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Ne tirons pas sur la mode, ayons confiance en l'avenir

By Pascal Martinez-Maxima

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Mode

On se souvient de l'article de Lidewij Edelkoort (2015), qui s'en prenait à l'univers de la mode, non sans aigreur, mais faisant preuve d'une certaine lucidité. Dans la même idée, l'article récent de Maureen Callahan, "Fashion is dead and there’s no coming back" - New York Post (le 20 janvier 2018), nous donne à réfléchir. La journaliste prétend que l'industrie et les magazines de mode, qui ont longtemps véhiculé la représentation du look "must have" auprès des consommateurs, sont en train de mourir, ainsi que les commerces de vente au détail.

Pour asseoir son propos, Maureen Callahan cite Alexander Wang, qui vient de rejoindre le giron de Tommy Hilfiger, le duo Proenza Schouler, les sœurs Rodarte, Joseph Altuzarra et Thom Browne qui ne défileront pas à New York en février 2018. Elle mentionne également le puissant Tom Ford qui avait laissé supposer qu'il exerçait une profession inutile quand il s'est dirigé vers le cinéma :

La majeure partie de la population américaine est déconnectée de la mode

Tom Ford - Hollywood Reporter (2016)

C'est devenu un sport de spectateur pour la plupart

Tom Ford - Hollywood Reporter (2016)

Le problème, c'est qu'avec Tom Ford, on ne sait plus sur quel pied danser. Le créateur s'en prend régulièrement au système des défilés, d'autre fois il en joue avec adresse. Ainsi, le site Internet français du magazine Vogue nous apprenait le 23 janvier 2018 qu'un créneau horaire existait dans le calendrier des défilés newyorkais et que Tom Ford avait sauté sur l'occasion afin de présenter pour la première fois sa collection homme automne-hiver 2018-2019, lui permettant ainsi de marquer l'actualité de la semaine américaine.

Le digital pourrait nous permettre d'innover

Revenons à Maureen Callahan... D'après elle, le milieu de la mode n'a jamais semblé plus ridicule ou hors de propos. Elle le compare avec Hollywood, qui peine à dépasser le séisme causé par l'affaire Weinstein. Elle établit le parallèle mentionnant les allégations portées par des hommes ex-mannequins à l'encontre des photographes Mario Testino et Bruce Weber. Mais il semblerait que la mode ferme les yeux sur ces affaires pour l'instant. Est-ce par crainte du sensationnalisme, que la mode déteste en dehors des podiums ? Serait-ce à cause de la nature de rumeurs émanant exclusivement d'hommes avec des hommes ? A moins que ces déclarations ne relèvent du secret de polichinelle pour quiconque évoluant dans cette industrie ?... Les affaires sont en cours.

Dans le même article, Maureen Callahan explore ensuite le retail. Elle pense qu'il serait en train de mourir à cause du e-commerce et de la préférence des internautes pour le retour d'expérience (les avis en ligne). Cela pose des questions. Certes, Amazon vient d'amplifier une inquiétude certaine en annonçant le 22 janvier 2018 l'ouverture de sa première supérette "intelligente", dans laquelle le client n’a plus besoin de passer en caisse… mais peut-on pour autant penser qu'un consommateur n'ait plus besoin d'accueil et d'écoute ? Cela se révèle pourtant primordial dès qu'il s'agit de la recherche spécifique d'un produit par rapport à un budget ou de conseils en termes de style ou de morphologie. Le service constitue sans doute un des points d'amélioration possible dans la vente, en tout cas en Europe. De même, l'émergence du "phygital", contraction de "physique" et de "digital", donne naissance à des espaces de vente, à mi-chemin entre showroom et magasin, lieu où le client peut venir approfondir l'expérience qu'il a eu en ligne au préalable. Sur place, il est possible de visualiser, de toucher et peut-être même de "tester" les produits en les essayant.

Ne soyons pas aussi pessimiste que notre consœur américaine. A l'image des autres industries, le secteur de la mode, qu'il s'agit de luxe ou de retail, rencontre une période de profonde mutation. S'il est un des domaines où le secteur peut faire preuve d'innovation et aller dans le sens de la technologie, c'est bien la créativité. Misons sur les créateurs d'aujourd'hui et de demain. Parions sur les élèves des écoles de mode, de commerce, d'ingénieurs… les scientifiques aussi, qui participent à la recherche de nouveaux matériaux, plus propres, plus intelligents. Quand on aime la mode, on peut croire volontiers que celle-ci possède encore tant de futures émotions à nous livrer.

Photos: avec la courtoisie de Trendstop

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