat caniculaire à Londres (ainsi qu’un peu partout en Europe), un rappel inquiétant de l’urgence climatique.

Les températures dans certaines zones de l’Angleterre ont dépassé les 38 degrés Celsius ce lundi et devraient encore augmenter pendant la semaine.

Il s’agissait là de la première édition physique du salon Pure London depuis le début de la pandémie. L’événement s’est tenu du dimanche 17 au mardi 19 juillet à l’Olympic London.

Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.com. Il a été traduit et édité en français par Maxime Der Nahabédian.